J’ai souvent entendu que les religieux ne devraient pas critiquer les arabes qui font porter le voile à leurs femmes car on fait pareil ; qu’en pensez-vous ?

 

bonjour Rav,
Merci de prendre du temps pour lire nos questions et y répondre !
Merci pour vos cours !

Je suis Traditionaliste ;
dans ma vie on m’a souvent dit que les religieux ‘transformaient’ souvent l’étude de la Torah, que c’était comme une ‘secte’.

Quand je dis ‘transformer’ je m’exprime mieux :

  • Par exemple pour les femmes le fait de leur faire mettre une perruque,
  • des jupes longues,
  • qu’elle ne travaille pas,
  • etc…

Cela n’a jamais fait partis des obligations de la Thora,pour une femme ; cela n’a jamais été écrit !

On m’a souvent répété aussi que c’était honteux d’entendre des juifs ‘critiquer’ les arabes parce qu’ils cachaient les femmes avec des voiles alors que nous faisons la même choses mais d’une autre manière (perruque, jupe longue, pas de travail…)

  1. Que pensez vous de cela ?
  2. Pouvez vous me détaillé toutes les obligations écrites dans la Torah pour une femme dans un couple s’il vous plait… ?

Je vous remercie d’avance !

 

 

Réponse du Rav Ron Chaya : 

Chalom,

Je pense que tout cela est faux, et avant que je t’exprime le fond de ma pensée ; je vais d’abord te citer les sources écrites indiquant les lois de pudeur de la femme juive :

  • Il est écrit dans le verset 18 du chapitre 5 de Bamidmar qu’une femme sota

    (c’est-à-dire une femme soupçonnée par son mari de m’avoir trompé.

    Le mari lui a interdit de s’enfermer avec un certain homme et elle lui a désobéi en s’enfermant avec cet homme).
    Le mari l’amenait au temple et on lui faisait toute une cérémonie qui allait déterminer si oui ou non elle avait trompé son mari.

    Durant cette cérémonie, le Cohen dévoilait la chevelure de la femme comme cela est écrit clairement dans le verset 18 :

    • « …le Cohen lui découvrait la tête… ».

De là, nous apprenons qu’une femme juive mariée a la chevelure couverte.

  • Cela paraît aussi dans un autre texte de la Bible dans les versets 2 et 3 du chapitre 47 d’Isaïe.

    Il est écrit la chose suivante :

    •  »Relève ton voile (il s’agit d’une traduction française mais dans le texte en hébreu il est écrit clairement  »Gali tsamatékh », dévoile ta chevelure),
    • retrousse la traine de ta robe,
    • découvre tes jambes pour traverser les rivières,
    • ta nudité sera mise à jour et ta honte sera visible ».
  • De là nous apprenons que toutes les parties citées dans le début du verset 2, c’est-à-dire la chevelure et les jambes, sont considérées comme une nudité.
    Or la Torah interdit de dévoiler une nudité, comme cela est écrit très clairement dans le verset 15 du chapitre 23 de Devarim :

    •  »Ton campement sera saint et Il (il s’agit de D.) ne verra pas en toi une nudité car cela causerait qu’Il se retirerait d’avec toi (à D. ne plaise!) ».
  • À propos de ce que ces gens t’ont dit, comme quoi les femmes religieuses ne travaillaient pas,
    c’est une bêtise :

    De tout temps, les femmes juives ont travaillé et aujourd’hui plus que toujours, dans la mesure où dans beaucoup de couples orthodoxes, la femme préfère travailler pour pouvoir libérer son mari afin qu’il puisse s’adonner à l’étude de la Torah.
    Donc non seulement elles travaillent mais elles travaillent pour deux.

Après t’avoir écrit toutes ces sources, je veux maintenant te dévoiler le fond de ma pensée :

  • Les personnes traditionalistes, pour raison de commodité et de paresse, ne veulent pas s’investir de façon poussée dans le service de D.
    Ils préfèrent vivre leur vie, mais étant donné qu’ils sont juifs, ils font une sorte de compromis entre la nécessité d’avoir un minimum de caractère juif dans leur vie, et le désir d’assouvissement de leurs pulsions, de paresse, de recherche des plaisirs de la vie.
  • Dans cette mesure, ils ne vivent pas de façon conforme à ce que dit la Torah car d’après la Torah notre vie doit être le service divin, et étant donné que ces personnes, quelque part, savent qu’elles sont en porte-à-faux vis à vis du désir de la Torah et par rapport aux gens qui s’investissent de façon poussée dans l’accomplissement du désir divin, leur réaction est la critique.
    Donc ils vont se mettre à critiquer le monde orthodoxe qui suit à la lettre la Torah.
  • Ce phénomène n’est pas nouveau, ça fait bien 2500 ans qu’il existe dans le peuple d’Israël, et de tout temps.
    Ce type de personnes a utilisé le même type d’arguments, comme quoi la loi orale est une chose inventée, que tout ce que disent les rabbins n’est pas écrit dans la Torah et que dans cette mesure, il n’est pas obligatoire de les écouter.
  • Cela est faux et archi-faux, comme je l’explique en long et en large dans les cours La Torah Orale (1/2) (2013) : Les rabbins ont-ils inventé ?! et La Torah Orale (2/2) (2013) : Les rabbins ont-ils inventé ?!.

Je te citerai néanmoins ici très brièvement quelques arguments qui exposent cela :

  1. Si ces gens acceptent la loi écrite, ils doivent de facto accepter la loi orale dans la mesure où il est écrit très clairement dans Deutéronome 17 (versets 8 et suivants) qu’il faudra de tout temps écouter les grands rabbins de chaque génération, c’est-à-dire les juges, les dirigeants spirituels du peuple d’Israël qui jugent quel comportement doit avoir le peuple d’Israël : »Si tu es impuissant à te prononcer sur un cas judiciaire, sur une question de meurtre, de droit civil ou de blessure corporelle, sur un litige quelconque […] tu iras trouver les pontifes descendant de Lévi ou le juge qui siègera à cette époque ; tu les consulteras […] et tu agiras selon leur déclaration […] selon la Tora qu’ils t’enseigneront, selon la règle qu’ils t’indiqueront tu procèderas […] ne t’écarte pas de ce qu’ils t’auront dit, ni à droite, ni à gauche ».

    Donc il est écrit clairement qu’à chaque génération il y aura ce type de juges (« ou le juge qui siègera à cette époque »), que nous appelons les grands de la génération.
    Et nous avons l’obligation, par la loi écrite, de les écouter, d’où l’obligation d’écouter la loi orale, car c’est ce qu’enseignent et ce qu’ont toujours enseigné les grands des générations.

  2. Tous les mouvements de réforme du judaïsme, tels que :
    • les tsdokim,
    • les baïtossim,
    • les caraïtes,
    • les dardaïm,
    • les « conservative »,
    • les réformistes,
    • les chrétiens,
    • les néologues,
    • les massorti,

    qui ont, depuis 2000 ans, voulu changer la loi orale, ont en fin de compte soit disparu, soit perdu le caractère de représentant officiel du judaïsme traditionnel.

    Il est clair que ce n’est que le monde orthodoxe avec ses dirigeants qui représente le monde florissant et puissant de l’étude de la Torah.
    Quand on parle de « l’océan du Talmud », des centaines de milliers de livres qui ont été écrits, ils ont été écrits précisément par cette faction du peuple juif et pas par une autre.

  3. De plus, nous voyons que tous les descendants de ces différents mouvements, dans 99% des cas, ne restent pas juifs, or la Torah a assuré que le peuple d’Israël est éternel.Il est clair que le peuple d’Israël sera éternel, mais qui d’entre eux aura part à cette éternité ?
    Nous voyons, après 2000 ans d’expérience, que seul le monde orthodoxe donne les outils qui nous permettent de survivre à tous les exils et à l’assimilation, car nous voyons que tous les autres mouvements ont soit disparu, soit ne génèrent pas une continuation de la pratique du judaïsme dans leur descendance qui, dans la majorité des cas, s’assimile en fin de compte.

C’était en très bref, pour plus de détails, consulte les deux cours sur la loi orale.

Au revoir,
Rav Ron Chaya

 

 

Référence Leava : 7060
Date de création : 2009-10-11 20:10:52