Est-il une réelle mitsva positive que d’aimer son prochain ? Comment peut-on obliger son cœur à aimer son prochain ? Cette obligation est-elle absolue, intangible ?

 

Bonsoir,

Je m’intéresse actuellement aux lois relatives à l’amour du prochain, et plusieurs questions surgissent, lesquelles j’espère vous allez pouvoir y répondre.

  1. Est-il une réelle mitsva positive que d’aimer son prochain (juif) ?
    Ou bien est-ce plutôt une interdiction d’haïr son prochain?
  2. Je sais que cette obligation implique concrètement celle d’aimer son prochain dans son cœur.
    Mais comment cela est-il possible?
    Comment peut-on obliger son cœur à aimer son prochain?
  3. Cette obligation est-elle absolue, intangible ?
    Ou bien au contraire cède-t-elle devant des hypothèses terribles, à certaines conditions ?Par exemple, si un juif nous a volé, doit-on essayer de faire la paix pour finalement, tenter de respecter cette mitsva qu’est celle d’aimer son prochain ?
  4. Qu’en est-il du racha?
    De l’apikoross ?
    Doit-on eux aussi les aimer et faire notre possible pour les aimer de tout notre cœur ?

Dans l’attente de vous lire, je vous souhaite un excellent Chabbat.
Merci

Réponse du Rav Ron Chaya : 

Chalom,

Voici les réponses à vos questions :

  1. Il y a une réelle mitsva positive d’aimer son prochain,
    • Comme il est écrit dans la Torah, Vayikra, chapitre 19 verset 18 :
      • Ne te venge ni ne garde rancune aux enfants de ton peuple,
        mais aime ton prochain comme toi-même :
        Je suis l’Éternel.
    • Il y a une autre interdiction dans la Torah, celle d’haïr son prochain,
      dans le même chapitre, verset 17 :

      • Ne hais point ton frère en ton cœur :
        reprends ton prochain,
        et tu n’assumeras pas de péché à cause de lui.

    Vous aurez plus de détails sur les critères de ces interdits en consultant les cours la haine (1/2) et la haine (2/2).

  2. Étant donné que la Torah nous oblige d’aimer notre prochain, il existe un moyen de contraindre le cœur à aimer.
  3. On a le droit, et même l’obligation d’haïr le racha ; néanmoins, on ne pourra le faire que si on a rempli 4 conditions.

    Voici les 4 conditions qui donne le droit (voire l’obligation) d’haïr un racha :

    • Que nous l’avons vu nous-mêmes transgresser un interdit, ou qu’on ait des preuves dans son comportement que ce que disent les gens sur lui qu’il a péché soit vrai.
      On a le droit de croire ce que les gens disent sur lui si ce sont des choses qu’on peut vérifier facilement, et que tout le monde peut voir car les gens n’auraient pas menti de façon aussi grossière.
      On peut aussi croire ce que le gens disent sur lui s‘il y a des rumeurs continues de la majorité des gens de la ville sur cet homme.
    • On n’a le droit d’haïr cette personne que si le péché qu’il a transgressé est un interdit de la Torah, mais si cette personne n’a pas pratiqué une coutume d’Israël, on ne peut pas la haïr pour cela.
      En ce qui concerne les lois déRabannan, et même les lois Déoraïta, mais positives, les avis des décisionnaires divergent.
      Si une personne n’obéît pas aux décisions d’un tribunal rabbinique, on peut la haïr.
    • Il n’y a pas de limoud zekhout,
      c’est-à-dire que d’après les lois du limoud zekhout (c’est-à-dire l’obligation de juger son prochain favorablement), dans le cas de ce pécheur, on n’a pas de moyen de le faire.

      • Pour connaître ces lois, consulte ces liens,
      • Si on a vu un Talmid ‘Hakham faire un péché, même si on n’a pas de moyen de le juger favorablement, on doit néanmoins ne pas le haïr car on a la présomption qu’il a fait téchouva, mais si on le voit sans cesse revenir sur ce même péché, cette présomption disparaît.
    • On ne peut haïr le pécheur que si on est certain qu’il soit conscient de la gravité du péché qu’il fait.
      C’est pour cela que s’il s’agit d’un péché connu de tout le peuple juif, tel que d’avoir une relation interdite avec une non-juive ou une femme mariée, ou de manger du porc, on peut directement le haïr.
      Mais s’il s’agit d’un péché où il y a lieu de croire que le pécheur n’est pas au courant de la gravité du péché, on doit auparavant l’en informer, et si après l’en avoir informé, et qu’il a bien compris qu’il est pécheur en agissant ainsi et que néanmoins il continue à pécher, ce n‘est qu’à partir de ce moment qu’on aura le droit de le haïr.

    Il existe 3 raisons motivant cette obligation :

    • Il fait partie de la crainte de D. que de haïr le mal, donc aussi ceux qui le font ;
    • Pour s’éloigner du racha ;
    • Pour faire pression sur lui pour qu’il se repentisse.

    Bien qu’on ait la permission (et même l’obligation) d’haïr le racha,
    néanmoins on n’a pas le droit de ne pas avoir pitié de lui et de ne pas l’aider quand il en a besoin,
    mais cela ne concerne que le pécheur qui pèche par envie,

    mais celui qui se bat pas principe contre la Torah,
    ou qui ne croit pas en la Torah,
    ou qui incite d’autres gens à ne pas pratiquer la Torah,
    nous sommes dispensé de l’ aider même dans ses malheurs.

  4. Comme susmentionné, on ne fera pas de distinction entre le racha et l’apikoross dans le droit ou la mitsva de les haïr.
  • Néanmoins il y a une distinction entre eux si on a le droit de ne pas leur donner l’aide dont ils ont besoin comme susmentionné.
    • Attention, il s’agit de racha ou d’apikoross qui sont conscient de la gravité des actes qu’ils font.
      Aujourd’hui, comme indiqué dans ce lien, ils ont souvent et d’après certains avis un statut de tinok chénichba.
  • Néanmoins, il existe un type de pécheur qui même s’il n’est pas au courant de la gravité de ce qu’il fait, nous avons néanmoins la mitsva de le haïr, et même l’interdiction d’arrêter de le haïr :

Au revoir,
Rav Ron Chaya

Jusqu’à quel point doit-on juger l’autre positivement … sans tomber dans la naïveté ⁉️

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Référence Leava : 66397
Date de création : 2015-06-28 13:11:17