Je viens de recevoir un message concernant le fondement du hallel le jour de yom haatsmaout. Que répondre à ce genre d’arguments ?

 

B »H

Bonjour Rav Chaya,

Ci-dessous le message que je viens de recevoir sur ma boite mail.
Que répondre à ce genre d’arguments ???

Halakha et fondements du Hallel le jour de Yom Haatsmaout (résumé)

La lecture du Hallel le jour de Yom Haatzmaout a été institué par le beth din du grand rabbinat d’Israël ayant a sa tête les Rabbanim Ouziel et Hertzog et, plus tard, les rabbanim Goren et Ovadia Yossef…

Fondements :

  1. Traité Pessahim 117a « Rabbi yitzhaq rapporte l’enseignement de Chmouel :
    Le cantique (de la mer rouge) c’est Moïse et Israël qui l’ont dit lorsqu’ils sont montés de la mer ; et ce Hallel, qui l’a dit ?
    les prophètes qui étaient parmi eux ont institué pour Israël d’avoir à le dire pour toute situation historique et pour toute détresse qui ne survienne – et lorsqu’ils en sont délivrés ils le disent à propos de leur délivrance. »
    Et Rachi précise : comme c’est le cas de Hanouca.
    Nous apprenons de là que le Hallel de Hanouca n’est pas une « innovation » des Hasmonéens, mais l’application d’une règle instituée par les premiers prophètes et cette règle s’applique en toute situation où le peuple est sauvé d’une menace pesant sur lui.
    A propos de l’expression (début du Cantique de la Mer) Vayomrou lémor, le midrach (Chémot Rabba 23) explique : « Ils ont dit de dire ; nous dirons à nos fils et aux fils de nos fils qu’ils disent devant Toi un chant quand Tu auras fait pour eux des miracles. »
  2. Méguilat Taanit chap. 9
    « Pour quelle raison ont-ils décidé de dire le Hallel complet (ligmor ett haHallel) ?
    C’est qu’à chaque fois que Haqadoch Baroukh Hou sauve Israël, [les Juifs] viennent à Lui avec louanges (Hallel) et en chantant, selon ce qui est dit (Ezra 3) : Ils reprirent par Hallel et Hodou laChem ki tov, etc. »
  3. Pour références analogues et complémentaires sur l’obligation de dire Hallel et la gravité de ne pas le dire, Pessiqta Rabbati s/Hanouca, Chéiltoth de rav Ahaï Gaon 26, traité Sanhédrin 94a.Certains postulent que l’obligation de dire le Hallel est une mitzva de la Thora et certains disent que dans le cas d’un sauvetage, pour les générations ultérieures, la mitzva est rabbinique.
    Mais les uns et les autres sont d’accord sur le fait que dire le Hallel est une obligation.Le grand rabbinat d’Israël sous la direction des grands-rabbins Hay Ouziel et Isaac Herzog zikhronam livrakha a institué l’obligation de dire Hallel à Yom Haatzmaout, décision reconduite par les grands rabbins Chlomo Goren zatzal et yibadel léhayyim aroukim le rav Ovadia Yossef chlita, leur autorité étant fondée sur le devoir d’écouter « le Juge de ton temps » (Deut. 17, 8 ; Roch Hachana 25b) et sur le principe d’une décision prise par un « Tribunal important » (Beth Din hachouv).Indépendamment de la signification proprement religieuse de l’événement du rétablissement d’une souveraineté juive sur Eretz Israël en 1948 (partielle) et 1967 (totale), dans les deux cas tout le Yichouv, c’est-à-dire le Klal Yisrael, était sous la menace d’une destruction imminente et totale et il a été sauvé par la grâce de Dieu.
    Ne pas dire le Hallel dans ces conditions serait une marque d’ingratitude sans pareille.
    Ce n’est pas une coutume mais une obligation positive(halakha léma’assé).

    Le fait que certaines communautés ne pratiquent pas une mitzva ne transforme pas l’obligation de celle-ci en safeq.
    L’habitude est de dire le Hallel complet.

De plus :

  1. La création de l’État d’Israël après 2000 ans d‘exil et malgré la Choah est un miracle d‘une envergure universelle qui concerne tout le peuple d‘Israël.
  2. Ce n‘est pas une taqanat hakhamim mais une taqanat néviim.
    Les circonstances prévues par cette taqana correspondent exactement à celles de Yom Haatsmaout.
    La bérakha n‘est donc pas ici une taqana nouvelle mais l‘application d‘une taqana ancienne.
  3. C‘est précisément le jour de la Déclaration de l‘Indépendance puisque c‘est ce jour-là exactement que s‘est réalisé pour notre génération « yétsia méavdouth lehérout ouméaféla léor gadol » qui compte et non une quelconque décision de l‘Onu.
    L’institution de la célébration religieuse de yom haatsmaout n’est pas due a des groupes non religieux, mais au beth din du grand rabbinat d’Israël.
  4. Ce n‘est pas – comme à Hanoucca d’ailleurs – sur les victoires militaires que nous disons le Hallel (bien qu’elles soient aussi impliquées, comme pour Hanoucca dans le ‘al hanissim – massarta guiborim béyad halachim vérabim béyad méatim…) mais sur la fin de la Galouth et le commencement de la Guéoula.
  5. Le principe de safeq bérakha léhaqel ne s‘applique pas dans le cas d‘un minhag.
    La bérakha du Hallel a été établie par un « beith dîn hachouv » (le grand rabbinat d‘Israël qui a aussi le statut de « hachofeth chèbeyamèkha » – Roch Hachana 25b).
    Ce Hallel a donc au moins les prérogatives de minhag vatiq institué par une ordonnance rabbinique.Et nos communautés ainsi que celles des séfaradim d’Afrique du Nord suivent en cela la psiqa de Rabbénou Tam de faire la bérakha sur les minhaguim, comme Hallel à Roch Hodech.
    Ce Hallel avec bérakha a été institué par ordonnance rabbinique et le principe de safeq bérakha léhaqel (qui est déRabbane) ne peut pas être opposé à une ordonnance rabbinique mettant en jeu l’honneur de la Thora et de ses maîtres qui est déOrayta.

Hodech Tov et Hag Saméa‘h lékhol beit Israël

 

Réponse du Rav Ron Chaya : 

Chalom,

J’ai lu avec attention le mail prétendant donner les fondements de la halakha selon laquelle il faudrait dire le Hallel le jour de Yom haatsmaout, et voici ma réponse :

  1. A propos des points 1 et 2 :Ce n’est pas chaque personne du peuple juif qui peut décider de faire le Hallel. Ce seront les grands dirigeants de la génération qui devront statuer ainsi.
  2. En ce qui concerne le point 3 :

Les rabbins qui sont cités, excepté rav Ovadia Yossef Chalita, bien qu’ils soient certainement des rabbins extrêmement importants, et sans rien leur enlever du kavod qui leur revient, n’atteignent néanmoins pas le niveau des grands dirigeants spirituels du peuple juif.

De plus, aujourd’hui, il n’y aucun, je souligne bien aucun des grands dirigeants spirituels du peuple juif qui fait le Hallel, que ce soit avec ou sans berakha, et qui change quoi que ce soit durant ces jours de deuil dans lesquels nous nous trouvons, le période du Omer.

N’importe quelle personne qui a un minimum de connaissance en Torah sait très bien que les grands de la génération actuels sont, dans le monde séfarade rav Ovadia Yossef Chalita, et dans le monde ashkénaze le Rav Eliachiv Chalita, le Rav Steinman Chalita, le Rav ‘Haïm Kaniewsky Chalita et Rav Shmouel Auerbach Chalita.
Les 3 premiers ont plus de 95 ans, les deux autre sont relativement jeunes et n’ont « que » plus de 80 ans.

Tous les autres Talmidé ‘Hakhamim de la génération sont inférieurs à eux.
Toute personne honnête connaissant le monde de la Torah en conviendra.

Donc quoi qu’on veuille argumenter du point de vue de la Torah comme quoi il y aurait une obligation de faire le Hallel à Yom haatsmaout, la question se pose alors : pourquoi ces grands de la Torah qui connaissent certainement tous les arguments ne le font-ils pas ?
Il est vrai que Rav Ovadia Yossef Chalita écrit dans Yabia Omer (tome 10, ch. 53) qu’on peut faire le Hallel Yom haatsmaout, néanmoins il précise que si on le dit avec berakha, on fait une berakha lévatala, et on transgresse par cela le 3e des 10 commandements.
Donc ce qu’il autorise de faire, ce n’est que le Hallel bédiloug, soit lire quelques chapitres de Téhilim ; et effectivement, pourquoi interdire de lire des Téhilim ce jour ?
MAIS quoiqu’il en soit, ce n’est qu’une autorisation, mais absolument pas une obligation.

PLUS que cela, halakha lé-maassé, c’est-à-dire dans la réalité, le rav Ovadia Yossef Chalita ne dit PAS le Hallel Yom haatsmaout (pour plus de détails, consultez les liens cités en fin de réponse).
Donc TOUS les grands de ne lisent pas.

Mes réponses concernant les points de la partie « De plus » :

  1. C’est un miracle, certes, mais pour des raisons évidentes, les grands de la Torah n’ont pas voulu fêter ce jour.
  2. Seuls les grands de la génération peuvent décider si on applique la takana des neviim ou pas, et dans le cas occurrent, ils ont décidé que non.
  3. Le point parle de la date de Yom haatsmaout.
    Rien ne change au fait qu’on ne doit pas dire le Hallel le jour de Yom haatsmaout, peut importe quand tombe ce jour.
  4. De nouveau, il s’agit d’un argument toraïque, et dans ce cas-là, pourquoi les grands de la Torah ne font-ils pas le Hallel à Yom haatsmaout ?
    Preuve en est que cet argument n’en est pas un.
  5. La question n’est pas s’il y a berakha ou pas sur le Hallel, il n’y a pas de Hallel de toute façon.
    Pour plus de détails, consultez les liens suivants.

Au revoir,
Rav Ron Chaya

Voir le Le Vrai Visage d`Hertzl – הרב אמנון יצחק בצרפתית – הרצל והציונות et aussi un lien sur « la minute de silence » 

 

Référence Leava : 13058
Date de création : 2011-05-05 09:05:18