N’est-ce pas légitime de demander à tous les ba’hourim d’aller à l’armée ?

 

Rav Ron Chaya,

N’est-ce pas légitime de demander à TOUS les Ba’hourim d’aller à l’armée ?

Cordialement

Réponse du Rav Ron Chaya : 

Chalom,

De prime abord, on pourrait croire que la décision de l’était d’Israël de vouloir enrôler les étudiants de Yéchivot à l’armée semble tout à fait légitime et vient corriger une injustice.
Au nom de quoi des dizaines de milliers d’étudiant de Yéchivot étudieraient-ils tranquillement la Torah alors que tous les jeunes gens israéliens de leur âge souffrent et risquent leur vie pendant trois ans à protéger leurs frères ?

Cette argumentation qui a l’air juste de prime abord est en fait tout a fait erronée et fait preuve d’une non-compréhension profonde de l’identité du peuple d’Israël.

L’histoire d’Israël ne commence pas en1948 avec la création de l’état d’Israël,
mais commence il y a 3500 ans.

Nous sommes un peuple vieux, peut-être le peuple le plus vieux de la terre, et même si quelqu’un rétorquera qu’il y a quelques civilisations qui sont aussi vieilles que la nôtre, peut-être en Chine ou en Inde, je répondrai qu’il y a une grande nuance :
Eux ont demeuré sur leur terre, alors que nous étions en exil pendant 2500.

Et dans quelles conditions !

Comme nous le lisons chaque année dans la hagada de Pessa’h « Véhi Ché-amda », « c’est grâce à elle, car à chaque génération, quelqu’un se lève pour nous anéantir et D.ieu nous sauve de leurs mains », et c’est vraiment époustouflant comment vraiment à chaque génération quelqu’un se lève avec une idée soi-disant originale :

« Anéantissons le peuple Juif ! »
(comme si personne n’y avait pensé auparavant…).

Notre exemple est unique !

  • Pendant 2500 ans, nous avons survécu sous la botte de nos ennemis de façon extraordinaire, absolument irrationnelle, et en fin de compte, tous nos ennemis (absolument tous) ont disparus, et nous, nous sommes toujours là…
    Am Israël ‘Haï vé-Kayam !
  • Par son histoire, le peuple d’Israël prouve aux nations que D.ieu exerce Sa providence dans le monde, que ce n’est pas la puissance militaire qui est garante de pérennité :

Le peuple juif fonctionne selon d’autres critères.

Lesquels ?
Comme le disent ‘Hazal, nous sommes « ‘hélék Eloka mima’al » : une partie de D.ieu, et de même que D.ieu est éternel, de même nous sommes éternels.
Le peuple d’Israël a droit à sa pérennité grâce à cette présence divine en nous.

Nous avons déjà cité ces paroles de la hagada de Pessa’h (écrite il y a 2000 ans) :

« Véhi Ché-amda »,
« c’est grâce à elle ».

Grâce à qui ?
Rabbénou ha-Ari, la Kabala, dévoile qu’il s’agit de la Chékhina, de la présence de D.ieu parmi nous.
Ce n’est grâce à Elle que le peuple d’Israël résiste à tous ses ennemis et reste éternel.
Or, pour que la Chékhina réside parmi nous, nous devons agir en fonction des clauses que D.ieu a fixées dans sa Torah.

Il est écrit Parachat Bé’houkotaï chapitre 26 :
« Si vous pratiquez mes mitsvot » – ‘Hazal ont expliqué qu’il s’agissait de peiner dans l’étude de Torah – Alors « je me complairai au milieu de vous ».
La mitsva la plus importante de la Torah est l’étude de la Torah, elle équivaut à toutes les 613 mitsvot réunies.

Le Talmud (traité Makot p.10a) écrit:

  • Que signifie le verset (Téhilim 122) :
    • « Nos pieds se tenaient dans tes portiques, ô Jérusalem ».
      Grâce à quoi nos pieds se tenaient-ils debout dans les guerres d’Israël ?

      • Grâce aux portiques de Jérusalem dans lesquels on étudie la Torah !

Hazal nous enseignent que le critère de victoire sur le front dépend de l’étude de Torah qu’on étudie à Jérusalem.

Plus que cela, dans le traité , la Guémara Nédarim page 32a pose la question :

Pourquoi Avraham Avinou a-t-il été puni a un point tel que sa descendance ait dû subir 210 ans d’esclavage en Égypte ?
Et la Guémara répond quelque chose d’incompréhensible :
Parce qu’il a fait l’erreur d’interrompre ses élèves dans leur étude de Torah pour les faire partir en guerre contre les 4 rois.

Il faut bien comprendre qu’il ne s’agissait que de faire l’impasse sur UNE seule nuit d’étude de 318 élèves, et qu’en plus ils le faisaient pour une raison de pikoua’h néfèch (danger de mort), pour aller sauver Loth et sa famille qui furent kidnappés par ces rois.

210 ans d’esclavage terrible en Égypte, pourquoi ?
Parce qu’on a arrêté l’étude de Torah pendant UNE NUIT à 318 élèves !

C’est incompréhensible mais vrai…

Il s’agit des paroles de ‘Hazal Hakedochim.

Dès lors, nous devons comprendre que nous ne sommes pas une armée conventionnelle, comme les armées des goyim ; nous fonctionnons d’après des critères métaphysiques.

Notre histoire en est mille fois la preuve.

Comment fonctionne notre armée ?
Il faut de tout pour une armée.
On a besoin d’aviateurs, de soldats d’infanterie et aussi de cuisiniers.
L’aviateur aura une mission protectrice beaucoup plus grande le cuisinier, donc si nous devons conseiller à quelqu’un qui veut aider son peuple, nous lui diront deviens aviateur… mais tous le monde ne peut rentrer dans cette unité, et à quelqu’un qui pèse 150kg et qui n’arrive pas à courir 100m, on lui dira « soit cuisinier et tu aideras ainsi ton peuple », et au contraire, quelqu’un qui a les capacités d’être aviateur et qui préfère être cuisinier, on essayera de lui faire comprendre que son devoir moral exige qu’il devienne un aviateur pour l’avantage de son peuple.

Dans l’armée d’Israël, l’unité d’élite est celles des étudiants de Yéchivot.

C’est eux qui, comme l’ont exprimé ‘Hazal de façon univoque, déterminent le critère de la victoire.
Plus il y a des étudiants de Torah en Israël et plus la victoire est facile.
Moins il y a d’étude de Torah et plus le peuple d’Israël se trouve en situation de danger réel.
Donc tous ceux qui participent à cette grande armée font une mitsva.

Celui qui s’inscrit à Tsahal et qui est dans les Golani, ou les parachutistes ou les aviateurs fait une très grande mitsva, et il est clair que le monde orthodoxe lui en est gré ; mais celui qui a rejoint l’unité d’élite, c’est-à-dire un étudiant de Yéchiva, amène par le mérite de son étude la plus grande protection divine pour Israël.

Dès lors, lorsque les dirigeants de l’état d’Israël décident d’enrôler les ba’houré Yéchivot à Tsahal, ils ne comprennent pas qu’ils mettent le peuple d’Israël en situation de péril extrêmement dangereuse.

Certains pourront rétorquer qu’on laisse un nombre limité d’étudiants dans les Yéchivot et que le reste s’enrôle à l’armée, ou bien qu’ils fassent un service moitié du temps à la Yéchiva, moitié du temps à l’armée.

Ma réponse est simple :
De même que chaque chef d’état major comprend qu’il affaiblirait son armée de façon extrêmement périlleuse en décidant que la moitié des aviateurs arrêteraient de s’entrainer, de même, la démission d’un seul élève à la Yéchiva affaibli déjà notre force de frappe.

Si nous étions comme à l’époque du roi David où l’immense majorité du peuple juif était pratiquante et où il y avait donc suffisamment de mérite pour obtenir la victoire, on aurait pu dire à tous les juifs d’aller à l’armée sans que le peuple soit mis en danger par cela, mais aujourd’hui, la réalité est toute autre et malheureusement, l’immense majorité des citoyens israéliens ne sont pas pratiquants, et le pourcentage des étudiants en Yéchivot doit être bien inferieur à 2%, le besoin d’aide du ciel est donc une nécessité vitale et toute diminution de la quantité d’étude de Torah peut entraîner des catastrophes, D.ieu nous en préserve.

Je pense qu’aucune personne orthodoxe n’a de doute que le monde de la Torah persévéra et que D.ieu fera en sorte que ce décret soit annulé : nous avons survécu à tous les ennemis d’Israël qui ont si souvent voulu déraciner la Torah du peuple d’Israël ; nous survivrons aussi aux ennemis internes de la Torah qu’il y a dans notre peuple.

Il est écrit dans le traité Ketoubot page 113b, qu’à la génération où le fils de David se dévoile, il y aura « Katégoria bétalmidé ‘hakhamim », c’est-à-dire « des accusations contre les étudiants de Torah», donc cela aussi a été programmé !

Je pense que nous sommes très proche de la fin et que D. est en train de faire un « birour », une sélection, et que dans cette mesure, l’essentiel du sens de cette épreuve est que chaque juif se positionne et décide à quel camp il appartient, à celui de ceux qui comprennent que le peuple juif fonctionne au moyen de critères métaphysiques toraïques ou pas.

Pour plus de détails, consultez les cours :

🥷 UNE ARMÉE QUI COMPTE LA MAIN DE D.IEU !?

Cordialement,
Rav Ron Chaya

Référence Leava : 25420
Date de création : 2013-07-26 07:07:12