En donnant à l’autre, on investit de soi, n’est-ce pas égoïste ? Lorsqu’Yts’hak a dit à Essav que Yaacov à pris la bénédiction, n’était-ce pas de la rékhilout ?

Kvod Arav,

Il est ecrit au nom de Rav Dessler, que pour aimer il faut donner.

  • En effet, donner c’est s’investir pour l’autre ,lui donner de son temps,ce qui revient donc en somme a lui donner « de soi ».
    Ainsi , quand nous verrons l’autre ,nous verrons en lui tout notre investissement ,d’ou l’amour qui en découlera automatiquement.

Si ce raisonnement ainsi énoncé est juste, voici ma question:

  • Aimer serait alors un acte purement egoiste ?
    Je n’aime pas l’autre, je m’aime moi,ce qu’il y a de moi chez lui ?
  • Si la réponse est non ou que le raisonnement est faux, pouvez vous me l’expliquer plus clairement ?

Par ailleurs,nous savons que rapporter un propos pouvant causer un sentiment négatif sur une autre personne (haine…) est de la rekhilout.
Nous savons aussi qu’il est permis de mentir pour retablir la paix.
Dans ce cas, lorsque Itshak a dit a Essav que Yaacov a prit la berakha à sa place, il s’est rendu coupable de rehilout ?
Probablement non, mais quelle est la raison pour laquelle il a pu parler ainsi sachant qu’ensuite Essav comptait le tuer ?

Merci d’avance pour votre réponse et merci aussi pour tous vos cours.

 

Réponse du Rav Ron Chaya :

Chalom,

Je ne pense pas que la raison pour laquelle l’amour grandit quand on donne provient du fait qu’on reconnaisse en l’autre la partie qu’on y a investie.
Je crois plutôt qu’une personne est sensible aux choses qui produisent de la satisfaction.
Or, nous avons deux parties en nous, la partie animale, égoïste, qui éprouve de la satisfaction quand elle reçoit du plaisir ; et notre partie divine, notre néchama, qui n’a de satisfaction que quand elle donne.
L’acte de don procure beaucoup de satisfaction en soi, pas seulement pour la bonne conscience qu’on a fait quelque chose de bien, mais effectivement nous développons la partie de nous qui est à l’image de D. et cela est extrêmement bénéfique à notre néchama.
On ne peut qualifier d’égoïste ce plaisir car il ne va que dans le sens de donner.

J’espère que j’ai été clair.

Lorsque Essav a dit à son père qu’il lui a amené du gibier à manger, Itskhak a eu très peur et dit : « Qui est donc celui qui m’a amené du gibier que j’ai mangé, et je l’ai béni, et il est effectivement béni » (verset 33) ; ces derniers mots signifient, comme le commente Rachi, que Itskhak a compris que la berakha passait très bien et qu’elle revenait de droit à celui qui la recevait.

Il a donc bien fait comprendre à Essav que cette berakha revenait de toute façon à Yaakov, même si celui-ci l n’avait pas usé du stratagème de se déguiser en Essav.
Donc, vu que Yaakov n’a rien fait de mal, il n’y a pas de rekhilout.

Au revoir,
Rav Ron Chaya

 

Référence : 832
Date question sur Leava : 2006-11-28 15:11:30