Comment le Créateur peut-Il faire une action et la corriger par la suite ?

 

Bonjour Rav,
Tout d’abord bravo pour votre site, il est d’une grande qualité.
Vous avez, Grâce à D. le don d’expliquer les choses simplement même si elles sont d’une grande complexité et parfois d’une grande profondeur.

J’ai une question qui me hante depuis bon nombre d’années, j’ai beaucoup étudié la Torah et cherché dans bien des voies, hélas sans succès.

Nous trouvons dans de nombreux textes la phrase suivante :

  •  » Et l’Éternel trouva que cela était bien…. »ou encore
  • L’Éternel trouva cela pas bien… »

Comment est il possible que l’être Suprême, la Source même de La vérité puisse faire une action et la corriger par la suite .
Ou pire, faire une action et trouver après coup que cette action se révèle bonne ?
N’est ce pas dans Son essence même de savoir si l’action qu’il va mener est bonne ou pas avant même de la mener ?

Cette proximité de l’homme, dans ses doutes, ses erreurs (de l’homme) est elle voulue pour faire passer un message au genre humain ou bien D. est il aussi, excusez mon ignorance, « faillible » comme l’homme, dans Ses actions vis à vis de lui(l’homme), pas dans son action finale « ‘has vé-chalom » au point qu’Il soit dans l’obligation d’effectuer des corrections constantes.

  • Il semble que la machine humaine, du fait même de l’attribution du libre arbitre donne du fil à retordre au Créateur qui avance par petit pas afin de réorienter constamment le dernier composant de Sa création, l’homme.
  • Ce travail et ce chemin commun, ce couple homme-Créateur semble avancer difficilement dans cette alliance vers la finalisation de Son œuvre de création.

Merci mille fois pour votre aide et que D. qui anime votre néchama vous donne l’énergie nécessaire pour parfaire votre tikoun.

 

 

Réponse du Rav Ron Chaya : 

Chalom Philippe,
Je suis content de pouvoir enfin apaiser la question qui te hante depuis bon nombres d’années.

  • Sache que nulle part dans la Torah il n’est écrit ce que tu m’as cité « L’Éternel trouva cela pas bien » ;
  • Par contre, il y a certains versets qui, effectivement, s’ils ne sont pas compris dans leur vrai sens, réveillent ton questionnement.

Ce seront les versets du type (comme tu l’as cité toi-même) :

« Vayar Elokim ète ha-or ki tov veyavdel Elokim ben ha-or ou ben ha’hochekh

D. considéra que la lumière était bonne, Il établit une distinction entre la lumière et les ténèbres ».

Le Ramban, commentant ce verset, écrit qu’il est impossible de le comprendre dans le sens où D., après avoir crée la lumière, considéra qu’elle était bonne et pour cela, Il décida d’établir une distinction entre la lumière et les ténèbres car cela signifierait qu’il est comme un être humain, qu’il ne connait pas la nature d’une chose avant qu’elle ne soit créée.

  • Or D., avant la création, sait très bien quelle nature aura celle-ci et il est impossible de dire qu’après qu’il ait créé la lumière, il décida qu’elle était bonne et alors décida en fonction de ce qu’il venait de voir de faire une distinction entre la lumière et les ténèbres.

Ton interrogation se pose aussi à propos du seul verset dans la Torah qui parle d’un « regret » (Béréchit, chap. 6, verset 6) :

« Et l’Éternel regretta d’avoir créé l’homme sur la Terre ».

  • Là aussi, une mauvaise traduction et une mauvaise compréhension de ce verset peuvent nous induire en erreur et faire croire que D., après avoir fait une chose, regrette de l’avoir faite, comme s’Il ne savait pas à l’avance quelle sera sa nature.

Voici les réponses à ton questionnement à propos de ces deux versets :

  • A propos du premier, après avoir posé la question susmentionnée, le Ramban y répond :
    • Il explique que lors du récit de la création, reviennent souvent deux termes qualifiant l’action divine.
      1. L’un est la « amira »
        (et D. dit),

        • Le Ramban explique que le mot « amira » signifie le passage de la volonté et de la pensée divine potentielle à réelle.
        • C’est pour cela d’ailleurs qu’en hébreu, le mot « davar » est synonyme d’objet et de parole, car tous les objets sont en fait des paroles, c’est-à-dire des réalisations de la pensée et de la volonté divine.
      2. La deuxième est la « réïa »
        (et D. vit – qu’on peut traduire aussi par « considéra »).

        • Le mot « réïa » signifie l’action faisant exister la chose de façon éternelle, c’est-à-dire que D. peut créer une chose mais dès qu’Il enlèvera son flux divin lui donnant existence, cette chose disparaîtra.
          • Après que D. eut créé la lumière, vu qu’elle était bonne (comme prévu dans sa pensée et volonté potentielles), Il la voit, c’est-à-dire qu’Il lui accorde un flux éternel qui lui octroiera l’existence éternelle.
        • Le Ramban amène plusieurs versets dans la Bible dans lesquels le mot « réïa » signifie cela.
  • A propos du verset « L’Éternel regretta d’avoir crée l’Homme sur la Terre » :
    • Le Ben Ich Hai, dans son Chout Rav Péalim, tome Sod yecharim 2e réponse, répond de façon détaillée et cite le commentaire du Midrach Rabba chap 27, que Rachi mentionne d’ailleurs :
      • « Rabbi Nehemia dit qu’Il fut apaisé de l’avoir créé dans le monde inférieur car s’Il l’avais créé dans les mondes supérieurs, de même que l’homme a incité les habitants des mondes inférieurs à la révolte, de même il aurait incité les habitants des mondes supérieurs à la révolte ».
        • Le verbe « léhitna’hem » signifie ici s’apaiser.On peut amener comme preuve qu’il est impossible de dire que le verbe « léhitna’hem » signifie « regretter  » car il est écrit dans les bénédictions de Balak, Bamidbar chap. 23, verset 19

           

          • « Lo ich El vikhazev ou-benadam véhitne’ham

            D. n’est pas un mortel pour mentir ni un fils d’Adam pour qu’il regrette ».
        • Le mot léhitna’hem ici aura le sens de regret ainsi qu’indique la suite des versets :
          • « Est-ce lui qui parle et ne tient point parole ?
          • Qui affirme et n’exécute point ?
          • Oui, j’ai reçu la mission de bénir ; D. a béni ; je ne puis le dédire ».
            • D. ne peut pas regretter, donc forcément le sens du verbe « léhitna’hem » concernant l’humanité avant le déluge signifie apaisement comme le prouve le Midrach de Rabbi Nehemia.
        • Sache qu’il y a un troisième sens au verbe « léhitna’hem » signifiant « pardonner »,
          • tel qu’on le voit dans le verset Chemot chap. 32, verset 14 que l’on traduit ainsi :
            • « Et D. accorda son pardon concernant le mal qu’Il comptait faire à son peuple ».

Au revoir,
Rav Ron Chaya

Agav

 

 

Référence Leava : 7761
Date de création : 2009-12-25 18:12:26