Quand la faute aveugle, le sekhel est déficient…

 

Bonjour Rav,

Catastrophe :

  • Yom Kippour ne « lave plus blanc » !!!
    Quelques jours avant le dernier Kippour que nous avons passé, j’apprends qu’Hachem ne pardonne pas les avérot commises envers son prochain si on ne lui a pas demandé au préalable me’hila et/ou s’il nous refuse son pardon.
  • Mon Kippour ne sera-t-il plus jamais ce qu’il a pu être avant d’avoir connaissance de cette halaha ?
    Ai-je perdu définitivement cette sensation d’être complètement nettoyé à l’issue de ce jour redoutable ?

Intérieurement c’est une catastrophe : pour prendre l’image d’un S.D.F. qui ne se lave jamais :

Au fil des années je vais certainement devenir « très sale » – has vé-Chalom !

Ce problème me travail au plus au point.
Alors je de me suis documenté, j’ai essayé de lire sur le sujet et voici ma réflexion :

  1. Impossible de retrouver toutes les personnes que nous avons pu blesser de façon consciente ou inconsciente…,
    et donc de leur demander à tous mé’hila.
  2. Que sont les hommes en comparaison d’Hachèm, pour s’arroger le droit d’accorder ou refuser un pardon ?
  3. J’essaie de me rassurer avec cette idée tirée du Choul’han Aroukh, que j’ai aussi retrouvé dans les écrits du Rav Dressler :L’union des bné Israël ici bas conditionne l’attachement de leurs âmes dans les sphères supérieures :
    Chose qui serait de la plus haute importance à Yom Kippour car toute discorde en bas retentirai sur les âmes en haut et se serait catastrophique en ce jour redoutable.

De là j’extrapole qu’en demandant mé’hila à mon prochain :

  1. Je m’expose à un refus et sèmerai si c’est le cas une discorde supplémentaire dans les sphères supérieures :
    Ce qui doublerait ma faute !
  2. Elle serait même triplée, puisque j’aurai amené mon prochain, lui aussi, a semer la discorde : par son refus.

Au total :

  • Ma faute serai donc triplée et mon prochain en sera venu lui aussi à ajouter sur son compte cette faute de semer, par son refus, la discorde dans les sphère supérieur :
    Soit une somme globale de quatre fautes supplémentaires !

J’en conclu qu’il est préférable de ne pas demandé mé’hila a son prochain avant Yom Kippour :

  • Cela pourrait faire plus de mal qu’autre chose
    et il vaut mieux ne pas prendre ce risque.

La loi juive autorise t elle de prendre de tels risques, surtout avant Kippour ! ?

Ma réaction le jour même du dernier Kippour a été de demander à Hachem d’une façon très sincère, avec le cœur, de bien vouloir pardonner d’abord tous ceux qui on pu fauter envers moi de façon consciente ou inconsciente, qu’ils m’aient demandé ou non mé’hila.

Et au prochain Kippour :

  • Si quelqu’un vient me demandé mé’hila, je lui répondrai :
    Je ne suis rien en comparaison d’Hachem pour pardonner ou tenir rigueur ;
    Le jour de Kippour, aies la même kavana que moi  et demande à Hachem de pardonner d’abord tout ceux qui ont pu fauter envers toi, qu’ils t’aient demandé ou non mé’hila, et tout ira bien !

Une telle démarche est elle recevable ?
De cette façon, mon Kippour « lavera-t-il » a nouveau comme il faut ?
Et sinon, quelle méthode me conseillez vous ?

S’il est impossible de retrouver intégralement tous ceux a qui l’on devrai demander mé’hila, comment faire ?

Je n’arrive pas a croire que Yom Kippour ne puisse pas laver aussi blanc que blanc, c’est pire que tout !
Si Hachem ne pardonne pas, alors je suis fichu, irrécupérable.
Plus aucun effort n’y servira et le yetser hara pointera bien vite son nez : « ça ne sert a rien de faire des efforts, t’es grillé aux yeux d’Hachem » : grillé pour grillé et irrécupérable, c’est comme en psychiatrie « la fuite en avant  » :

La porte ouverte a toutes les avérot !

Merci de votre réponse RAV.

 

 

Réponse du Rav Ron Chaya : 

Chalom Yichoua,
D’abord désolé pour le retard, j’ai beaucoup voyagé en France ces dernières semaines et je n’ai pas eu le temps de répondre aux mails plus tôt.

D’abord, don’t panic !

  • Il faut reprendre les choses à leurs justes proportions.
    D. est un D. de miséricorde et celui qui vient faire téchouva sincèrement, même envers son prochain, D. l’aidera.

Il est tout à fait normal que D. ne pardonne pas le péché entre l’homme et son prochain, ce serait trop facile.

  • Je vole de l’argent à tout le monde, je vais ensuite dire à D. que je regrette, et tout serait effacé !?
    Et rebelote l’année d’après !
    Ce serait trop simple.

Il faut demander pardon à la personne lésée :

Moi, je dois faire ce que j’ai à faire :

Demander pardon.

  • Par rapport à D. je suis alors propre.
  • Si l’autre n’a pas accordé son pardon, c’est son problème.
    Cette situation est préférable à celle où je ne demanderais pas pardon de peur de voir l’autre me le refuser.

Il faut aussi savoir que la personne lésée doit accorder son pardon pour une souffrance qu’on lui a infligée, mais pour tout ce qui concerne les dommages financiers, il est tout a fait légitime qu’elle refuse de pardonner tant qu’on ne lui a pas remboursé ce qu’on lui doit.

Que faire quand on ne retrouve pas la personne à qui on a fait du mal ou qu’on ne se souvient plus à qui on en a fait ?

  • S’il s’agit d’argent,
    on achètera un bien public duquel la personne pourra être amenée à profiter
    (des siddourim dans une synagogue, au Kotel, ou encore un sefer Totah).
    Prier aussi à D. que cette personne ou ses descendants profite de ce bien.
  • Si ce ne sont pas des dommages financiers mais des souffrances qu’on a causées à l’autre,
    alors il n’y a pas d’autres solutions que de lire ce que nous lisons le soir, que nous pardonnons à tous ceux qui nous ont fait du mal, que ce soit consciemment ou non, dans ce guilgoul comme dans les guilgoulim passés…
    (cf. Kriat Chéma ché al hamita).

Et nous sommes confiants que D., voyant notre sincère désir de faire téchouva sur ces péchés, fera en sorte que nous arrivions propres au Olam haba, et que la personne lésée nous aura pardonné.

Au revoir et bonne chance,
Rav Ron Chaya

Et agav

 

 

Référence Leava : 1171
Date de création : 2007-02-14 15:02:30