Comment appréhender notre rapport au matériel ? Dans quelle mesure pouvons-nous profiter de ce monde-ci ?

 

Bonjour Rav,

J’ai une question concernant le rapport au ‘matériel’, je ne sais pas si le sujet a déjà été traité dans un cours :

  • D’un côté on apprends que l’attachement, ou même l’intérêt ou le temps passé à propos de choses matérielles sont très en dessous du temps passé pour l’étude de la Torah et pour les mitsvot, voire même à fuir.
    Certains exemples de Guédolim incitent à ne profiter de rien de terrestre.
  • D’un autre côté, Hachem a créé le monde et ce qu’il contient pour l’homme.
    Il donne à tous l’occasion de disposer de la part qu’il leur a destiné et d’autres avis, je ne dis pas qu’ils sont contradictoires, pensent que l’on peut en profiter pour vivre la Torah dans les meilleures conditions disponibles.

Comment savoir de quelle façon ‘profiter’ des biens qu’Hachem met à ma disposition ?
Si j’ai envie d’une belle montre pour prendre un exemple, que j’ai les moyens de l’acheter (cher mais pas disproportionné avec mes moyens), dois-je lutter contre la possibilité de l’acheter et je prends une en plastique premier-prix qui donne aussi l’heure ?
Un autre exemple pourraient être les vêtements pour ceux qui aiment s’habiller bien, puis l’appartement et les éléments de confort, la voiture (je prends une occasion la moins cher possible ou je me fais plaisir avec une un peu luxueuse),…

Ce sont des exemples de la problématique que je voudrais soulever, et je ne parle pas des cas extrêmes, mais juste des choix courants dans le monde de la consommation de la galout dans lequel nous sommes.

Je n’attends pas de réponse écrite complète sur un sujet vaste et ‘relatif’ à chaque situation, mais peut-être la référence a un cours ou un livre sur le sujet…
Ou peut être à un prochain sujet la- dessus peut être ?…

 

Réponse du Rav Ron Chaya :

Chalom Gilles,
Ta question est très pertinente.

Le Messilat Yécharim la pose et y répond de façon éloquente dans le chapitre 13 de son livre.

D’abord, il faut savoir que la Torah n’a jamais interdit de profiter de ce monde.
Néanmoins, il est bien de se sanctifier et de moins en profiter.

Quand je dis « bien », cela signifie que ce n’est interdit mais qu’on rentre ici dans le domaine de la ‘Hassidout, de la piété, c’est-à-dire faire plus que le strict minimum demandé par la Torah.
Il est certain que la Torah va dans ce sens, mais elle nivelle par le bas et n’interdit que ce que le peuple entier peut supporter.
Il est néanmoins bien de se hisser au dessus du strict minimum, mais ce n’est pas obligatoire, c’est juste l’esprit de la Torah.

Alors quel doit-être notre idéal, dans quelle mesure pouvons-nous profiter des plaisirs de ce monde ?
En gros, la réponse du Méssilat Yécharim est qu’on ne peut profiter que de ce qui est nécessaire, et quelqu’un qui veut se sanctifier devra s’éloigner de tout ce qui n’est pas nécessaire.

Le ‘Hafèts ‘Haïm a donné un très bon moyen pour connaitre ce qui est nécessaire ou pas.

Imaginons qu’on ait de l’argent et qu’on demande de prendre en charge tous les frais d’une famille qui n’a pas de quoi vivre, et que nous devons assumer tous leurs besoins.
Ce que nous serons prêts à leur fournir est le critère qui détermine ce dont nous avons besoin, le nécessaire dont nous venons de parler.
Ce que nous ne sommes pas prêts à payer fait partie du superflu.

A toi de voir, serais-tu prêt à payer à un pauvre la voiture ou la montre dont tu parles ?

Encore une fois, il s’agit ici d’un idéal.
Nous devons tendre vers cela en avançant millimètre par millimètre.

Faire un grand pas d’un coup est en effet dangereux, mais il serait dommage et contraire à l’esprit de la Torah de stagner sans progresser, donc à toi de voir où est le juste milieu.

Au revoir, que D. t’aide,
Rav Ron Chaya

 

Référence : 1312
Date question sur Leava : 2007-03-25 13:03:00