Kavod HaRav,
Je suis tombé sur cet échange que je rapporte ici :
»
Chalom Rav,
j’aimerais que vous réagissez a cet article et que vous en donnez votre opinion.
Merci beaucoup
»
La réponse :
»
Chalom Ouvrakha,
La question a été traitée de manière très détaillée et quasi-prophétique par notre maître le Rav Moche Botchko zats »l dont les propos ont été rapportes dans la question Etudier ou aller à l’armée (62942) que je vous invite vivement à consulter.
Néanmoins, j’aimerais apporter au phénomène qui voit les ‘Harédim (dans leur majorité) ne pas s’engager dans l’armée une interprétation d’ordre plus sociologique qu’halakhique qui révèle une certaine incohérence dans leur approche.
Tout d’abord, beaucoup prétendent ouvertement (l’article y fait également allusion) , que seule la Torah nous protège et que si la société dans son ensemble ne faisait qu’ étudier, il n’y aurait pas besoin d’armée.
Hormis le fait que cette position va à l’encontre des fondements du judaïsme et de la Torah écrite et orale qui exigent de l’Homme de faire tout ce qui est en son possible et d’agir pour éviter tout dommage, qu’il soit d’ordre matériel, sanitaire, ou spirituel (Avraham avait une armée, Moche avait une armée, David avait une armée et en aucun cas nous voyons que ces personnages (et bien d’autres encore) ont cru un instant que seul l’étude pouvait les protéger, pas même le grand Moche Rabbénou qui avait une certaine notion de ce que représente l’étude de la Torah), ils se comportent différemment dans tous les autres domaines de la vie.
Ainsi, lorsqu’il y a risque de transgression du Chabbat ou de profanation d’ossements pour pouvoir construire, ils sortent de la Yéchiva afin de manifester et littéralement sortir en guerre dans le but d’aller a l’encontre d’une telle menace et de l’annuler.
Selon leur vision des choses, pourquoi remuer ciel et terre pour obtenir quelque chose alors que seule l’étude et la prière sont censées nous sortir de tous les dangers ?
Cela me rappelle une affiche dont on m’a fait part de l’existence à l’époque ou une vague très difficile d’attentats s’abattait sur Israël au début des années 2000.
L’affiche était une invitation à un rassemblement pour prier au tombeau des Patriarches à ‘Hevron ; dans l’invitation on trouvait des expressions tirées du Talmud comme « Notre force ne se trouve que dans notre bouche (c’est a dire la prière) » ou « On ne peut se reposer que sur Notre Père qui est aux cieux » et autres du même genre.
Au bas de l’affiche, était inscrit en caractères gras :
« L’événement est entièrement sécurisé par les forces de Tsahal ».
Je pense que cela se passe de commentaires.
D’autre part, ils prétendent dur comme fer que tout celui qui n’étudie pas à le devoir de s’engager.
S’il en était ainsi, les dirigeants politiques et rabbiniques devraient avoir une attitude complètement différente face aux propositions de les enrôler dans l’armée.
On aurait du s’attendre à une vive coopération entre ces dirigeants et les membres du gouvernement afin d’essayer de trouver des solutions logiques et acceptables à ce phénomène qui aurait pu être tout aussi profitable aux Yéchivot elles-mêmes, selon leur façon de penser, de voir des étudiants non-sérieux, voire perturbateurs, sortir des rangs du Beth-HaMidrash afin de n’y laisser que les assidus, acte enclin à relever le niveau et l’ambiance du lieu d’étude.
Le fait que cela ne se produise pas révèle ce que le Rav Moche Botchko zats »l fait remarquer ; l’armée, comme tous les domaines de la vie extra-Beth Amidrach sont considérés comme profanes et il faut s’efforcer de s’en éloigner au maximum.
D’ailleurs, le fait que les ‘Haredim qui s’enrôlent sont considérés comme ayant moins de valeur, chose qui dans le « meilleur » des cas, leur vaut de pouvoir obtenir un moins bon chidoukh (toujours selon leur vision des choses, selon quel critère peut-on le définir, c’est une autre question à part entière…) et dans le pire de recevoir des injures verbales voire physiques qui peuvent aller jusqu’à l’exclusion ou le reniement dans les communautés desquelles ils sont issus, illustre bien cette approche.
Par ailleurs, dans le processus qui a amené la société israélienne à prôner « l’enrôlement pour tous », le principal argument était qu’il est anormal qu’une partie de la société ne participe pas à l’effort national et soit dispensée des trois années que chaque jeune consacre au service de son pays.
Dans ce cadre-la, certains proposent un service civil, communautaire, dans lequel le jeune ‘haredi ferait du « volontariat » dans des instituts comme les pompiers, des hôpitaux, ou des écoles, comme substitut au service militaire et compromis plus acceptable par « le Monde des Yechivot ».
Bien que je n’ai rien contre l’argument de solidarité qui est un principe fondamental au sein du peuple juif, ni contre ce service civil, d’une importance non-négligeable, je pose la question :
est-ce que le service dans l’armée d’Israël ne peut être réduit qu’à cette échelle?
N’est-ce pas une mitsva bien plus grande?
Premièrement, tout soldat de l’armée d’Israël protège, directement ou non, des centaines de milliers de vies à chaque instant.
Nos sages ne nous ont-ils pas enseigné (Sanhedrin 4b) : « Tout celui qui sauve une âme d’Israël est considéré comme s’il avait sauve le Monde entier », à plus forte raison lorsqu’il s’agit de l’ensemble du peuple reposant sur sa Terre.
D’autre part, Tsahal est le moyen de conquérir (ou conserver ce qui l’a déjà été) la Terre d’Israël, qui, selon Na’hmanide constitue un commandement positif de la Torah (Omissions au Sefer Hamitsvot, Mitsva 4) :
» Nous avons le devoir de conquérir la Terre qui a été donnée à nos Patriarches Avraham, Yts’hak et Yaacov et de ne pas l’abandonner aux mains des nations (…) comme il est écrit : « Vous prendrez possession du pays, et vous vous y établirez; car je vous ai donné le pays, pour qu’il soit votre propriété » (Bamidbar 33,53) « .
Tsahal est donc l’instrument permettant l’accomplissement des paroles de la Torah et des prophètes et la promesse de D. faite à Avraham de lui donner la Terre afin de fonder un Etat qui sera source de bénédiction pour toutes les nations, ultime mission du peuple juif dans ce Monde.
A la lumière de ce qui a été écrit précédemment, ce serait dommage de sortir de la Yéchiva et ne pas prendre part à cette énorme mitsva qu’est le service militaire dans Tsahal pour préférer consacrer ce temps à des causes communautaires, aussi importantes soient-elles.
En se penchant de manière honnête et approfondie sur les textes de notre Torah, nous ne pouvons pas voir en l’occasion de servir dans cette armée autrement qu’un mérite (et non un fardeau, comme beaucoup le pensent a tord dans les deux « camps ») que D. nous octroie et pour lequel nos grands-parents et arrières grand-parents ont prie durant des centaines d’années.
Bivrakha.
»
Qu’en pensez-vous ?
Merci
Eric
Réponse du Rav Ron Chaya :
Rav Ron Chaya
Référence Leava : 25756
Date de création : 2013-08-21 15:08:24