Doit-on interdire à un juif non chomer chabbat de toucher le vin ? Est-ce un knass d’utiliser du vin mévouchal pour éviter des confrontations ?

 

Bonjour,

Est il possible d’interdire de toucher le vin à table à un juif qui manque de respect pour le Chabbat (‘hilloul Chabbat) par ignorance ou non investissement dans la thora.
Est il comparable à un non juif aussi longtemps qu’il ne fait pas téchouva?

Est ce un Knass ou pas d’utiliser du mévouchal dans le cas de Mé’halel Chabbat pour éviter des confrontations pendant le repas au risque de gâcher l’ambiance?

Merci

 

Réponse du Rav Ron Chaya :

Chalom Joseph,

D’après la halakha, quelqu’un qui transgresse le Chabbat béfarhessia, c’est à dire devant un public de 10 juifs religieux au moins (ou si 10 juifs religieux savent qu’il transgresse le Chabbat), et qui touche un vin non mévouchal rend ce vin interdit à la consommation.
Cela à condition qu’il transgresse le Chabbat bémézid (c’est-à-dire qu’il a conscience de l’importance du Chabbat et malgré tout le transgresse).
Les décisionnaires du siècle dernier ont des avis divergents sur la définition de la conscience de l’importance du Chabbat.

  • Le ‘Hazon Ich dit qu’il faudrait qu’un tribunal rabbinique juge à quel point la personne est consciente ou pas.
    • Il considère que la majorité des juifs aujourd’hui n’ont pas le statut de juifs conscients de l’importance du Chabbat.
  • Le ‘Hafèts ‘Haïm est d’un avis contraire.
    • Selon lui, à partir du moment où une personne sait que d’après la Torah il est interdit de faire cette action pendant Chabbat, elle est considérée comme consciente.
  • Le Rav Eliachiv prend une position intermédiaire et dit que si une personne a été éduquée dans un pays où il y a des juifs religieux, il est considéré comme conscient, à moins d’avoir été éduqué dans une autre religion qui a su répondre à la soif spirituelle que chaque être humain est censé avoir.
    • S’il habite dans un pays ou il n’y a aucun juif religieux, même s’il n’a pas été éduqué dans une autre religion, il est considéré comme inconscient.

Il est clair que je ne peux pas trancher entre ces trois avis.

Donc au niveau de la loi concrète, on aura un doute si le vin est interdit ou pas.
Un vin est interdit au contact d’un mé’halel Chabbat que s’il n’a pas été bouilli.
Effectivement, la source de cet interdit provient de l’interdit d’utiliser un vin qui sert à des libations d’idolâtries.
Or chez les idolâtres, un vin bouilli ne peut servir à une libation ; c’est pour cela qu’un vin bouilli touché par un mé’halel Chabbat reste cachère.

Attention:

  • Aujourd’hui, beaucoup de vins sur lesquels il est marqué  » mévouchal » ne sont pas bouillis, ils n’ont été que pasteurisés (c’est-à-dire qu’ils ont été élevés à une température de 80°C).
    • D’après certains décisionnaires, cette température est suffisante pour considérer ce vin bouilli.
    • Pour d’autres, il faut absolument qu’il y ait une ébullition réelle.
  • Afin d’éviter tout risque de confrontation qui pourrait gâcher l’ambiance, il suffit simplement de faire bouillir soi-même le vin auparavant (attention à ne pas trop le faire bouillir car il se transforme rapidement en vinaigre).
    • Dès que l’ébullition apparaît, éteindre le feu, et le faire suffisamment à l’avance pour que le vin ne soit pas chaud, ce qui entraînerait des interrogations.

Au revoir,
Rav Ron Chaya

Voir ici pour un goy

 

Référence : 3289
Date question sur Leava : 2008-07-23 21:07:02