Peut-on transgresser chabbath pour sauver ou protéger des vies? Est-ce vrai que l’hébreu d’origine est différent du nôtre? Pourquoi ne pas faire écouter des chiourim aux personnes dans le coma?

Rav Ron Chaya shalom,

Je souhaiterai vous poser quelques questions et aussi vous présenter une proposition.

Première question concerne le travail « obligatoire » à shabat. Alors, qu’est-ce que j’entends par obligatoire ? Prenons par exemple l’armée. Si tous les shabats l’armée était « en vacance », le pays ne serait pas défendu 1/7 du temps. L’armée travaille donc shabat. Alors quoi, peut-on transgresser le shabat pour de « bonnes » raisons (j’entends par là sauver des vies au moins) ? Donc par analogie, est-ce qu’il est permis, toléré, de garder une synagogue à shabat ? à kipour ?

Evidemment, je conçois que l’idéal serait qu’on étudie et prie tous et ainsi l’idée même d’un problème sécuritaire disparaîtra. Cependant, on voit que ce n’est pas le cas et on voit que ce genre de dispositifs ont déjà permis d’éviter nombre de victimes. Quel est votre avis, quel devrait être le mien ?

La deuxième question est plus d’ordre historique qu’étique ou halakha. J’avais entendu dire qu’il existait plusieurs façons de lire certaines lettres. Bien sûr, nous connaissons tous le caf et le khaf, le bet et le vet, etc. En revanche on connaît moins les sonorités du tav et tu s’av (prononciation ashkénaze) et encore moins les deux guimel ou d’autres lettres « doubles ». Enfin, le guimel double, je l’avais vu dans un livre d’une édition totalement profane donc je ne sais même pas si ceci a du sens. En posant les questions dans mon entourage j’ai eu beaucoup de réponses similaires à « aucune idée » mais aussi une autre intéressante si elle est vrai : « De toute façon le vrai hébreux ne ressemble en rien à ce que nous avons aujourd’hui ». Je suppose que cette personne parlait de la forme des lettre plus que des mots en eux même (car cela reviendrai à renier d’énormes travaux sur la torah…). Ma question est « en avez-vous entendu parler ? Qu’en savez-vous ? ». J’irai même plus loin « comment est/était le vrai hébreux» ?

Venons-en à ma « proposition ». Après avoir vu nombre de vos vidéos et notamment celui traitant d’éthique médicale juive, il m’est venu une idée un peu tirée par les cheveux : on dit que les gens dans le coma entendent ce qu’il se passe autour d’eux. Pourquoi ne pas profiter de cela pour leur passer toute la journée des cassettes contenant des shiourims traitant de tous les sujets possibles ? Ainsi le temps passé dans le coma serait mis à profit. Techniquement c’est quelque chose de possible en Israël, si un médecin peut assurer que cela n’a aucun effet négatif sur le patient, si au niveau éthique (juive) ce n’est pas interdit et si la famille du patient est d’accord.

Enfin, vient une question plus simple. Etant petit on m’a enseigné qu’on devait donner 10% de ses revenus à la tsedaka. Le problème c’est que ce qui est à la portée de main, c’est la possibilité de faire des dons pour planter des arbres en Israël. Ce que j’estime moins important que nourrir les pauvres. Ma question est « pour s’acquitter du devoir de donner 10% de ses revenus, doit-on obligatoirement donner aux pauvres ? Est-ce que le don à une Yeshiva permet de s’acquitter de cette obligation ? Et le don pour planter des arbres ? »

Ps : j’espère que mes questions ne vous auront pas paru trop saugrenue ; tant pis, j’aurai pris le risque d’apprendre.

Pps : veuillez aussi excuser l’apparente familiarité, à force de vous voir j’ai l’impression de vous connaître…

En vous remerciant infiniment des shiourims que vous mettez à disposition sur internet qui me permettent personnellement de renforcer petit à petit (passant du shopping/boite de nuit à shabat/limoud).

 

Réponse du Rav Ron Chaya : 

Chalom Jack,
D’après la halakha il est non seulement permis de transgresser le Shabbat, mais c’est une mitsvah de le transgresser chaque fois qu’il y a un petit doute que nos vies sont en danger, d’où toutes les permissions de transgresser le Shabbat pour les dispositifs de sécurité.
En ce qui concerne la prononciation des lettres, la prononciation la plus proche de la source est celle des yéménites.
En ce qui concerne la forme des lettres il y a deux avis dans le traité Méguila. Un dit que la Torah a été donnée en lettres cursives, qui ont ensuite été changées dans la forme que nous avons aujourd’hui. D’autres disent que la Torah a été donnée en lettres dans leur forme actuelle puis transformée en lettres cursives, et de nouveau changée en lettres dans leur forme originale. Quand nous parlons de changer, il ne s’agit ni d’une mode ni d’une perte, mais il s’agit de prophètes agissant sous l’ordre divin.
Effectivement, la proposition a l’air intéressante, mais il faudrait l’avis du médecin, surtout au niveau éthique. J’ai peur que cela fasse un grand tollé dans le monde non religieux si une chose pareille se produisait.

On peut donner le maasser, c’est-à-dire les 10% de ses revenus, à des pauvres ou à ce qui s’appelle Ahzaqat Torah c’est-à-dire une yéchiva ou un kollel , mais pas pour planter des arbres.
Au revoir,
Rav Ron Chaya

 

Référence Leava : 1880
Date de création : 2007-09-04 13:09:03