Ma téchouva ne sied pas à mes parents…

 

Cher Rav,

J’ai bien lu votre réponse récente sur l’entourage qui va à l’encontre de la Torah, mais qu’en est-il des parents ?

  • Pour eux, je suis, comme vous le dites si bien, intégriste, fanatique, obscurantiste, moyenâgeuse…
    J’en passe et des meilleurs et avec l’âge, cela ne s’arrange pas.
  • Plus le temps passe, plus ils se demandent comment je fais pour être si peu ouverte sur le monde (pas de télé, mes enfants étant dans des écoles non-mixtes, etc.).
  • Je suis mariée et mère de famille et avec le recul, il m’est devenu de plus en plus difficile d’accepter toutes ces remarques mêlées d’indifférence ou de méchanceté…

Cela dépend…

  • Je prends conscience avec l’âge (je parle du mien ce coup-ci) que la famille et ses valeurs sont quelque chose de très très précieux et donc le comportement de mes parents m’est de plus en plus douloureux.
  • Je sais aussi que j’ai des factures envers Hachem, et que rien n’arrive par hasard (je parle de David et Chimi ben Guera)
  1. Les souffrances que me font ressentir mes parents peuvent-elles expier mes fautes ?
    Puis-je prier dans ce sens ?
  2. Concernant un niveau plus terre à terre, quel est le minimum syndical en matière de respect des parents ?
    Ils ont encore toute leur indépendance dans tous les domaines : ils travaillent, ils voyagent, sortent…
    Comment puis-je les respecter ? Sachant que lorsque je les appelle pour prendre des nouvelles, je les dérange constamment.
    Et que la solution de couper complètement les liens n’en est pas une pour moi…

C’est une mitsva si difficile…et je ne veux pas passer à côté.
Merci pour tout, que D. vous bénisse !

 

 

Réponse du Rav Ron Chaya : 

Chalom,

Il est clair que les efforts et la souffrance que vous endurez pour bien réaliser la Mitsva d’honorer ses parents sont non seulement une grande expiation de vos fautes, mais aussi et surtout une très grande Mitsva.

  • La Mitsva d’honorer son père et sa mère est l’un des 10 commandements.
    Étrangement, elle se trouve dans la première Table de la loi dont les commandements qui y figurent concernent tous la relation de l’homme avec D.ieu, alors que dans la deuxième Table de la loi, se trouvent les Mitsvot concernant l’homme et son prochain.

La raison à cela est la suivante :

  • Comme le dit la Guémara, il y a 3 associés pour la création de l’homme :
    le père,
    la mère
    et D.ieu.S’il y a association, il y a aussi ressemblance ; cela signifie que quelque part, si on peut s’exprimer ainsi, nos parents sont un peu comme D.ieu.
    Nous devons donc les honorer à ce point.

La Guémara raconte que la mère de Rabbi Tarfone est venue au Beth Hamidrach afin de demander aux élèves de prier pour son fils malade.

  • Elle leur déclara :
    « Mon fils a un grand mérite car il m’honore beaucoup ! »
  • Comment vous honore-t-il ?
    demandèrent les élèves.
  • Lorsque je me lève du lit, il met ses mains par terre afin que j’y dépose mes pieds pour ne pas qu’ils se salissent.
  • Si c’est ainsi, il n’est pas encore arrivé au millième de ce que demande la Torah

Autre exemple cité dans la Guémara :

  • La mère de Rabbi Ichmaël ben Elicha Cohen Gadol est venue se plaindre au Beth Hamidrach que son fils (qui était l’un des grands Tsadikim de l’histoire juive) ne l’honorait pas.
  • Étonnés, les élèves lui demandèrent :
    « En quoi ne vous honore-t-il pas ? »
  • La mère répondit :
    « Je veux lui laver les pieds et boire l’eau avec laquelle je lui ai lavés les pieds (elle connaissait le niveau spirituel de son fils et voulait en profiter ainsi), mais il refuse ! »
  • Par la suite, les Sages d’Israël ont dit à Rabbi Ichmaël ben Elicha Cohen Gadol qu’il avait l’obligation d’accepter la requête de sa mère.
  • Les larmes aux yeux, il leur répondit :
    « Comment pourrais-je accepter une telle chose ? ».
  • Ils lui rétorquèrent :
    « Si c’est son désir, en cela est la Mitsva de Kiboud Av Vaèm ».

Il s’agit donc d’une très grande Mitsva.

Par ailleurs, ‘Hazal ont dit qu’une Mitsva accomplie avec souffrance vaut davantage que 100 Mitsvot réalisées sans souffrance.

Qui sait ?
Peut-être que votre vie et votre santé vous sont données grâce aux souffrances que vous subissez.
Il est clair qu’il est extrêmement difficile de respecter ses parents.

En effet, la Guémara déclare : « Heureux sont les orphelins ! ».

Pourquoi ?
Car ils n’ont pas à se mesurer à une Mitsva aussi difficile qu’il est presque impossible de réaliser à 100%.
Néanmoins nous devons faire tous les efforts possibles dans ce sens.

Concernant la façon de les honorer, faites tout simplement ce qu’ils vous demandent, et même s’ils ne vous demandent rien, essayez de réaliser leur désir (bien entendu, tant que cela ne va pas à l’encontre du désir de D.ieu).

Le Rav Ben Tsion Aba Chaoul Zatsal témoigna que sa mère ne lui a jamais rien demandé.
En effet, il devinait toujours ce qu’elle souhaitait avant qu’elle ne le lui demande, et le faisait immédiatement.

Au revoir,
Rav Ron Chaya

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Référence Leava : 70514
Date de création : 2016-05-16 12:19:40