Je suis chrétienne mais je m’interroge sur mes origines…

Madame, Monsieur, Voici déjà plusieurs années que je garde dans mes tiroirs un roman dont le titre est « la doublure » (rien à voir avec le film de Francis Weber) qui décrit l’histoire d’une jeune juive dans les années soixante avec de nombreuses rétrospectives dans les années 39-45. L’héroïne recherche ses racines, quitte ensuite le Portugal pour chercher à se libérer de sa propre culpabilité et de celle de son père… Or, depuis que j’ai achevé ce roman, je m’interroge de plus en plus sur mes propres racines. Certes, mon père, Pierre Cazin, a eu, tout le long de sa vie des amis et connaissances juives à Lille, dont j’ai apprécié moi-même la grande gentillesse et générosité ; certes, j’ai rencontré moi-même une amie juive dans les Yvelines qui a elle-même lu mon roman et m’a proposé quelques corrections ; certes, je fus comme beaucoup extrêmement touchée par tous les films ou téléfilms ayant trait au génocide juif…mais je ne parviens pas à m’expliquer cette sensation de « venir de partout et de nul part »…Et presque toutes les semaines, une personne avec qui j’ai l’occasion de parler de la pluie et du beau temps me demande: « vous venez d’où?. C’est récurrent depuis mon adolescence, sauf pendant mon mariage où je raidissais volontairement mes cheveux. J’ai découvert juste un site d’un certain Monsieur Testu qui prétendrait que Cazin aurait une origine juive séfarade d’Afrique du Nord, j’ai découvert un certain Alfred Kazin, écrivain aux USA, et m’interroge sur la transformation du « k » de Kazin en « C », tout comme le « k » de « Kohen » s’est transformé en « C ». Par-ailleurs, j’ai découvert hier des personnes, je crois en Bosnie-Herzégovine qui portent le même nom que moi, ex: Damir Cazin, Alen Cazin et une ville assez importante dans ce pays portant mon nom…curieux…si l’on considère que des gens pensent d’après ma physionomie (pommettes très saillantes, yeux foncés, bouclée, front carré, lobes un peu décollés, menton un peu triangulaire) que je viens de Yougoslavie justement…ou du Portugal…ou même parfois du Maghreb, d’Iran etc…bref, tout sauf de la France!!! En aucun cas, je ne suis vexée, cela m’intrigue, surtout lorsque je vois qu’Alfred Kazin parlait yiddish dans sa famille et que Paul Cazin s’est converti, visiblement au christianisme, mais était-il athée? Enfin, mon frère, il y a plus de vingt ans, avait déjà fait un grand travail sur la généalogie de nos deux familles, il avait trouvé un chevalier Cazin en Suisse Engadine, dans le village de Souchs. Côté maternel, on retrouve Pierre Curie, protestant, qui épousa, comme tout le monde le sait, Marie Curie. Mais il n’y a eu aucune descendance après Irène Curie si je ne m’abuse, donc il n’y a aucun lien de parenté. Je me suis déjà rendue à la synagogue de Lille un Samedi matin pour assister à une prière. Bien que chrétienne « de naissance », j’ai éprouvé des choses que je ne saurais décrire. Il en fut de même lors des obsèques du grand ami de mon père. Hélàs, je n’ai pas le droit de rentrer de nouveau à la synagogue. On m’avait dit que le Rabbin répondrait à mon mail, certainement est-il trop occupé ou tout ceci lui semble beaucoup trop dérisoire pour lui…? Quoiqu’il en soit, si vous pouviez m’aider et trouver éventuellement un début d’explications à tout cela, je vous en serais très reconnaissante, Vous remerciant à l’avance pour vos démarches, je vous prie d’agréer, l’expression de mes salutations distinguées, Lucie CAZIN

 

Réponse du Rav Ron Chaya : 

Bonjour Lucie,
D’abord désolé pour le retard, j’ai beaucoup voyagé en France ces dernières semaines et je n’ai pas eu le temps de répondre aux mails plus tôt.
Aucun élément de ce vous m’avez écrit ne certifie que vous soyez vous-même juive. Le doute subsiste. Si vous « éprouvez des choses que vous en sauriez décrire », d’après les sources juives, il se peut que vous ayez une étincelle juive (c’est-à-dire une réalité spirituelle dans votre âme qui appartient au peuple juif) qui pourrait éventuellement un jour vous pousser à faire une conversion au judaïsme. Le peuple juif n’est pas prosélyte, c’est une chose que vous devez régler avec vous-même.

Dans le cas où vous voudriez débuter un processus de conversion, vous devrez vous adresser au consistoire de votre ville.
Au revoir et bonne chance dans votre démarche,
Rav Ron Chaya

 

Référence Leava : 1186
Date de création : 2007-02-18 16:02:00