Bonjour Rav,
Comment les béné Israël ont-ils fait pour accepter la Torah étant donné qu’elle est pleine de difficultés ?
C’était plus facile de ne pas l’accepter et d’avoir une vie tranquille ?
- En quoi se rapprocher de D.ieu est bien ?
- Pourquoi serai-je obligé d’être un serviteur d’Hachem étant donné que je n’ai pas accepté la Torah de mon plein gré ?
Si nous avons accepter la Torah, alors pourquoi disons-nous qu’on est le peuple élu de D.ieu ?
Nous n’avons pas été élu car c’est nous qui avons accepté la Torah, d’autant plus que D.ieu a demandé à d’autres nations la Torah, donc nous ne pouvons pas dire que nous somme le peuple élu…
Merci
Réponse du Rav Ron Chaya :
Chalom,
Albert Camus a écrit un livre intitulé ”Le Mythe de Sisyphe”.
C’est un livre dans lequel il pose la question existentielle ”quel est le sens de ma vie ?”.
Il y explique qu’il a un besoin profond de “sens” c’est-à-dire de comprendre pour quelle raison il existe.
Il affirme qu’en connaissant la réponse à cette question, il serait au comble du bonheur parce qu’il pourrait dès lors entièrement se réaliser, ce qui est la source de bonheur maximale.
Or il écrit qu’il est dans l’incapacité totale de connaître ce “sens”.
C’est ainsi qu’il aboutit à la conclusion tragique :
- D’un côté ce besoin vital de sens ;
- et de l’autre l’impossibilité totale de le connaître.
Il conclue que dans ces conditions, mieux vaut se suicider…
Mais il préfère continuer à vivre comme Sisyphe, personnage de la mythologie grecque, condamné à rouler une lourde pierre jusqu’en haut d’une montagne et une fois arrivé en haut, elle dégringole de l’autre côté il doit recommencer sa tâche ainsi de suite, c’est-à-dire une vie lourde et pénible sans sens.
Il faut comprendre qu’il y a en nous deux parties :
- La première “animale”
C’est-à-dire le néfech - Et la seconde divine,
C’est-à-dire la néchama.
Albert Camus met en valeur son désir de sens et en cela c’est sa néchama qui parle.
Chaque être humain a besoin de donner un sens à sa vie et chacun s’est déjà posé la question de savoir : ”pourquoi je vis ?”.
C’est une question très importante car nous voyons que nous sommes l’être le plus perfectionné de la nature, dotés de grandes capacités, et tout cela a un but.
Et si nous ne le connaissons pas, forcement, on « se rate ».
Serait-ce possible que notre but ne soit juste que pour ce que tu appelles avoir une vie tranquille ?
(Celle du néfèch)
Dans ce cas-là il n’y avait pas besoin de me donner tant de conscience.
Pourquoi être dérangé par cette conscience qui sollicite un sens ?
Si j’étais inconscient, je serais beaucoup plus heureux.
Donc on ne peut pas dire que nous avons été créés uniquement pour satisfaire notre néfèch, car si c’était le cas, un chien ou un chat auraient été des créations bien plus réussies que nous.
Forcément, l’essentiel de notre être n’est pas la partie animale, mais bien notre conscience, celui dont je parle quand je dis « je pense ».
Ce « je » n’est pas un corps physique ; il a un corps physique, les buts de ce dernier sont :
- L’argent,
- Les femmes,
- Le moindre effort
- Et la jouissance.
Tout cela représente l’échelle de valeur du corps :
Un minimum de souffrance et un maximum de jouissance.
Mais nous ne sommes pas un corps, nous en avons un ; notre vrai « je » est la néchama, celle qui est sensible à la vérité et au sens de la vie.
Celui qui connaîtra ce sens vivra la plus grande jouissance possible.
Beaucoup d’êtres humains ont été prêts à mourir ou à subir des tortures pour un idéal, même si cela n’était pas la véritable vérité.
Cela signifie que cette néchama a un impact en nous bien plus grand que la « vie tranquille » du corps.
Ce qui est sûr, c’est que celui qui connaîtra le vrai sens de lui-même aura tout gagné car grâce à cela il pourra totalement se réaliser.
‘Am Israël a la Torah.
Nous pouvons prouver qu’elle est la seule Vérité ; l’appliquer, est le seul moyen de vivre la vie la plus jouissante qui soit, mais pas celle du corps, petite et insignifiante, mais de notre vrai nous-même qui aura un impact infini.
Un beau jour le corps disparaît et il ne reste que la néchama ainsi que la connaissance d’Hachem et de la vérité.
C’est un très grand cadeau d’être juif et de pouvoir ainsi accéder à cette vérité nous permettant de nous réaliser.
C’est le plus grand cadeau qu’il puisse y avoir, celui dont rêvait Albert Camus, et celui que nous jalouse les autres peuples (c’est d’ailleurs la source profonde de l’antisémitisme).
Au revoir,
Rav Ron Chaya
Référence Leava : 83077
Date de création : 2018-07-26 10:40:38