Vous dites que les êtres humains disposent du libre arbitre, et d’un autre côté, vous dites que le hasard n’existe pas…. et autres interrogations libres…

Bonjour Rav,

  1. J’ai une question au sujet du libre arbitre.
    Vous dites que les êtres humains disposent du libre arbitre, et d’un autre côté, vous dites que le hasard n’existe pas.

    Or comment l’humanité pourrait vivre dans un monde sans hasard alors qu’elle disposerait du libre arbitre ?
    Comment les prophéties pourraient-elles se réaliser ?
    Si chaque individu dispose d’une volonté libre (non programmée), comment pourrions-nous accorder un quelconque intérêt aux prophéties ?

    Pour reprendre votre exemple, si je prophétise que Paris sera vidée de sa population le 6 septembre, je sous-entend par là que le comportement de chaque parisien est programmé de sorte à ce qu’il quitte Paris le 6 septembre.

  2. Vous dites, si je vous ai bien lu, que les idolâtres n’auront pas accès à l’autre monde.
    Mais si j’étais né dans une famille catholique, j’aurais très probablement pratiqué le christianisme sans me poser de question.
    Or, n’est-ce pas profondément injuste qu’un idolâtre n’ait pas accès à l’autre monde parce qu’il n’a fait que respecter ce que ses parents lui ont toujours appris ?
    Où est le libre arbitre ?
    Nous sommes tous plus ou moins conditionné à respecter telle valeur au profit d’une autre etc..
    Qu’auriez fait le bébé que vous étiez à votre naissance s’il était né dans une famille chrétienne ou bouddhiste ?
    Enfin, qu’en est-il du libre arbitre des populations qui vivent dans des milieux extrêmement défavorisés ? 
    Comment s’élever spirituellement avec le ventre vide ?
  3. Bref, je rejoins la vision de Max Planck au sujet du libre arbitre écrite dans son livre Initiation à la physique.

    Je vous le cite :
    « À mon avis, il n’y a pas la moindre contradiction à admettre simultanément l’existence d’une causalité stricte (…) et l’existence d’une volonté humaine libre. (…)
    L’hypothèse d’un esprit omniscient est nécessaire à la compréhension d’un devenir régi par une causalité stricte ; la question du libre arbitre est une question qui s’adresse à notre conscience personnelle (…).
    Affirmer que l’homme est doué du libre arbitre, c’est tout simplement, dire qu’il a le sentiment intime d’être libre.
    Lui seul est donc à même de dire s’il en est bien ainsi.
    Or rien de tout cela ne s’oppose à ce que les motifs qui le poussent à agir ainsi soient parfaitement connus d’un esprit idéal.
    Se sentir, pour cela diminué dans sa dignité morale, c’est oublier le niveau suréminent où se situe l’esprit idéal dont il est question, si on le considère par rapport à l’intelligence humaine » (p.255).

    Que pensez-vous de cela ?
    D.ieu serait-il cet Esprit idéal ?

  4. Enfin j’ai une dernière question qui s’éloigne du sujet.

    Vous dites, pardonnez-moi si je vous cite mal, que D.ieu n’a pas créé un monde de croyants pour que le monde soit viable. En effet, si tout le monde partait dans les Yechivot, il n’y aurait plus personne pour s’occuper du reste.

    Mais n’est-ce pas le développement constant de ce reste-là qui nous pousse (nous incite) à commettre des péchés ? Aussi, ne voyez-vous pas un lien très étroit entre l’intelligence et D.ieu ?

    Je pense que ceux qui étudient les sciences se rapprochent de D.ieu.
    Car le développement de notre intelligence nous permet de faire des ponts entre différentes connaissances (par le biais d’analogies) afin de l’unifier de plus en plus.
    Peut- être qu’un jour, à force d’intelligence, nous arriverons à unifier toutes les connaissances à l’intérieur d’une seule discipline, une seule science à l’image de l’unicité de D.ieu.

  5. J’ai une dernière remarque à vous faire.
    J’ai lu dans l’histoire universelle des chiffres de Georges Ifrah que les chiffres qui ont été inventés par les indiens (et non par les arabes) sont fortement imprégnés par l’hindouisme.
    C’est la philosophie hindouiste qui aurait mené à la création des chiffres et plus précisément du zéro (alors que les Hébreux faisaient des nœuds pour compter).

    Ne doit-on pas voir grâce à cela une certaine sainteté dans leur philosophie ?
    Les chiffres sont en effet à la bases de tout.

  6. Ce serait extrêmement gentil de votre part de me dire quels sont les livres à lire pour une personne qui débute l’étude de la Torah.
    Notez que j’aimerais visiter votre Yechiva si possible.

Merci pour le travail que vous fournissez.
Cordialement

 

Réponse du Rav Ron Chaya : 

Chalom Jérémie,
Désolé de te répondre aussi tard mais j’ai été très malade durant cette période.
Je vais beaucoup mieux à présent Baroukh Hachem, c’est pourquoi je ne peux te répondre que maintenant.
Mieux vaut tard que jamais.

  1. À propos du libre arbitre, ta question est bonne mais j’en parle abondamment dans mes cours que je te recommande beaucoup de visionner.
    En deux mots, nous ne sommes totalement libres que dans nos choix entre les pulsions de notre néfech et celle de notre néchama, c’est-à-dire tout ce qui concerne les points relatifs à la Torah.
    En revanche, tout le reste dépend d’Hachem, même pour tout ce que les autres nous font à l’aide de leur propre libre arbitre.
    J’ai été très bref, mais je t’invite à visionner les cours susmentionnés afin de mieux comprendre ces notions.
  2. Concernant ceux qui sont loin de la Torah, comme je l’explique également dans mes cours, chaque être humain possède une néchama et un appel de la vérité qui le feront s’interroger sur le sens de sa vie.
    D.ieu le jugera en fonction de sa manière d’avoir répondu authentiquement ou pas à ses interrogations.
    Il est clair qu’il aura énormément des circonstances atténuantes, mais il sera malgré tout jugé pour savoir dans quelle mesure il a recherché la vérité puisqu’il a cet appel de la vérité en lui.

    Sache que la souffrance est un terrain très fertile pour les questionnements et la remise en question, donc ceux qui ont le vendre vide, comme tu le dis, peuvent plus facilement se poser des questions sur le pourquoi et le comment du monde que ceux qui ont le ventre plein, et ainsi accéder à la vérité.

  3. Il me semble effectivement que Max Planck fait allusion à Hachem, mais il est clair que ce que la Torah dit à propos du libre arbitre est juste alors que ce qu’il dit n’est qu’une partie de l’ensemble de cette dialectique.
    Autrement dit, bien qu’Hachem voie le futur et qu’il y aurait donc lieu de croire qu’il n’y a pas de libre arbitre, c’est néanmoins le cas.

    J’en parle aussi dans mes cours Si D. sait tout, où est mon « libre arbitre » ? et Dieu sait qu’on va fauter.

  4. Concernant ta question sur le « reste qui nous pousse à commettre des péchés », si j’ai bien compris, c’est juste.
    Hachem a créé beaucoup de mal dans ce monde et c’est effectivement ce mal qui nous pousse à commettre des péchés, mais cela est nécessaire afin que nous ayons le libre arbitre.
    À propos de l’intelligence et D.ieu, je ne pense pas que l’intelligence qui s’occupe des choses terrestres pourra accéder à D.ieu. 

    Il est clair que par la science, on voit à quel point D.ieu est grand.
    Aujourd’hui, on sait que le monde a été créé et qu’il n’est pas éternel comme on le croyait jusqu’en 1965 ; néanmoins, il manque à la science toutes les connaissances et les informations du monde spirituel qui est quand même l’essentiel de l’être.
    La psychologie avance à tâtons et reste très loin de ce que dévoile la Torah et notamment la Kabbala.

  5. Même si on admet que ce que Georges Ifrah a écrit est vrai, ce n’est pas parce qu’on a inventé les chiffres qu’il y a de la sainteté dans notre philosophie.

    Une philosophie contient de la sainteté si elle correspond à la vérité, c’est-à-dire au message d’Hachem.
    Or, il n’y a aucune preuve stipulant que les hindous ont reçu un message de D.ieu, si ce n’est ce qu’Avraham leur a transmis

  6. À propos d’une liste de livres pour personnes qui débutent l’étude de la Torah, consulte ce lien.
    Tu es le bienvenu dans notre Yéchiva pour la visiter quand tu veux.

Je renouvelle mes excuses pour le retard de ma réponse.

‘Hodèch Tov Oumévorakh

Au revoir et à bientôt,

Rav Ron Chaya

 

Référence Leava : 83403
Date de création : 2018-08-30 22:09:03