Si la Torah est la lumière du monde, « le livre ultime de la sagesse », comment expliquer ceci :

 

Bonjour,
Je me permets de vous contacter car j’ai une question qui me semble être, tout du moins pour moi, capitale.
Avant toute chose je tiens à préciser que ma question s’inscrit dans un contexte de recherche spirituelle, je souhaite seulement être éclairé, et non pas provoquer.

Si j’ai bien compris, dans le Judaïsme, on considère que la Torah est la lumière du monde, une sorte de « livre ultime de la sagesse » qui permet à l’homme d’élever au plus haut niveau son degré de sagesse et d’humanité.

Cependant je ne peux qu’être dérangé lorsque je lis certains passages de la Torah qui me paraissent empreints de violence, de cruauté et d’ethnocentrisme (ce qui serait contraire à une certaine universalité je pense…).

Par exemple :

  1. Le passage où Moise fait massacrer par la tribu de Lévi 3000 Hébreux ayant vénéré le veau d’or,
  2. Les très nombreuses peines de morts pour apostasie, homosexualité, adultère etc.
  3. Ou encore la loi du talion,
  4. Les différences de traitements auxquels les israélites sont tenus envers les goyim…
  5. Quand on compare ce genre d’enseignements avec par exemple ceux du bouddhisme qui se base exclusivement sur la compassion, l’amour et l’égalité de traitement pour tout être humain (et même tout être vivant!), il faut reconnaître que la théorie qui fait de la Torah le guide suprême de la sagesse et de la spiritualité me semble plutôt discutable…

Que pouvez vous me dire là dessus ?
Je vous remercie par avance pour votre réponse.
Bien cordialement

Réponse du Rav Ron Chaya : 

Bonjour Dorian,

Effectivement, de prime abord, ces choses-là peuvent déranger, mais je pense que si on explique bien le principe qui les gère, alors plus rien ne dérange.

Venons-en à présent à vos questions :

  1. Consultez ce lien.
  2. Concernant la multitude de peines de mort :

    Sachez que tout dépend du niveau de conscience de D.ieu que possède la personne qui commet un péché.

    • Même à l’époque où le Temple existait, et où il y avait donc un très grand dévoilement de la présence divine, des peines capitales étaient prononcées, mais cela était extrêmement rare.
    • D’ailleurs, le Talmud (traité Sanhédrin) dit bien qu’un tribunal rabbinique qui à l’époque prononçait une peine capitale une fois tous les 70 ans était considéré comme meurtrier.
    • A un certain moment, constatant que le niveau moral diminuait beaucoup trop, le tribunal rabbinique s’est retiré du Temple (le seul endroit où il était permis de prononcer une peine capitale) et a siégé ailleurs afin de ne plus devoir émettre une telle sanction.

    A titre comparatif, je crois que l’on dépasse les 1400 peines de mort prononcées en Amérique ces 40 dernières années…

    • Les peines capitales n’étaient prononcées que dans les cas où les fauteurs avaient une connaissance de D.ieu considérable.
    • Dès lors, lorsqu’on voit quelqu’un faire des péchés alors que la Présence de D.ieu est visible, ce n’est pas différent que de voir aujourd’hui une personne aller au marché et tirer avec une mitraillette dans tous les sens, car effectivement, les péchés amènent des malheurs et des souffrances sur le peuple.
    • Dès lors, il serait tout à fait immoral de laisser continuer cette personne à faire ce genre de massacre.

    D’autre part, la peine de mort selon la Torah n’est pas du tout un moyen de préservation de la société pour empêcher quelqu’un de faire encore du mal, car si c’était le cas, on aurait pu se suffire de l’emprisonner.

    • La peine capitale est une réparation pour l’âme pécheresse afin qu’elle accède au monde à venir, qui est le monde de vérité, en étant ainsi « nettoyée » de la tache due à sa faute.
    • Aujourd’hui où le dévoilement de D.ieu est presque complètement dissimulé, il est clair qu’il est totalement impossible qu’une peine de mort soit prononcée ou même qu’une personne en soit coupable.
    • En effet, personne ne voit les dégâts causés par les péchés ; dès lors, un individu n’est pas conscient des conséquences négatives que provoque sa faute sur l’humanité, il est donc relativement innocent.

    En revanche, lorsque la Présence de D.ieu est évidente, que nous savons les choses graves qu’Il a interdites et que malgré tout, nous les commettons devant Lui, il s’agit d’une révolte volontaire et préméditée contre le Créateur en connaissance de cause et en Sa présence, réalisée qui plus est au même moment où le Créateur nous donne la vie, ce qui est totalement inadmissible.

  3. Concernant la loi du talion :
  4. A propos des différences de traitement auxquelles les israélites sont tenus envers les Goyim :Au niveau mystique, chaque membre du peuple juif a une âme faisant partie de l’âme générale du peuple juif.
    En fait, tous les israélites n’ont qu’une seule et même âme.
    Dès lors, ils ont entre eux des lois qui ne concernent pas les personnes dotées d’une âme propre.

    • Par exemple, il sera interdit à un juif de dire des choses négatives sur un autre juif, même si cela est vrai.
      • Concernant les Goyim, la Torah considère que les lois qu’eux-mêmes jugent comme étant permises seront applicables pour un juif envers eux.
        • C’est-à-dire que si un non-juif pense qu’il est permis de dire une chose négative sur un autre non-juif si elle est vraie, alors un juif pourra aussi agir ainsi envers un non-juif.
          • Or, il est clair que dans le monde non-juif, on permet complètement cela, preuve en est tout ce que nous entendons dans les médias :
        • lorsque c’est faux, cela est répréhensible ;
        • lorsque c’est vrai, cela est tout à fait légitime.
      • Ce n’est pas le cas entre les juifs.
    • De même, il sera également interdit à un juif de pratiquer l’usure avec un autre juif.
      • Dans n’importe quelle banque, lorsqu’on fait un emprunt, on paie des intérêts, une chose que les non-juifs considèrent comme étant tout à fait légitime.
      • C’est la raison pour laquelle il est permis à un juif de prêter à un non-juif avec intérêt, etc.
  5. A propos du bouddhisme :

    Je vous recommande la lecture de l’excellent livre du Rav Akiva Tatz intitulé : « Lettres à un juif bouddhiste ».

Au revoir,
Rav Ron Chaya

Référence Leava : 72758
Date de création : 2016-10-05 15:41:22