En donnant plus que 20% de maasser, ai-je fait un issour ? Et les dons déductibles des impôts, doivent ils être pris à la hauteur de la valeur payée ou de la valeur retenue par l’administration fiscale ?

 

Réaction à Combien et à qui doit-on donner son maasser ? Peut-on l’accumuler pour acheter un Séfer Torah ?

bonjour Rav

J’ai toujours un peu de mal et surtout peu de temps pour me livrer au calcul du maasser.

Pour ne citer que cette subtilité :
En France, la plupart des dons que l’on fait sont déductibles des impôts et du coup je ne sais pas comment cela entre en ligne de compte.

Bref !
Je fais un calcul à la louche en essayant de ne jamais pénaliser le maasser quitte à me pénaliser.
Je précise que je ne roule pas sur l’or (2000 euros net pour une famille de 3), mais Baroukh Hachem nous ne sommes pas matérialistes alors on s’en sort.

Cette année je ne sais pas comment j’ai (mal) fait mon calcul mais je suis arrivé à 32% sur le revenu et sur le brut en plus.
Je me suis dit que mieux vaut trop que moins mais j’ai lu que s’était quasiment assour de dépasser 20% …. (אל יבזבז יותר מחומש) car c’est se mettre en danger de pauvreté.

Cela me laisse perplexe et un peu angoissé :
En donnant j’ai fait un issour ?….
-> Qu’en est il précisément ?

PS :
Pour les dons déductibles des impôts :
Doivent ils être pris à la hauteur de la valeur payée ou de la valeur retenue par l’administration fiscale ?

Réponse du Rav Ron Chaya : 

Chalom,

Voici les réponses à vos questions :

  1. Vous n’avez pas fait d’interdit en donnant plus que 20% de vos revenus à la Tsedaka (‘Homèch).
    • Bien qu’il soit écrit dans la Guémara Ketoubot (page 50a) qu’il ne faut pas agir de la sorte afin de ne pas devenir soi-même pauvre et ainsi devoir demander l’aumône, néanmoins, le Choul’han Aroukh (Yoré Déa, chapitre 249) n’a pas tranché ainsi.
      • En effet, il écrit qu’il est permis de donner plus de 20% de ses revenus à la Tsedaka.
        • Il est vrai que le Réma, c’est-à-dire le Choul’han Aroukh des Ashkénazim, l’interdit, mais si vous n’êtes pas Ashkénaze, vous n’avez aucun problème ;
          • et même si vous l’êtes, beaucoup de grands décisionnaires affirment que cela est permis :
            • Le ‘Hazon Ich a dit au Steïpeler (le Rav Yaacov Israël Kanievsky Zatsal, père du grand de notre génération, le Rav ‘Haïm Kanievsky Chalita) qu’il donnait beaucoup plus que 20% de ses revenus à la Tsedaka.
      • Le Min’hat Yts’hak, tome 5, chapitre 34, permet à une personne de donner plus de 20% si elle en a les moyens.
      • Le livre Béora’h Tsedaka page 18 raconte qu’il a entendu l’histoire suivante par la personne concernée elle-même :
        • Le Rav Eliyachiv Zatsal a dit à cette dernière qu’elle pouvait donner plus de 20% de ses revenus, et que si on lui en faisait le reproche lorsqu’elle arrivera au Olam Haba, elle n’aurait qu’à dire que le Rav Eliyachiv Zatsal lui a dit d’agir ainsi.
          • Le Rav a ajouté qu’il était même prêt à prendre cet enfer sur lui.
    • De plus, il existe certains cas dans la Halakha où tout le monde s’accorde à dire qu’on peut donner plus de 20% de ses revenus à la Tsedaka :
      1. Pour sauver une vie, ou nourrir ou habiller des pauvres qui ne peuvent pas se le permettre.
      2. Pour sauver des gens emprisonnés.
      3. Si la personne est très riche.
      4. Une personne ayant des revenus fixes suffisants pour sa vie et un peu plus.
      5. Pour soutenir la Torah car on profite aussi de cela.
        • En effet, ce n’est pas simplement une Tsedaka puisqu’en retour, on reçoit la récompense de l’étude de Torah à laquelle on est associé et qu’on soutient.
      6. Une personne dilapidant de toute façon son argent pour des choses futiles et luxueuses.
      7. Une personne donnant de la Tsedaka pour réparer ses péchés.
      8. De l’argent reçu sans effort, par exemple par l’intermédiaire d’un héritage ou d’une trouvaille.
      9. Une personne sur le point de mourir.
  2. (PS) Les décisionnaires (voir Min’hat Yts’hak, tome 5 chapitre 34) écrivent que les dons déductibles des impôts doivent être pris à la hauteur de la valeur payée du don, et non de ce qui reste comme don après la déduction d’impôts par l’administration fiscale.
    • Ils en expliquent la raison en affirmant que c’est un don fait par l’Etat (de ne pas prendre le pourcentage d’impôts qui leur revient) pour encourager les gens à donner de la Tsedaka.

Au revoir,
Rav Ron Chaya

Référence Leava : 69023
Date de création : 2016-01-24 05:17:29