[RType Kiboud] Comment conserver le kiboud av vaèm dans des situations nuancées ?

 

Chalom,

Vos cours sur le respect des parents nous montre l’importance de cette mitsva.
Cependant, j’imagine que beaucoup de baalé téchouva sont confrontés à un problème à ce propos.

Nous savons que la halakha passe avant le respect des parents, mais il y a de nombreuses situations ou le problème est plus nuancé ; ce n’est pas du ressort de la halakha, mais du derekh.

Quelques exemples :

  • Une mère ne veut pas que son fils porte le chapeau (par peur d’ antisémitisme, mais surtout par esprit anti orthodoxe), on fait quoi ?
    Le chapeau n’ est pas une obligation, mais une marque d’ identité…
  • Un père profite du fait que sa fille soit religieuse pour lui demander tout et n’importe quoi, s’en foutant de la religion mais ne se privant pas au moindre faux pas du « c’est ça les religieux ? » !
  • Un père critiquant les rabanim, les religieux en général,… on se tait ( = approuver) ? , ou on répond (quitte à ce que cela dégénère en une dispute)

Déjà que quand une réaction qu’on doit avoir de manière certaine d’ après la Torah, on doit faire de grands efforts pour se contrôler soit même, alors quand cela dépend aussi de personnes ne voyant pas la nécessité de faire des efforts, et que la réaction est nuancée….
On ne sait plus très bien ou on habite ;-(

Tous les parents ne sont pas compréhensifs, respectueux, etc… quand on est plus dans un domaine de permis /interdit… mais de froum/ fraï, on fait quoi ?
Le problème est que selon les parents , et selon les enfants , cela peut vite dégénérer, mais la culpabilité n’est que dans un sens.
Car cela influe aussi dans le chemin qu’ on veut prendre une fois marié… alors doit-on prendre cela aussi en compte ?

Réponse du Rav Ron Chaya :

Chalom Manu,

La halakha de kiboud av vaèm est extrêmement grave, et, comme n’importe quel domaine de la halakha, elle est nuancée, et la halakha tranche dans ces nuances.

Je te la résume brièvement :

  • Si la demande des parents touche à leur kiboud av vaèm, c’est-à-dire qu’ils demandent de les habiller, les nourrir, les accompagner à la synagogue, ou toutes les choses nécessaires à cela (les achats de vêtements, de nourriture…), les enfants sont obligés de leur obéir, même si ça leur est très pénible.

Par contre, si les parents demandent quelque chose qui n’est pas de ce ressort et qui ne les concerne pas, mais qui concerne l’enfant lui même (par exemple une demande que le fils s’habille bien, qu’il n’exerce pas un certain métier, ou ne fasse pas un certain achat), il y a ma’hloket :

  • La majorité des décisionnaires disent que les enfants doivent obéir,
  • Le Rav Ovadia Yossef Zatsal les en dispense.

Mais tous sont d’accord que si cela occasionne une perte financière ou un problème de Chalom Bayit, l’enfant n’est pas obligé d’écouter ses parents.

  • Chaque fois que les parents demandent une chose contraire à la Torah ou à un coutume ayant force de halakha, les enfants ne doivent pas obéir.
    • S’il s’agit d’une ‘houmra – une volonté de faire plus que la halakha – ou d’une coutume non obligatoire, on doit obéir aux parents, et cela à la condition de le faire pour les honorer (pour les habiller, les nourrir…).
    • Mais si les parents demandent d’annuler une ‘houmra ou une coutume personnelle pour d’autres raisons que celles susmentionnées (c’est-à-dire ne les concernant pas directement), là tout dépend si la raison avancée par les parents est valable (par exemple, le fils veut faire le brit de son petit dernier tôt le matin, comme cela est conseillé d’après le Choulkhan Aroukh, et les parents ne veulent pas car cela sera compliqué pour toute la famille d’être disponible à ces heures-là :
      • le fils devra les écouter).

Si la raison n’est pas valable ou va contre la Torah, on pourra leur désobéir.

D’après ces critères, voici les réponses à tes questions :

  • Si une mère ne veut pas que son fils porte le chapeau :
    A mon humble avis, le port du chapeau est aujourd’hui une coutume juive ayant valeur de halakha.
    L’enfant est donc dispensé d’écouter sa mère.
    Et même si cela n’a pas valeur de halakha, le fils sera dispensé d’obéir tant que sa mère n’apporte pas d’argument valable.
  • Un père qui profite de sa fille religieuse pour lui demander tout et n’importe quoi :
    La fille ne devra lui obéir que selon les critères susmentionnés.
  • Dans tous les cas où les parents critiquent la religion, les rabbins… :
    Le mieux est de se taire, sans que cela veuille dire qu’on approuve.

Bonne chance et courage pour cette valeureuse mitsva,

Au revoir,
Rav Ron Chaya

Cours sur le sujet :

Référence : 854
Date question sur Leava : 2006-12-04 18:12:02