Encore et toujours cette (in)différence entre homme et femme…

 

Bonjour Rav
Et merci pour votre retour.

En effet, des interrogations subsistes.

  1. Le terme de prostitution est relativement clair.
    D’où vient cette interprétation ?
    J’ai entendu de la bouche d’un rabbin que lorsque un homme épouse une femme, il l’achète d’une certaine manière.
    Donc d’après ce type de propos (que je trouve particulièrement scandaleux soit dit en passant), le mariage est considéré comme une prostitution.
    Je ne comprends pas pourquoi une relation intime, sans aucun échange financier, serait de la prostitution…Par ailleurs, vous relevez le problème de nida et j’entends.
    Mais pourquoi est-ce interdit aux femmes non-mariés dans ce cas là (j’ai bien compris que ce n’était pas le seul problème que vous relevez mais il est important pour moi de tout bien comprendre) ?
  2. (Question supplémentaire)
    On lit dans la Torah énormément de passage avec la question de pureté et d’impureté ; cela se révèle beaucoup dans votre réponse.
    Qu’est-ce qui défini une chose pure d’une chose impure ?
    Ces éléments reviennent aussi pour le cachère ?On constate que pour cashériser une viande, il faut vider l’animal de son sang.
    Une femme nida est une femme qui saigne.
    On peut aisément mettre en relation le sang à l’impureté, comme si le sang était trop terrifiant et donc impur.
    Pourtant, le sang, c’est la vie (si je ne me trompe pas, la Torah le dit explicitement) !
  3. Depuis mon mail, j’ai en effet constaté ces passages.
    Je maintiens mon interrogation concernant les règles de pureté évoquer avant.
  4. Je comprends en effet l’importance d’écouter nos Sages.Mais plusieurs questions se posent alors :> Qu’est-ce qu’un Sage ?
    Un tsadik, c’est quelqu’un qui étudie la Torah.
    La Torah est soumise à des interprétations.
    Dès lors que le tsadik trouve une interprétation qui lui semble cohérente, il peut se l’appliquer et impliquer d’autres personnes là dedans qui, le considérant comme un tsadik, le suivrait.> Combien de fois avons nous vu des débats houleux dans les hautes sphères rabbiniques ?
    On tranche à la majorité mais la majorité n’a malheureusement pas toujours raison (on le constate avec les problèmes écologiques d’aujourd’hui, pour simple exemple).
  5. Concernant la tsniout, permettez moi d’insister mais nous avons grandit et évoluer dans une société patriarcale qui souffre d’années de dictatures masculines.
    Je pense donc que ce cloisonnement de la femme découle de cet état actuel des choses…

Merci pour votre disponibilité !
J’espère ne pas trop vous agacer avec mes interrogations

Réponse du Rav Ron Chaya : 

Chalom,

Voici les réponses à vos questions :

  1. Le terme « prostitution » en français n’a pas le même sens que le mot hébreu « zenout ».
    Dans la Torah, est appelée zenout toute relation hors mariage, or il ne s’agit pas du tout de prostitution telle qu’on l’entend en occident, c’est-à-dire vendre son corps contre de l’argent, car deux personnes consentantes désirant avoir une relation hors mariage ne se prostituent pas (dans le sens occidental du terme).
    Cependant, étant donné qu’une prostituée est aussi appelée zona dans la Torah, l’amalgame fut vite fait en français.
    Deux personnes consentantes sans intérêt d’argent sont appelées dans la Torah « prostitution » ; or ce terme n’a pas du tout le même sens dans ce cas.
    Le mot zenout en hébreu peut, autrement dit, signifier prostitution mais aussi toute relation hors mariage.
    La raison est simple :
    Lors du mariage, une parie de l’âme de l’homme le quitte et s’unit à sa femme.
    Donc toute relation sexuelle hors mariage n’est qu’une union des corps sans celle des âmes, et elle est motivée par une recherche de joie, soit sexuelle, soit sentimentale, soit les 2, soit autre.
    La Torah appelle cela prostitution car il n’y a pas dans cette union la sainteté de l’union des âmes.Aussi, l’expression de la « femme achetée » lors d’un mariage est également une erreur de traduction.
    Le terme employé en hébreu est « kinian » qui peut en effet signifier « achat » mais qui, dans ce contexte, signifie « acte d’acquisition ».
    Ainsi, par l’acte de consécration nuptiale, la mariée devient réservée à son mari et interdite à tout autre homme.
    Mais il va de soi que le marié n’achète ni n’acquiert sa femme en tant que bien ou valeur financière.
  2. Pour ce qui est de la nida, la coutume est que les femmes non mariées ne se trempent pas au mikvé afin d’éviter qu’elles aient des relations hors mariage, non pas qu’une telle relation soit autorisée mais il est vrai qu’elle est moins grave qu’une relation avec une femme nida.
    C’est pourquoi, afin d’éviter toute tentation, on empêche les célibataires de se tremper au mikvé.
  3. Vous trouverez la réponse à votre question sur les définitions des notions pureté et impureté dans le cours Pur et impur.
    La Torah répète à plusieurs reprises que l’âme de l’animal ou d’une personne se trouve dans son sang.
    C’est-à-dire que le lieu de friction entre la partie fine de l’être, soit 86 ml de son sang et la partie grossière de son âme se trouve dans cette partie de son sang. Elles cohabitent à cet endroit.
    En ingurgitant le sang, on ingère également une partie de l’âme de l’animal, sa force vitale spirituelle, c’est pourquoi il est interdit de le consommer, mais il ne s’agit pas de pureté ou d’impureté.
    Il n’est pas impur, il est simplement non-cachère.
  4. Un sage est une personne ayant une connaissance en Torah supérieure à tous ceux de sa génération
    (je parle des grands de la génération que la Torah nous somme d’écouter).
    Il doit bien sûr aussi être un grand tsadik.Il devra être reconnu par les sages de la génération mais aussi accepté par les grands de la génération comme celui qui guidera les générations à venir.Il est vrai qu’il pourrait se tromper.
    La Torah mentionne d’ailleurs la possibilité d’une erreur du Sanhédrin disant au peuple de faire un service idolâtre (!).Néanmoins, D.ieu nous a ordonné de les écouter et nous voyons bien durant l’histoire que tous les mouvements juifs (et il y en a une vingtaine) qui s’écartèrent de leurs directives quittèrent pour finir le judaïsme.
    Seuls les juifs ayant suivi les grands de la Torah restèrent juifs.
    Tous les autres mouvements finirent par ne plus l’être.

    On tranche par la majorité car ainsi D.ieu l’ordonna dans Sa Torah: « a’haré rabim léhatot ».

  5. La tsniout n’a rien à voir avec la société patriarcale.
    Au contraire, aujourd’hui où nous avons une société extrêmement laxiste, nous voyons très bien l’utilité et la noblesse de la tsniout.
    Le monde vit dans une débauche sexuelle terrible, l’immense majorité des couples se trompent, traversent des divorces éprouvants, créent des enfants malheureux ; or il est clair que le manque de tsniout y est pour beaucoup.
    Il ne s’agit pas d’une dictature masculine, il s’agit de préserver la société face au grand yetser hara d’attirance de l’homme pour le corps de la femme.
    À ce sujet, je vous recommande de visionner la série de cours sur La tentation des femmes (1, 2 et 3) .

Au revoir,
Rav Ron Chaya

Référence Leava : 73584
Date de création : 2016-11-29 17:15:14