Partant de l’idée que le spirituel est hors du temps, peut-on considérer que parmi les anges, certains sont créés par nos actes et que le monde est adapté à nos actes ?

Bonjour Rav Chaya,

J’ai beaucoup médité depuis plusieurs mois sur la notion de libre arbitre, et j’ai mis bout à bout 3 notions de la Torah que l’on m’a expliqué dans divers cours (dont les votre), et j’en ai tiré une conclusion que j’aimerais vous soumettre pour me dire si elle est cohérente avec ce que dit la Torah.

  1. Tout ce qui est matériel dépendu du temps, la matière a un début et une fin.
    A l’inverse, tout ce qui est spirituel est en dehors du temps et n’a ni début, ni fin, toute notion de avant/apres/pendant est inexistante pour le spirituel.
    D.. a créé le monde par la parole, et par la parole il a créé des anges pour accomplir les actes sur terres (derrière chaque brin d’herbe, il y a un ange qui lui dit de pousser) 
    De la même manière, l’Homme qui a été créé a l’image de D… créé des anges par la parole pour accomplir ses volontés. (Bien ou novais en fonction de l’acte)
  2. Dans la Paracha Berechit, lors de la création de l’homme, Hachem s’adresse au anges pour demander leur avis (nous allons créer l’Homme).
    Le Midrash raconte que 4 groupes d’anges se sont formés, 2 étaient pour, 2 étaient contre…

    J’en ai donc déduis :
    Peut être que parmi les anges à qui Hachem s’est adressé, il y a ceux créés par nos actes, et que par conséquent, Hachem nous ait créé un monde qui soit adapté à nos actes.

    Rav Ye’hia Benchetrit expliquait dans un cours que la synagogue dans laquelle on se trouvait était déjà prévue depuis la création du monde, que le fait qu’il nous donne un cours ce soit soit aussi déjà prévu, ainsi que l’arbre qui a servir à faire la papier pour écrire son cours aussi.
    Son seul libre arbitre sa motivation intérieure pour donner ce cours.
    Donne-t-il ce cours pour nous impressionner, ou pour transmettre la Torah a-t-il dit.

Un autre point :

  • Après la création de l’Homme, la Torah continue sur le Chabbat, puis revient sur l’Homme, un peu comme un flash back. Mais la Torah sors t’elle de ce flash back ?
    Tout le contenu de l’existence humaine serait il compris entre le 6ème et 7ème jours ?
    J’en ai donc conclu que nous participons a la création de l’Homme.

    Le bois des arbres fruitier devaient avoir le même gout que le fruit, la lune devait être égale au soleil d’après les plan de Hachem.
    Le but de l’Homme dans ce monde est il de se rapprocher du mieux possible du plan d’Hachem ?

Merci Rav.

 

Réponse du Rav Ron Chaya : 

Chalom Jeremie,

  1. Il est vrai qu’au niveau de la divinité elle-même, la notion d’intemporalité est présente mais néanmoins D. agit dans notre monde dont la réalité est dans le temps.
    Dans cette mesure, il y a aussi des entités spirituelles qui agissent dans le temps.
    Ainsi, certains anges ont une limite dans le temps.
  2. Les anges à qui s’est adressé Hachem lors de la création n’étaient pas des anges créés par nos actes mais des anges qui existaient alors que nous n’existions pas encore.
  • A propos de ta question concernant le « flash back » où la Torah revient sur l’histoire de l’homme après le Chabbat, regarde le commentaire de *Rachi sur le verset 8 du chap. 2, il y cite la beraïta de Rabbi Eliezer, le fils de Rabbi Yossé Haguelili, contenant les 32 lois d’exégèse ; parmi ces dernières, il y en a une qui est «un cas général suivi d’une action».
    L’action sera le détail du cas général précité.

    Donc dans le 6e jour avant Chabbat, la Torah raconte le cas général de la création de l’être humain sans dire comment il a été créé et ce qu’il a fait.
    Après le récit du Chabbat, elle revient nous raconter l’action, donc le détail de la loi générale précitée : comment le premier homme a été créé et ce qu’il a fait après sa création.

    Il est vrai qu’au niveau du drach il y a un rapport entre les jours de la création et les millénaires de l’ère universelle, comme le dit le Ramban.
    Dans cette mesure, il n’est pas faux de dire que nous participons à la création de l’homme, c’est-à-dire que nous sommes des parties de l’âme du premier homme et que par notre travail d’étude de Torah, mitsvot ou souffrances, nous réparons le péché originel afin de pouvoir entrer dans le Chabbat universel.

Au revoir,
Rav Ron Chaya

*
Vers l’orient (mikèdèm) 

C’est à l’est de ‘Eden que D.ieu a planté le jardin.
Mais peut-être objecteras-tu [en prenant le mot mikèdèm comme exprimant une antériorité] qu’Il avait déjà créé l’homme, puisqu’il est écrit :
« Élokim créa l’homme à son image » (supra 1, 27).
J’opposerai, dans ce cas, la Beraïta de Rabi Yossi Haglili qui nous enseigne les trente-deux règles d’interprétation de la Torah.

Voici l’une d’elles :
Lorsqu’une « généralité » est suivie d’un récit, ce dernier constitue un détail de la première.
« Élokim créa l’homme » – généralité, mais celle-ci ne spécifie pas à partir de quoi et comment.
Puis il est écrit :

  • « Hachem-Élokim façonna l’homme…
  • Il fit pousser du sol tout arbre…
  • Il le plaça dans le jardin de ‘Eden…
  • Il fit tomber un sommeil… »

On pourrait croire, en entendant cela, qu’il s’agit d’un autre récit, alors qu’il ne constitue, en fait, qu’un détail du premier.

Pour les animaux aussi, dont la création a déjà été mentionnée (supra 1, 27), le texte se répète :
« Hachem-Élokim avait formé de matière terrestre tous les animaux » (verset 19).
Mais c’est pour ajouter :
« Il les amena vers l’homme pour voir comment il les appellerait », et aussi pour indiquer que les oiseaux ont été créés d’un mélange de terre et d’eau.

 

Référence Leava : 8477
Date de création : 2010-02-16 18:02:03