Pourquoi dites-vous que les juifs ont vu D.ieu s’Il n’a pas d’apparence ?

Chalom,

Voici les réponses à tes questions :

1- Il y a une apparente contradiction.

Un verset écrit (Chémot chap. 33 verset 20) :

« Tu ne pourras pas voir Ma face
car l’homme ne peut Me voir et survivre ».

Ce verset a été dit par Hachem à Moché Rabbénou et son sens est clair, on ne peut pas voir la divinité.

Néanmoins, Hachem dit à Aharon et à Myriam à propos de Moché (Bamidbar chap. 12 verset 8) :

« Je lui parle face à face dans une claire apparition et sans énigme,
c’est l’image de D.ieu même qu’il contemple ».

La solution à cette apparente contradiction est la suivante :

Prenons l’exemple de l’être humain.

Quand je regarde quelqu’un, est-ce que je le vois ?
On peut dire que oui et on peut dire que non.
Oui je le vois car je vois bien sa tête, ses traits, je peux même voir sur son visage s’il est heureux ou malheureux, mais néanmoins je ne vois que sa partie physique, son vrai être c’est-à-dire son âme me reste tout à fait invisible.

De même Hachem, Il s’exprimera à Moché et au peuple d’Israël au moyen d’une certaine apparition de Lui-même qui n’est pas Sa réalité intrinsèque bénie soit-Elle, mais à l’instar du visage de l’homme qui le représente, Hachem se présentera par une vision de Lui-même sans toutefois dévoiler Sa réalité intrinsèque bénie soit-Elle.

Mais il est clair que les bné Israël ont vu une certaine apparition d’Hachem tel que le témoigne le verset (Dévarim chap. 5 verset 20) :

« Et vous avez dit effectivement
Hachem notre D.ieu nous a montré Sa gloire et sa grandeur
nous avons entendu Sa voix du dedans des flammes … ».

Ce que le texte appelle ici la gloire de D.ieu est cette vision divine qu’Il Le représente au moins comme le visage d’une personne le représente.
Or quand on dit qu’on a vu quelqu’un on parle bien de la vision de son visage et non de celle de son âme.

Donc, il est tout à fait juste de dire que les bné Israël ont vu D.ieu au mont Sinaï bien qu’effectivement la réalité intrinsèque d’Hachem béni soit-Il reste bien sûr tout à fait invisible et inaccessible à l’être humain.

Nous avons une autre preuve montrant que les bné Israël ont effectivement vu D.ieu au mont Sinaï.
Dans Chémot chap. 19 verset 9, il est écrit qu’Hachem a dit à Moché qu’Il allait se dévoiler à lui face au peuple entier afin que le peuple entier croie désormais de façon définitive en Moché.

Et le verset termine en disant les paroles suivantes :

« … et Moché dit les paroles du peuple à D.ieu ».

De quelles paroles s’agit-il ?

Rachi explique :
« J’ai entendu une réponse de la part des bné Israël et ils expriment leur volonté d’entendre de Ta bouche elle-même car il est préférable d’entendre de la bouche du roi Lui-même plutôt que de la voix de son envoyé : Nous voulons voir notre Roi ! ».

Donc il s’agit bien d’une vision de D.ieu.

D’ailleurs les versets suivants confirment cela dans la mesure où Hachem après avoir entendu le désir des bné Israël dit à Moché (verset 11) :

« Et soyez prêts pour le troisième jour
car le troisième jour D.ieu descendra sur le mont Sinaï
aux yeux du peuple entier ».

Il s’agit donc bien d’une vision divine.

2- Comme expliqué dans le point 1, ils ont eu une vision de la divinité, dans cette mesure cela prouve la véracité de la Torah.

3- Il n’y a pas de preuve plus solide que cela comme j’explique dans le cours la preuve et dans le cours la véracité de la Torah.

4- Comme explique le Rambam dans la référence que tu as citée, amener une preuve de la véracité de la Torah par rapport aux miracles qu’a faits Moché Rabbénou est insuffisant.
Car lorsqu’une personne voit un miracle elle peut avoir un doute, peut-être est-ce D.ieu qui l’a fait, mais peut-être n’est-ce qu’un pouvoir surnaturel ou de sorcellerie.

Quelle est la seule preuve irréfutable prouvant que c’est vraiment la divinité qui a transmis la Torah ?
Que ce soit la divinité elle-même qui vienne et qui la transmette.

En cela le don de la Torah est une chose spécifique et unique dans toute l’histoire, comme le dit le verset (Dévarim chap. 4 verset 33) :

« Est-ce qu’un peuple a-t-Il entendu la voix de D.ieu
lui parlant du dedans des flammes
comme tu l’as entendu toi,
et a survécu ?! ».

Comme je l’explique dans le cours la preuve et le cours la véracité de la Torah, cette preuve est tellement vraie qu’aucun peuple n’a même pu prétendre ou raconter qu’il a vécu un évènement aussi extraordinaire, comme l’écrit la Torah dans le verset qui précède celui que je viens de citer (Dévarim chap. 4 verset 32) :

« De fait, interroge donc les premiers âges
qui ont précédé le tien depuis le jour où D.ieu créa l’homme sur la Terre
et d’un bout du ciel jusqu’à l’autre,
demande si rien d’aussi grand est encore arrivé ou si on a ouï chose pareille ! »

5- Consulte les deux cours sur la véracité de la loi orale et tu auras la réponse à cette question.

6- Le roi des Kazars, le Kouzari, a dit au représentant d’Ychmaël que si on veut faire accepter à quelqu’un que la divinité parle avec un être humain il faut le lui prouver au moyen de preuves irréfutables.

Or, si ces preuves se trouvent dans le coran, je ne peux pas en être convaincu car je ne comprends pas l’arabe.

Ce à quoi a répondu le sage d’Ychmaël, qu’on y a vu des miracles mais ils n’ont pas été des preuves que le don de ce livre est d’ordre divin.

Le Kouzari ajouta, la preuve comme quoi la divinité parle à l’être humain doit être publique, vérifiable par une multitude de personnes, qui la voit de leurs yeux et non qu’ils l’entendent en tant qu’histoire ou tradition, et qu’ils la vérifient, vérification après vérification, de façon à ce qu’ils n’aient plus aucun doute que cette preuve ne provient pas de l’imagination ou d’un pouvoir de sorcellerie.

Le sage d’Ichmaël répondit que leur livre est rempli des paroles de Moché et des bné Israël et que personne ne remet en question les miracles qu’ont vécu les bné Israël en Égypte, dans le désert, et lors de la rentrée en terre d’Israël.

Le Kouzari conclut, si c’est ainsi il doit consulter les juifs car eux sont les descendants des bné Israël et qu’ils prétendent que le créateur du monde leur a donné une Torah.

Il est donc faux de dire que l’argument du Kouzari est qu’il ne comprend pas l’arabe, l’argument était qu’il ne voit pas de preuve comme quoi ce livre a été donné par la divinité, et que si les arabes se basent sur le don de la Torah par D.ieu aux bné Israël, mieux vaut consulter le peuple qui est l’objet de ce don.

Le Kouzari a donc voulu dire que si les musulmans se basent sur leur livre pour prouver qu’il est d’origine divine, lui a un problème technique de ne pas pouvoir le comprendre.

Le sage musulman a reconnu que bien qu’on y voit des miracles, néanmoins il n’y a pas dans ce livre des preuves qu’il a été donné par D.ieu lui-même.
Par contre, il contient des preuves qu’il y a un créateur au monde vu qu’il raconte plusieurs des récits de la Bible, comme la sortie d’Égypte, le don de la Torah au mont Sinaï, etc…

Au revoir,
Rav Ron Chaya