Que faire en cas de hefsek pendant une séouda ?

 

Chalom ha-Rav,

J’ai une question :

Que faire en cas de hefsèk pendant une séouda ?
Quelles situations ont le din de hefsèk à ce moment là?

Merci de votre réponse

Réponse du Rav Ron Chaya : 

Chalom David,

Voici les réponses à tes questions :

A propos du hefsèk (c’est-à-dire d’un arrêt pendant le repas), qu’appelle-t-on un arrêt qui nous obligerait à refaire la berakha sur ce qu’on va recommencer à manger et à boire ?

Ces halakhot sont principalement traitées dans le Choul’han Aroukh, à la fin du chapitre 178 et au début du chapitre 179.

Je te les résume brièvement :

Une première cause de hefsèk, c’est-à-dire d’arrêt nécessitant de refaire la berakha sur ce qu’on va recommencer à manger, est le sommeil.

Si on a dormi d’un sommeil que les décisionnaires appellent un sommeil fixe (chénat kéva), on devra refaire la berakha avant de recommencer à manger ou à boire.
Par contre, si on n’a dormi que d’un sommeil provisoire (chénat araï), on ne devra pas refaire la berakha avant de recommencer à boire ou à manger.

Il existe une divergence d’opinion entre les décisionnaires sur la définition de ce qu’on appelle un sommeil fixe et un sommeil provisoire, il y a 3 avis différents :

  • Le 1er avis considère qu’un sommeil fixe n’est que celui qui se fait en position allongée, mais si on a dormi assis, même plusieurs heures, on considèrera ce sommeil comme un sommeil provisoire.
  • Le 2ème avis considère que celui qui a dormi profondément pendant une demi-heure a dormi un sommeil fixe. Mais s’il a dormi moins d’une demi-heure, ou même plus d’une demi-heure mais d’un sommeil léger, c’est-à-dire que si on l’appelle, il se réveille immédiatement, on considèrera ce sommeil comme un sommeil provisoire.
    Donc d’après cet avis, peu importe si on a dormi assis ou allongé.
  • Le 3ème avis considère que si la personne s’est endormie malgré elle, ce sera un sommeil provisoire. Par contre, si elle a décidé de dormir, et qu’elle a dormi au moins une demi-heure même assise, on considèrera cela comme un sommeil fixe.

D’après la halakha, on doit prendre en considération les 3 avis, donc a priori, on essayera de ne pas dormir d’un sommeil appelé fixe d’après ne serait-ce qu’un seul de ces avis.

  • Donc si on s’endort, on fera attention à ne pas s’endormir plus d’une demi-heure d’un sommeil profond, même assis et malgré nous.
  • On veillera aussi à ne pas dormir de façon volontaire plus d’une demi-heure même assis.
  • Enfin, on veillera à ne pas dormir en position allongée plus d’une demi-heure, même d’un sommeil léger et malgré nous.

D’un autre côté, on doit être ma’hmir, c’est-à-dire prendre en considération les 3 avis, et ne pas faire la berakha avant de recommencer à manger ou à boire qu’à condition d’avoir dormi un sommeil fixe d’après les 3 avis réunis.

C’est-à-dire qu’on ne fera la berakha avant de recommencer à boire ou à manger qui si on a dormi allongé pendant une demi-heure de façon volontaire d’un sommeil profond.

Dans tous les cas de figure où on a dormi d’un sommeil ne réunissant pas les 3 avis d’un côté ou de l’autre, c’est-à-dire d’un sommeil qui n’est ni fixe, ni provisoire d’après les 3 avis, on se fera acquitter de la berakha par une autre personne avant de recommencer à manger ou à boire.

Dans tous les cas quels qu’ils soient, on devra refaire nétilat yadaïm comme au début du repas mais sans berakha.

2ème type de hefsèk : celui du « Hessekh hadaat », c’est-à-dire du divertissement, manque de conscience ou changement d’avis.

  1. Si on a fait maïm a’haronim, dans tous les cas, on ne pourra plus rien manger ni boire jusqu’à ce qu’on fasse birkat Hamazone, sauf dans le cas où une personne a un doute si elle a mangé un kazaït de pain en 4 minutes.
    Dans ce cas, elle devra refaire nétilat yadaïm sans berakha (ni celle de nétilat yadaïm ni celle de hamotsi), mangera la quantité de pain nécessaire, et fera à nouveau maïm a’haronim, puis birkat Hamazone.
  2. Si on annonce qu’on va faire birkat Hamazone ou qu’on annonce « maïm a’haronim ‘hova » ou qu’on demande qu’on amène un verre de vin en vue du birkat Hamazone, ou tout autre langage exprimant que nous désirons vraiment faire le birkat Hamazone, d’après tous les avis, il est interdit de continuer à boire, et il y a une discussion entre les Richonim pour savoir si on peut continuer à manger.D’après Ri et le Ran, on peut continuer à manger sans berakha, d’après le Roch non.

    Donc si on veut boire après avoir dit cela, on devra faire la berakha avant la consommation, et si on veut manger, il y a un safèk.
    On essayera de ne pas manger pour ne pas entrer dans ce safèk, ou d’être rendu quitte par la berakha d’une autre personne.
    Si aucune de ces solutions n’est possible, on mangera sans berakha.

    Si on boit après avoir dit un des langages susmentionnés, on devra donc faire la berakha auparavant, et on fera attention de ne pas boire un chiour nécessitant de faire la berakha a’harona car il y a safèk si on doit la dire bien qu’on fasse le birkat Hamazone.

    Un invité qui a prononcé un des langages susmentionnés signifiant qu’il veut faire birkat Hamazone, et après quoi le maître de maison lui a apporté à manger, étant donné qu’il est censé suivre la volonté de maître de maison, il pourra manger sans faire la berakha.
    Néanmoins, si lorsqu’il a prononcé un des langages susmentionnés, il a eu l’intention claire que même si le maître de maison lui apporterait encore à manger, il refuserait, dans ce cas, son statut sera celui du maître de maison qui aurait dit un de ces langages.

    Tous ces langages exprimant qu’on veut dire le birkat Hamazone ne sont considérés comme un hefsèk nécessitant de refaire le berakha (d’après les lois susmentionnés) qu’à condition qu’on les ait dit sérieusement. Mais si on les a dit uniquement pour presser le public en leur faisant comprendre qu’on désire faire le birkat Hamazone, et qu’on ne les a pas dit dans une intention claire et définitive de vraiment faire le birkat Hamazone, ces langages ne seront pas considérés comme un hefsèk, et on pourra donc continuer à manger et à boire sans refaire la berakha.

  3. Si une personne a commencé à faire le zimoun, elle ne pourra pas se rétracter et manger ou boire quoi que ce soit avant de faire le birkat Hamazone.
  4. Si une personne a pensé de façon claire à arrêter de manger ou de boire, d’après tous les avis, elle n’aura plus le droit de boire et elle devra refaire la berakha si elle veut à nouveau boire.
    Néanmoins, à propos de manger à nouveau, si elle est dans un repas de motsi ou assise à table pour un vrai repas (même sans pain), il y a une discussion entre les décisionnaires si la pensée suffit pour être considérée comme un Hessekh hadaat nécessitant une nouvelle berakha pour manger à nouveau.Etant donné qu’il existe une discussion à ce niveau, a priori on ne mangera plus, et si on mange quand même, on ne refera pas la berakha avant de recommencer à manger.

    Dans tous les cas où on a décidé par erreur de ne pas manger, par exemple si on croyait que le repas était fini et que tout à coup le maître de maison a amené un nouveau plat, on pourra continuer à manger sans faire la berakha ; néanmoins, si on a pensé que dans tous les cas, y compris le cas où le maître de maison décidait d’apporter un nouveau plat, on n’en mangerait pas, la loi sera comme susmentionnée.

  5. Dans les cas où on mange de façon provisoire, c’est-à-dire qu’on n’est pas assis à table pour un vrai repas (même sans pain), chaque fois qu’on aura pris une décision, même en pensée, d’arrêter de manger et qu’on change d’avis par la suite, on devra refaire la berakha avant de recommencer à manger.La loi sera la même dans le cas où lorsqu’on a fait la berakha sur la première consommation, on s’est dit qu’on mangerait qu’une quantité déterminée ou uniquement ce plat et rien de plus. Si cette pensée était très claire dans notre esprit, et qu’après qu’on ait fini cette quantité ou ce plat, on décide de manger encore, on devra refaire la berakha pour ce qu’on veut recommencer à manger.
    Néanmoins, les décisionnaires actuels (dans le livre Vézot haberakha au nom du Rav Eliachiv Chalita) écrivent qu’aujourd’hui, vu que notre esprit est troublé et qu’on a l’habitude de prendre des décisions sans les respecter, il arrive très souvent qu’à la fin de la quantité qu’on voulait manger, où à la fin du plat qu’on a mangé, on veuille continuer à manger. Ainsi, la décision qu’on a prise au début n’était pas considérée comme une décision claire, et on ne devra donc pas refaire la berakha avant de recommencer à manger.

    Si on se trouve dans une situation de doute, le mieux sera de s’acquitter par la berakha d’une autre personne, ou bien faire la berakha a’harona sur ce qu’on a mangé, puis refaire le berakha richona sur ce qu’on veut manger à nouveau.

    Dans tous les cas où on a non seulement pensé qu’on voulait arrêter de manger, mais qu’on a aussi fait un acte clair dans ce sens (se lever de table, mettre les couverts dans l’évier ou dans le lave-vaisselle etc), et qu’on a changé d’avis, on devra refaire la berakha avant de recommencer à manger.

Au revoir,
Rav Ron Chaya

Agav 

 

Référence Leava : 15899
Date de création : 2011-12-23 08:12:56