Combien et à qui doit-on donner son maaser ? Peut-on l’accumuler pour acheter un séfer Torah ?

 

Chalom,

J’ai quelques question concernant le maasser…

  1. Combien doit-on donner ?
    10% des revenus nets ou après impôts ou après dépenses de la maison ?
  2. A qui doit-on donner ?
    Forcement aux pauvres, ou également aux synagogues ou autres œuvres (soldats, maguen david adom, mishtara, organisation de bar-mitsva/mariage aux démunis) ?Dans ce même esprit, peut-on accumuler le Maasser plusieurs années et acheter par exemple un Sefer Torah ?

Merci

Réponse du Rav Ron Chaya : 

Chalom Fred,

  1. Comment calcule-t-on le maasser que l’on doit donner ?
    Le principe est qu’on ne donne le maasser que d’une somme gagnée après qu’on en ait soustrait les dépenses nécessaires sans lesquelles on n’aurait pas pu gagner cet argent.

    • Voici quelques lignes générales de dépenses qu’on peut ou pas soustraire de la somme gagnée :
      • On ne pourra pas soustraire de la somme gagnée les dépense qu’on fait pour manger, boire, s’habiller etc. ; seule une personne dont la parnassa est très difficile pourra le faire.
      • On inclura dans ces dépenses les sommes que l’on paye pour réparer des ustensiles ou des meubles qui se cassent dans la maison.
      • Une femme qui travaille, et pour cela met ses enfants dans une crèche, ne pourra soustraire de la somme gagnée le paiement de la crèche qu’à condition que, si elle ne travaillait pas, elle n’aurait pas envoyé ses enfants à la crèche (elle le fait uniquement parce qu’elle ne peut pas s’occuper de ses enfants, devant aller travailler).
      • Idem pour le paiement d’une femme de ménage, si de toute façon on aurait amené une femme de ménage pour nettoyer la maison, on ne pourra pas soustraire son paiement de la somme gagnée, mais si on le fait parce qu’on va travailler, et que si on ne travaillait pas, on n’aurait pas embauché une femme de ménage, on pourra soustraire le paiement de la femme de ménage de la somme gagnée.
      • Les impôts que l’on paye à la mairie ne peuvent pas être déduits de la somme gagnée, à moins que la personne ait une parnassa très difficile.
      • Les frais de locomotion pour aller et revenir de son lieu de travail peuvent être déduits de la somme gagnée.
      • Toutes les dépenses nécessaires pour le travail, telles que l’essence pour la voiture, le papier, le téléphone, les charges, l’ameublement, la location de l’endroit, les impôts de la location de l’endroit, etc. seront déduits de la somme gagnée.
        • Ce sera le cas aussi pour les frais d’hôtels et de consommation lors de voyages faits pour le travail.
        • Ce sera le cas aussi si on a acheté une voiture de service pour le travail, à condition bien sûr qu’on n’exagère pas dans son prix.
          • Si on avait de toute façon acheté une voiture, même sans la nécessité de l’avoir pour le travail, on ne peut pas la déduire de la somme gagnée.
      • On peut déduire de la somme gagnée les assurances qu’on fait pour le travail, mais pas, par exemple, une assurance vie, ou l’assurance maison.
      • L’impôt sur la plus-value (en hébreu, mass hakhnassa) peut être déduit de la somme gagnée, mais, quand il est restitué, on devra en déduire le maasser.
  2. A qui donne-t-on le maasser ?

On procédera d’après l’ordre de priorité suivant :

  1. En premier, on donnera l’argent de tsédaka pour pidione chevouïm, c’est-à-dire libérer des prisonniers, on inclut dans ce cadre tous les cas où on sauve quelqu’un d’un danger physique.
  2. Ensuite, nourrir des gens qui ont faim, et aider des pauvres malades, dans ce cadre on inclura aussi la visite aux malades (bikour ‘holim) et l’invitation de personnes pauvres à manger (akhnassat or’him aniim).
  3. Ensuite, marier des personnes pauvres, dans ce cadre on donnera aussi la priorité à des ‘hatanim ou kalote orphelins.
    A ce titre, une personne que les parents ne peuvent pas aider pour le mariage est considérée comme orpheline.
  4. Ensuite, on donne priorité à des jeunes gens qui étudient la Torah.AgavDans le cadre de ces dépenses seront comptés les frais d’un beth midrash, tels que l’électricité, le chauffage, ou la nourriture pour ses étudiants.

On tâchera de donner la majorité de l’argent du maasser, ou en tout cas plus de la moitié, à des étudiants de Torah, car à la base le maasser a été institué pour aider les Cohanim et les Leviim à s’investir dans l’étude de la Torah.
Néanmoins, des personnes pauvres ayant un lien de parenté avec nous auront la priorité sur les étudiants de Torah.
On donnera la priorité à un Talmud Torah pour les enfants plutôt qu’un établissement dans lequel étudient des personnes adultes.

Si on a le choix de donner de l’argent de tsédaka à l’étude de la Torah ou à des pauvres avec lesquels on n’a pas de lien de parenté ou des pauvres qui n’ont pas faim, on donnera de façon prioritaire à l’étude de la Torah.

La construction d’un établissement dans lequel on étudie la Torah est plus importante que la construction d’une synagogue.
Celui qui veut faire le don de la construction d’un bâtiment pour une Yéchiva donnera la priorité à une Yéchiva qui existe déjà et qui fonctionne bien, plutôt que de construire un bâtiment pour une Yéchiva qui n’existe pas encore, à propos de laquelle on n’est pas certain qu’elle réussira à bien fonctionner.

Entre un mikvé et un établissement dans lequel on étudie la Torah, s’il y a un mikvé déjà existant dans la région, même éloigné d’une distance qui pourrait repousser la date du mikvé d’un ou deux jours, et s’il n’y a pas de danger de avéra, c’est-à-dire de relation nida dû à l’éloignement de ce mikvé, on donnera priorité au Talmud Torah, sinon on donnera priorité au mikvé.

Si on a le choix entre une synagogue et des pauvres, s’il n’y a pas de synagogue et qu’on donne aux pauvres pour faciliter leur situation (celle-ci n’étant pas trop difficile), on donnera priorité à la construction de la synagogue.
Par contre, s’il y a déjà une synagogue et qu’on veut en construire une deuxième, ou élargir la première, ou la décorer, et que les pauvres sont dans des conditions difficiles, on donnera priorité aux pauvres.

L’argent qu’on a prélevé pour le maasser appartient à ceux qui en ont besoin tels que les pauvres ou les étudiants de Torah, dans cette mesure, on n’a pas le droit de l’accumuler pour acheter, par exemple, un sefer Torah.
C’est uniquement dans le cas (actuellement extrêmement hypothétique) où il n’y a pas de personne qui ait besoin du maasser, qu’on pourra l’accumuler jusqu’à ce qu’on ait l’occasion de le donner.

On ne pourra pas utiliser le maasser pour payer une mitsva qu’on est, de toute façon, obligé de faire, telle que se payer des tephillin, talith, mézouza, soucca, le vin pour le kidouch et la havdala, matsot de Pessa’h etc.
Mais une personne dont la situation est très difficile pourra utiliser l’argent du maasser à ces fins en posant la condition au préalable qu’elle peut utiliser l’argent du maasser à ces fins, et uniquement si elle n’a pas d’autres moyens de réaliser ces mitsvot si ce n’est en les payant avec l’argent du maasser.
Néanmoins, on a le droit de payer avec l’argent du maasser la différence de prix qu’il y a par exemple entre une étude de mauvaise qualité bon marché et une étude de bonne qualité plus chère.

On ne pourra pas payer les kaparotes des jours de pénitence ainsi que les matanotes laéviyonim de Pourim avec l’argent du maasser.
Par contre, on pourra payer le kimkha piss’ha avec l’argent du maasser.

Quelqu’un qui a posé la condition que s’il transgressait un interdit il paierait une amende à la tsédaka ne peut pas payer cette amende avec l’argent du maasser.
Idem s’il fait un tikoun (une action de réparation pour des fautes commises), par exemple un jeûne dans lequel il donne de l’argent en tsédaka, il ne pourra pas payer cet argent de la tsédaka à partir de l’argent du maasser.

On peut donner de l’argent du maasser à des établissements qui font du kirouv ré’hokim, qui rapprochent les juifs de la Torah.

Si quelqu’un veut acheter des tephillin à son fils, il ne pourra pas les payer avec l’argent du maasser, néanmoins, si sa situation économique est difficile, il pourra payer le hidour, c’est-à-dire la différence qu’il y a entre une paire de tephillin standard et une paire de tephillin de très bonne qualité, avec l’argent du maasser.

On pourra payer un billet d’avion avec l’argent du maasser pour aller en Israël en voyage d’étude, pour projeter une alya.
Mais on ne pourra pas payer les frais d’hôtel et de consommation avec l’argent du maasser.

On pourra aider des pauvres à acheter une tombe, mais on ne pourra pas payer avec l’argent du maasser sa propre tombe, ou celle de sa femme, ou celle de ses parents.

On pourra donner de l’argent à des organisations qui sauvent des vies, ou qui sauvent des embryons, ou à des organisations qui aident des malades.

On pourra utiliser l’argent du maasser pour ne pas transgresser un péché.
Par exemple, si quelqu’un sait qu’en prenant le bus il sera obligé de voir des femmes mal habillées, il peut payer avec le maasser le prix du taxi.

On ne peut pas payer avec l’argent du maasser les frais d’écolage de ses enfants, mais si on a le choix entre une bonne école et une moins bonne école, on peut payer avec le maasser la différence de prix qu’il y a entre les deux.

Quelqu’un dont la situation économique est difficile pourra payer avec l’argent du maasser l’écolage de ses enfants.

On peut payer avec le maasser un professeur privé qu’on embauche en plus des études normales.

On peut payer avec l’argent du maasser l’écolage d’une yéchiva, il sera néanmoins mieux de poser auparavant la condition et dire qu’on se réserve le droit de payer l’écolage de la yéchiva avec l’argent du maasser.

  • On n’a pas le droit d’acheter ou d’écrire un sefer Torah avec l’argent du maasser, à moins qu’il n’y ait pas de sefer Torah dans lequel le public puisse lire, et dans ce cas-là c’est une mitsva publique pour laquelle on peut utiliser l’argent du maasser.

Quelqu’un qui a déjà écrit un sefer Torah pourra écrire un deuxième avec l’argent du maasser.

On peut acheter une montée à la Torah ainsi que pti’hat haaron, hagbaa, guelila… avec l’argent du maasser si on a posé la condition au préalable qu’on pourrait utiliser cet argent à cette fin.

On pourra utiliser l’argent du maasser pour organiser des bar mitsva ou des mariages à des démunis.

On pourra utiliser l’argent du maasser afin qu’un pauvre apprenne un métier.

On pourra utiliser l’argent du maasser pour financer l’édition d’un livre de Torah dont le public a besoin.

Au revoir,
Rav Ron Chaya

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Référence Leava : 5332
Date de création : 2009-03-03 12:03:32