Un homme n’a pas le droit de toucher son organe génital avant d’être marié ? Comment comprendre l’histoire de Yaacov et de ses femmes ?

 

Chalom Rav,

Dans un de vos cours sur Chovavim vous avez dit qu’avant son mariage il est interdit à l’Homme de toucher son organe génital.
J’aimerais savoir les détails de cette halakha…

  • Dans quelles circonstances,
  • Quelles mesures,
  • Et comment faire pour uriner
  • Ou pour faire sa toilette…

J’aimerais également avoir la réponse à quelques questions.

  1. Dans la Parachat Vayetsé on apprend que quand Yaakov a vu Ra’hel pour la première fois il l’a embrassée…
    Comment est-ce possible alors qu’ils n’étaient pas mariés ?!
  2. De plus dans cette Paracha Yaakov ne se marie pas avec 2 sœurs mais avec 4 !
  3. Et dans cette même Paracha, quand Ra’hel demande des « mandragores » à Léa, elle lui répond « Tu m’as déjà volé mon mari et maintenant tu veux voler les mandragores de mon fils ?! ».
    Mais attendez une minute, qui a volé le mari de qui à la base?
    N’est-ce pas elle qui a pris sa place?!!
    Comment ose-t-elle lui dire ça ?
  4. Et pourquoi Ra’hel a tant insisté pour obtenir ces mandragores, au point de délaisser sa place auprès de Yaakov, ce qui lui vaudra de ne pas être enterrée auprès de lui, alors que ces mandragores étaient Héfker, on pouvait les trouver n’importe où !!

J’espère que vous pourrez m’éclairer et vous en remercie.
Chabbat Chalom

Réponse du Rav Ron Chaya : 

Chalom,

  • Le Choul’han Aroukh, tome Ora’h ‘Haïm, chapitre 3, alinéas 14, 15 et 16 écrit qu’une personne qui n’est pas mariée, lorsqu’elle urine n’a pas le droit de se toucher la verge, si ce n’est à l’endroit du gland, car il y a un risque que s’il se touche la verge, cela mènera à zéra lévatala, à de la semence en vain.
  • Le Michna Beroura écrit que même si la verge est en état d’érection, du point de vue de la loi stricte on aura le droit de toucher le gland pour uriner.
  • Par contre, une personne mariée a le droit de toucher sa verge à tout endroit, néanmoins le Choul’han Aroukh ajoute qu’il y aura une mesure de piété même pour une personne mariée de ne pas toucher la verge (excepté le gland).
    Même une personne mariée ne pourra pas toucher la verge (excepté le gland), si sa femme est nida ou s’il est voyage, c’est-à-dire loin de sa femme.
  • Toutes les autorisations qu’a une personne mariée ne concernent que le moment où il veut uriner, mais il n’aura pas le droit de se gratter la verge.
  • Le ‘Hayé Adam autorise de le faire avec un habit épais.
  • On a le droit, quand on veut uriner, de diriger la verge au moyen des testicules.
  • Le livre « Pisské Téchouvot », tome 1, à la page 32 écrit qu’étant donné que le problème de zéra lévatala est très grave, les possekim de notre temps disent qu’il est préférable de ne jamais toucher la verge, même une personne mariée, même au moyen d’un habit épais ou au travers les habits, on aura juste le droit d’utiliser les testicules pour la diriger.Par contre, on n’aura pas le droit de toucher même les testicules, si on le fait que pour les toucher ou les gratter, et cela même à travers un habit.
  • Quand on voudra se laver, on pourra le faire au moyen d’une lavette épaisse, et cela aussi rapidement en passant, sans s’attarder, et si cela provoque des pensées ou met en état d’excitation ou d’érection, on devra cesser immédiatement.

Voici les réponses à tes questions :

  1. A l’époque, la Torah n’avait pas été donnée, et ce baiser était permis.
    Mais sache que ce n’était certainement pas un baiser comme nous embrassons aujourd’hui une femme, Yaacov Avinou était le véhicule de la Chékhina, et quand il a vu Ra’hel, il a vu une autre partie de la Chékhina et il les a uni ainsi.
    C’est une chose extrêmement haute, extrêmement grande, qui n’a rien à voir avec ce que nous pouvons comprendre.D’ailleurs, il y a un AdMoR qui a expliqué la chose suivante :
    Il est écrit dans la Torah que juste après que Yaacov ait embrassé Ra’hel, il a pleuré.
    D’après le sens simple, parce qu’il a vu qu’il ne serait pas enterré avec elle, mais l’admor a expliqué que Yaacov a pleuré car il a su que le fait qu’il l’ait embrassé serait écrit dans la Torah et que les générations poseraient la question :
    Comment se fait-il que Yaacov ait embrassé Ra’hel alors que la Torah l’interdit, et que ces générations ne comprendront pas qu’il s’agissait d’un acte qui n’a rien à voir avec notre façon d’embrasser.

  2. Il s’est marié avec deux sœurs, mais il a eu quatre femmes.
    Bilha et Zilpa n’étaient pas sœurs ni avec Léa, ni avec Ra’hel, ni entre elles, ce n’est que Léa et Rahel qui étaient sœurs.Lavan a voulu faire en sorte que le peuple d’Israël ne puisse pas naître, c’est pour cela qu’il a donné Léa à la place de Ra’hel, sachant que c’est de Ra’hel que devait sortir ‘am Israël, en tout cas une partie décisive de ce peuple, Yossef et sa descendance, or il savait que la Torah interdit le mariage entre deux sœurs, c’est pour cela qu’il a donné Léa, bloquant ainsi à Yaacov la possibilité de se marier avec Ra’hel.Néanmoins, Yaacov s’est quand même marié avec Ra’hel pour deux raisons :

    1. La Torah à l’époque n’était pas obligatoire, bien que les patriarches, en principe, la pratiquaient, ils faisaient des exceptions si c’était nécessaire, comme ces cas ;
    2. Étant donné qu’il habitait à l’étranger et qu’à l’étranger la Torah a moins de valeur qu’en terre d’Israël, et que s’il ne se mariait pas avec Ra’hel, alors tout le but de l’univers, c’est-à-dire la création du peuple d’Israël, tombait à l’eau, il a compris que d’après la Torah il était quand même préférable de se marier avec elle.
  3. Comme on dit en français « donner c’est donner, reprendre c’est voler », une fois que Ra’hel a accepté que Léa se marie avec Yaacov, Léa et Ra’hel deviennent les femmes de Yaacov à titre égal.
    Or Yaacov préférait Ra’hel et dormait dans sa tente, dans cette mesure, Léa a eu raison de dire « tu m’as déjà volé mon mari », cela ne signifiait pas que Ra’hel lui l’avait volé, mais que son mari préférait dormir avec Ra’hel plutôt qu’avec elle.
  4. Ra’hel a effectivement fauté en délaissant sa place auprès de Yaacov.
    Elle s’est dit qu’il ne s’agissait que d’une seule nuit et que ce n’était pas trop grave, alors qu’en contrepartie elle aurait reçu cette belle mandragore.On peut le comprendre, elle ne comprenait pas du tout que cela impliquerait qu’elle ne serait pas enterrée avec lui, elle s’est dit que pour une nuit, ce n’était pas si grave.
    Ceci dit, il y a sûrement une chose plus profonde qui concerne cet épisode des mandragores

Au revoir,
Rav Ron Chaya

Référence Leava : 21802
Date de création : 2012-12-28 11:12:40