J’ai en permanence un sentiment de culpabilité de ne pas pratiquer parfaitement. Comment y remédier ?

 

Bonjour Rav,

  1. J’ai un problème au niveau de la religion, que lorsque je rentre dans ce cercle j’ai du mal a être comblé.
    • Par exemple, si je choisis de faire Min’ha dans la journée que ce soit léchem Chamaïm ou pour essayer de se rapprocher un petit peu, le lendemain je sens en moi une culpabilité si je ne fais pas Min’ha.
    • Je crois en toute la torah et les mitsvot mais je pense aussi que ce système fais de nous une personne qui n’est pas heureuse à 100%, car cela crée un manque;
      • Si j’ai mis les tefillins aujourd’hui, c’est bien mais je n’ai pas prié Min’ha.
      • Si j’ai prié Min’ha, c’est bien mais j’ai pas fais mes 10 minutes d’études de Torah etc…
    • Dans chaque chose que je fais je pense à D.ieu et essaye de le remercier au maximum dans la journée et à la fin de la journée mais lorsque je pense à D.ieu je pense à ce que je ne fais pas et ce que je peux faire et ça, ça me « dérange ».
      • Je suis arrivé à un stade ou je me dis; « C’est pas grave, chacun son niveau, chacun sa vie »
  2. Je comprend la raison pour laquelle les orthodoxes ne vont pas à l’armée.
    Mais pourquoi beaucoup d’entre eux ne travaillent pas et se permette de bénéficier l’argent d’autres qui travaillent à la sueur de leur fronts ?

    • Même si c’est pour le bien du peuple d’Israël qu’ils étudient, ce ne serait pas du vol si c’est à l’encontre de la personne ?
      On m’a dit que Rambam a écrit que l’homme est obliger de se trouver un travail.
      Pourquoi ne le font-ils pas ?
  3. Par rapport à la religion au sujet des implantations juives en Judée-Samarie ne vaut-il mieux pas se mettre du coté centre-gauche (sioniste) ?
    Eux au moins essayent d’avancer les choses plutôt que de rester dans cet « état de guerre » qu’est Israël.

    • Je ne suis pas pour un état pour deux, mais si on arrive a enfin avoir une paix durable en leur donnant un état ce serait bien.
      • Après tout, dans les votes de l’ONU on a jamais eu ces droits et après 50 ans c’est un devoir en tant que juif de chercher ce qui est le plus juste puis de prendre le « risque » d’avoir la paix.

Merci

Réponse du Rav Ron Chaya : 

Chalom,

Voici les réponses à tes questions :

  1. Je vais te prouver que ce sentiment de « ça te dérange » que tu ressens lorsque tu commences à pratiquer un peu ne provient pas d’une source vraie, d’une source juste.
    • J’imagine que tu ne manges pas de porc le jour de Yom Kippour, et peut-être toute l’année.
      • Or, il n’y a certainement pas de raison logique à cela, tu le fais certainement parce que la Torah l’interdit.
      • Or, lorsque tu ne manges pas de porc à Yom Kippour, tu ne ressens pas à cause de cela un sentiment de culpabilité, comme tu me le décris, si déjà je ne mange pas du porc, alors pourquoi est-ce que je mange encore du poisson à l’extérieur ou du fromage de non-juif.
    • Pourquoi cela ne réveille pas chez toi ce sentiment de « ça me dérange » ?
      Si ta théorie était vraie, elle aurait dû aussi s’appliquer dans ce cas-là, cela prouve qu’elle n’est pas vraie.
    • Alors pourquoi effectivement ça te dérange ?
      Tout simplement le yétser hara.

      • Lorsque tu ne manges pas du porc à Kippour, ton yétser hatov a tellement bien assimilé qu’il est impossible que tu manges du porc le jour de Kippour, que ton yétser hara n’a aucune chance à vouloir s’opposer au yétser hatov à ce niveau, c’est pour ça qu’il le laisse tranquille et il n’y a pas ce sentiment de dérangement en soi.
    • Par contre, lorsque tu veux commencer à faire plus en Torah, tout de suite le yétser hara vient.
      • Pourquoi ?
        Parce qu’effectivement le fait de faire plus dérange le yétser hara, c’est-à-dire il dérange notre paresse, notre non envie de faire des efforts.
    • Comme tu le dis, cela implique que nous devrions être plus regardant au niveau de la Torah et cela nous culpabilise, tout cela dérange beaucoup beaucoup le yétser hara, c’est-à-dire notre égo bestial, paresseux qui ne demande qu’à « se la couler douce », sans qu’on le « saoule », sans qu’il y ait des contraintes et des comptes à rendre à qui que ce soit.
      • Mais mon cher ami, comprends que ce n’est que ton égo du yétser hara qui te fait penser cela, et en l’écoutant tu bousilles tout simplement ta vie, parce que très rapidement la vie termine, on arrive à 120 ans, puis on passe dans l’ETERNITÉ !
        • Celui qui aura pratiqué la Torah de D.ieu aura le plus grand des bonheurs imaginables et bien plus !
        • Et celui qui n’aura pas pratiqué « se tapera la tête dans les murs » dans l’éternité infinie, de ne pas avoir plus réalisé son âme lorsqu’il était sur terre et d’avoir bêtement écouté son égo qui l’a poussé à sa perte, en tout cas à perdre beaucoup beaucoup de ce qu’il aurait pu être.
    • Comment faut-il donc agir ?
      Comprendre qu’il y a une bataille entre la partie néfèch, c’est-à-dire le yétser hara, c’est-à-dire bestiale, qui demande à ce qu’on ne le dérange pas, et la partie nichmatique qui veut se rapprocher de D.ieu, qui aime la vérité, qui veut se réaliser sur terre dans les choses qui sont effectivement réelles et qui ont une valeur éternelle.

      • Mais dès qu’on veut s’engager dans la voie du bien, on sent un poids énorme de « dérangement ».
        Ce dérangement, si tu analyses bien, n’est pas du tout rationnel, il provient tout simplement de l’égo et du yétser hara.
    • Il est vrai qu’on peut culpabiliser, somme toute c’est une chose qui est bonne car elle nous permet d’avancer, mais il faut utiliser ces sentiments de culpabilité intelligemment, c’est un jeu de carotte et bâton.
      • Se dire je dois avancer, parce que je serai coupable de rester dans ma léthargie animale, mais je comprends aussi que je ne peux pas avancer d’un coup, donc il est légitime que j’avance sur le point A et que je laisse le point B pour un peu plus tard.
        • Mais on doit avancer.
    • Hachem comprend très bien qu’on ne peut pas changer du jour au lendemain, nous ne sommes pas des crêpes, mais nous ne devons pas non plus profiter de cela et dire « ok, donc je vais commencer à faire un pas de fourmi aujourd’hui et dans un an je ferai encore un pas de fourmi », si on agit ainsi la vie passera et nous n’aurons rien fait.
      • Donc il faut se prendre en mains et jouer avec le sentiment de culpabilité afin qu’il soit un moteur et non un casseur de motivation.
      • Donc jouer avec ce sentiment très délicatement, le pourcentage conseillé est 2% de culpabilisation sur 98% d’encouragement.
      • Donc on aura et de la carotte et du bâton, mais beaucoup plus de carotte que de bâton, l’essentiel étant d’être le plus performant dans l’avance et surtout pas utiliser des arguments bidons pour se conforter dans la perte de notre vie.
  2. Pourquoi tu ne poses pas cette question à propos des étudiants à l’université qui reçoivent une aide de l’état trois à quatre fois plus grande que celle que reçoivent les étudiants de Yéchivot ?
    • Alors que toraïquement parlant, il est clair que les étudiants de Yéchivot sont le fleuron du peuple d’Israël et grâce à eux le peuple d’Israël peut survivre et vaincre ses ennemis, que ce sont des personnes qui font un don d’eux-mêmes pour le peuple d’Israël, car l’étude de la Torah n’amène aucun statut social ni une bonne paye, ils le font parce qu’ils comprennent que cela est utile pour le peuple d’Israël, alors que les étudiants de la fac ne travaillent certainement pas pour le peuple d’Israël mais pour leur propre intérêt, statut social et argent.
    • Peut-être y a-t-il beaucoup de citoyens israéliens qui ne sont pas d’accord que l’argent qu’ils payent aux impôts aille à ces étudiants.
      • Un docteur de la fac recevait une paye de quelques milliers de dollars mensuels pour faire une étude de quelques années sur un certain papillon d’Australie.
        • Est-ce vraiment ce qui est important de faire ?
          Personne ne pose cette question, pourquoi ?
    • Car la réponse à cette question est la même que je donne à ta propre question :
      • Les citoyens du pays payent leurs impôts à l’état et savent que l’état dispatchera cet argent en fonction des critères que l’état lui-même décide, et si on n’est pas d’accord avec l’état, on ne peut rien y faire car nous vivons dans une démocratie.
        • L’état d’Israël a décidé qu’une somme très très très petite d’argent arriverait aussi aux étudiants de Yéchiva.
        • A ce qu’on lit dans les médias, on dirait qu’il s’agit d’un dixième du PNB si seulement cela arrivait au moins à un millième !
      • Il est clair que le monde non-religieux, surtout la gauche, cherche le moyen de casser le monde religieux pour que l’état d’Israël reste un pays laïc, athée, et que la religion peu à peu disparaisse du peuple d’Israël.
    • C’est pour cela aussi qu’ils veulent absolument que les élèves des Yéchivot aillent à l’armée car ils comprennent que tant qu’il y aura des milliers d’élèves dans les Yéchivot, alors le monde de la Torah ne pourra pas disparaître et Israël restera un peuple de Torah, du moins une partie d’entre lui.
    • Quoi qu’il en soit, l’état d’Israël a décidé qu’il fallait qu’il y ait cette partie du peuple d’Israël qui étudie la Torah, dans cette mesure il est d’accord (en tout cas jusqu’à aujourd’hui mais je ne sais pas si demain) à accorder une somme minime aux étudiants de Yéchiva.
      • Et personne, qui que ce soit, ne peut les attaquer à ce sujet car il s’agit d’une décision de l’état et nous vivons dans une démocratie.
    • Pourquoi personne ne se plaint que les arabes reçoivent aussi de l’argent de l’état de la part du ministère des cultes pour financer la religion et le culte musulman ?
      Tout le monde trouve cela normal.

      • Effectivement, nous vivons dans une démocratie, il y a aussi des arabes, ils ont le droit aussi à une part du gâteau.
      • Mais quand il s’agit de Torah, la gauche commence à faire la grimace car ils se sentent menacés beaucoup plus par les juifs pratiquants que par les arabes pratiquants.
    • A propos des paroles du Rambam préconisant que l’homme travaille, consulte les cours suivants : « Torah et travail » et « Mérite de l’étude ».
  3. Tu as entièrement raison.
    • Si on pouvait avoir une paix durable, on donnerait beaucoup plus de territoires que ce que le côté centre-gauche veut donner, mais quelqu’un de censé peut-il croire à une paix durable avec des personnes qui, dès leur tendre jeunesse, sont éduquées à la haine inconditionnelle du juif ?
    • Regarde ce qu’il se passe avec l’Egypte après 30 ans de paix. Israël a déjà pris beaucoup trop de « risques » pour une paix qui ne reste qu’un rêve (du côté israélien, car jamais les arabes n’ont rêvé de paix, ils ne rêvent que de la disparition du peuple d’Israël).
      • On s’est retiré de Gaza, pourquoi n’y a-t-il pas la paix avec les gazaouis ?
      • Les palestiniens habitants Israël savent très bien qu’ils jouissent de conditions de vie bien préférables que leurs voisins arabes.
      • Pourquoi néanmoins si je me balade au milieu de leur ville j’ai une espérance de vie de moins de trois minutes, alors que eux, par dizaines de milliers se baladent dans les villes juives d’Israël sans la moindre crainte ?
      • Nous vivons en paix avec eux, ils profitent énormément de l’état d’Israël, alors pourquoi tant de haine ?
        • Cela prouve que la paix n’est, en tout cas aujourd’hui, pas possible.
    • Nous ne pouvons pas prendre de risques car il s’agit de vies humaines, nous ne voulons pas la terre pour la terre, nous voulons la terre pour la sécurité.
    • Il n’y a absolument aucun doute que si on rendait les territoires aux palestiniens et on leur laissait avoir des armes, en quelques jours nous serions déjà attaqués et en situation très très sérieuse de risque d’anéantissement.

Au revoir,
Rav Ron Chaya

Référence Leava : 22363
Date de création : 2013-01-24 18:01:53