Par rapport au maasser, je trouve la notion de pauvre subjective. Comment définir qui est pauvre de celui qui ne l’est pas ?

 

Bonjour RAV CHAYA,

Concernant votre cours sur le maasser et tsedaka, la notion de « pauvre  » est assez subjective selon moi, ainsi une amie dont la famille est aisée mais qui est laissée pour compte par cette dernière et qui n’a pas de travail ni de ressources extérieur est-elle « pauvre » et doit elle recevoir le maasser; et ce comparativement un  » véritable démuni  » delaissé par la société et à la limite de l’acceptable ?

De plus, si la famille proche n’est pas pauvre mais est dans le besoin tout en vivant très bien ne faut-il pas l’aider en priorité ? Comment hiérarchiser finalement ces priorités ? faut il faire une différence entre les juifs et les goyims ?

Merci de votre réponse et pour le plaisir que vous nous procurez..

PS
1-je vous trouve beaucoup d’humour ce qui rend les cours encore plus attirant …

2-par expérience le masser ça enrichit…
N’hésitez pas à l’expliquez à vos cours ça fera davantage de tsédaka..

 

 

Réponse du Rav Ron Chaya : 

Chalom Nessim,

Il est vrai que la notion de pauvre est subjective par certains aspects, mais elle a néanmoins quelques critères objectifs.
Ton amie, dont la famille était aisée mais qui était laissée pour compte, a un statut de pauvre à tout égard.
Effectivement, peu importe quelle est la condition financière de sa famille, l’important étant de regarder quelle est la condition de cette fille en particulier.

Il est vrai qu’il y a une mitsva d’aider la famille proche avant les autres comme il est écrit :

« Mibessarekha lo tit’alam »,
« Tu n’ignoreras pas ta propre chair ».

Néanmoins, au niveau du maasser, le critère est le suivant :

Il faut déterminer si on aurait été prêt à aider une personne qui n’est pas de notre famille si elle vivait comme la personne de sa famille dont tu parles, c’est-à-dire qu’elle est dans le besoin tout en vivant bien.
Si on aurait été prêt à aider une personne étrangère vivant de cette façon, on pourra alors aider une personne dans ce cas de notre famille.
Sinon, on devra l’aider à cause de l’obligation de ne pas ignorer sa propre chair, mais on ne pourra néanmoins pas utiliser l’argent du maasser à cette fin, car le masser est destiné aux pauvres et aux étudiants en Torah.

Parmi les personnes pauvres, il y aura bien sûr une hiérarchie prioritaire :

  1. Lui et sa femme, c’est-à-dire qu’il n’est pas obligé de donner la tsédaka tant qu’il n’a pas de quoi subvenir à ses propres besoins et à ceux de sa femme.
    Néanmoins, il sera bien qu’il prélève le maasser de l’argent qu’il gagne et qu’il le prenne pour lui-même.
  2. Son père et sa mère.
    Pour plus de détails à ce sujetconsulte ce lien.
  3. Son Rav et sa femme.
  4. Ses descendants qui ont plus de 6 ans ou l’âge de la majorité religieuse (il y a une divergence d’opinion à ce propos) et on ne pourra leur donner l’argent du maasser que pour des choses qu’on n’aurait pas donné de toute façon.
    Néanmoins, il y a une mesure de piété de ne pas donner l’argent du maasser à ses enfants mais à des pauvres qui ne sont pas de la famille, et subvenir aux besoins de ses enfants avec de l’argent qui ne provient pas du maasser.
  5. Ses grands-parents.
  6. Ses beaux-parents.
  7. Ses frères et sœurs.
  8. Le reste de ses proches d’après la priorité d’héritage.
    Ces proches, même les cousins, passe avant un Talmid ‘Hakham même s’ils habitent dans une autre ville.
  9. Les proches de sa femme.
    Dans tous les cas susmentionnés, on fera attention à laisser une partie du maasser à des pauvres qui ne font pas partie des proches de notre famille.
    De plus, quelqu’un un peu aisé aurait une mesure de piété de ne pas aider ses proches avec l’argent du maasser mais avec le reste de son argent.
  10. Ses voisins.
  11. Les gens de sa ville.
    Il existe une divergence d’opinion pour savoir si hors d’Israël on donne la priorité aux pauvres de sa ville (hors d’Israël) ou aux pauvres d’Israël.Un troisième avis considère qu’on ne donne la priorité aux pauvres d’Israël que lorsqu’il y a un envoyé d’Israël qui se trouve dans la ville dans laquelle nous habitons (à l’étranger) mais pas si on doit envoyer l’argent jusqu’en Israël.
  12. Entre un Talmid ‘Hakham qui habite à l’étranger et un pauvre qui n’est pas Talmid ‘Hakham qui habite en Israël, le Talmid ‘Hakham de l’étranger est prioritaire.
  13. Le Cohen.
  14. Le Lévy.
  15. Le Israël
  16. Le mamzer.
  • Une personne dans la misère est prioritaire par rapport à une personne pauvre.
  • Un malade a la priorité par rapport à une personne en bonne santé.
  • Un vieillard est prioritaire par rapport à une personne relativement jeune.
  • Un aveugle est prioritaire par rapport à une personne qui n’a pas d’enfants.

Si on a le choix entre des proches qui sont nécessiteux mais qui ont de quoi manger, et des pauvres qui ne sont pas des proches qui n’ont pas de quoi manger, nos proches ont la priorité.
Néanmoins, si les pauvres qui ne sont pas nos proches sont en situation de danger de mort, il est clair qu’ils ont la priorité par rapport à nos proches.

  • Si on a le choix entre un proche riche qui demande un prêt pour faire des affaires, et un pauvre qui n’est pas un proche qui demande un prêt pour survivre, on donnera la priorité au pauvre même s’il n’est pas en situation de danger de mort.
  • Entre un Talmid ‘Hakham, même mamzer, et un Cohen gadol ignare, le Talmid ‘Hakham est prioritaire.
    Plus une personne est grande en Torah, plus elle a la priorité sur son prochain.
    Néanmoins, si un Talmid ‘Hakham est notre Rav ou notre père, il a la priorité par rapport à des Talmidé ‘Hakhamim plus grands que lui.
  • La femme d’un Talmid ‘Hakham a le statut d’un Talmid ‘Hakham.
  • La fille d’un Talmid ‘Hakham a la priorité par rapport à la fille d’un homme qui n’est pas Talmid ‘Hakham.

Tous les cas de priorité de Talmid ‘Hakham ne sont valables que dans les cas où lui et une autre personne se présentent les 2 en même temps en face de nous.
Mais si un ignare vient en premier, on pourra lui donner immédiatement même si par la suite on n’a plus de quoi donner au Talmid ‘Hakham.

  • Un Talmid ‘Hakham a la priorité sur quelqu’un qui fait beaucoup de grandes mitsvot mais qui n’est pas Talmid ‘Hakham.
  • Un ignare yéré Chamaïm aura la priorité sur un Talmid ‘Hakham qui n’est pas yéré Chamaïm.

Je rappelle :

Bien qu’un ordre de priorité soit établi, on fera en sorte de ne pas donner toute sa tsédaka à un pauvre ou à un proche, la meilleure chose à faire est de donner la moitié de sa tsédaka à ses proches et l’autre moitié aux autres pauvres.
Néanmoins, si un proche est dans une situation très difficile, on pourra lui donner tout notre maasser
(Pit’hé techouva, chapitre 249 alinéa 2 au nom du ‘Hatam Sofer).

Au revoir,
Rav Ron Chaya

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Référence Leava : 14433
Date de création : 2011-09-01 21:09:41