Chalom Rav,
J’ai visionné votre cours « Le top du genre humain« , et il m’a quelque peu « choqué ».
En effet, vous dites que dans les Yéchivot, 85% du temps se consacre au Talmud, les 15% restants à la Torah, aux Nevi’im, aux Ketouvim, et tour le reste.
De plus, vous citez comme argument à un de vos talmidim que « les chrétiens connaissent aussi le TaNaKh et Rachi, nous on a le Talmud en plus ».
Premièrement, que ce soit Moshé ou les Nevi’im, tous demandaient au peuple de respecter la Torah écrite, surtout les 10 Mitsvot.
Les Nevi’im passent leur temps à parler des mitsvot de bases comme Shabbat, l’honneur aux parents, pas d’adultère, etc.
Jamais ils ne demandent au peuple de passer leur temps à étudier la Torah Orale.
Jamais Israël n’est repris car il ne passe pas de temps dans le Chass.
Puis si les chrétiens connaissent aussi le TaNaKh et Rachi, Baroukh Hachem, comme ça ils s’approchent aussi du D. d’Israël, c’est au contraire une bonne chose.
J’étudie le Talmud aussi car je dois le faire, mais je préfère de très loin la Torah de Moshé et les Nevi’im, qui me percutent infiniment plus dans ma relation avec Hachem, que des milliers de pages de discussions pour savoir comment se faisait l’acquisition d’une vache il y a 2000 ans.
Si notre but c’est une course à la connaissance pour dépasser les autres, et avoir une tête de 5 étages en discussions rabbiniques, ça n’est pas intéressant.
Merci alors de m’éclairer Rav, pour savoir si j’ai bien compris ou si je fais erreur.
Réponse du Rav Ron Chaya :
Chalom,
Oui vous faites erreur.
De tout temps l’essentiel de l’étude de Torah des bné Israël était la loi orale, la Torah ché-bé’al pé.
Déjà à l’époque de Moché Rabbénou, lorsqu’il transmettait la Torah au peuple d’Israël dans le désert, il transmettait essentiellement la Torah ché-bé’al pé, comme on le voit dans le commentaire de Rachi, Chemot, chapitre 34, verset 32.
Comment était l’enseignement de la Michna ?
- Moché l’apprenait de Hachem ;
- Rentrait Aaron, Moché lui expliquait un chapitre de Michna, Aaron s’asseyait à la gauche de Moché,
- Rentrait ses deux fils, El’azar et Itamar, Moché leur enseignait à nouveau le même chapitre, ils s’asseyaient, El’azar à la droite de Moché, Itamar à la gauche de Aaron,
- Rentraient les 70 Sages d’Israël, Moché répétait encore une troisième fois le chapitre de Michna, puis les Sages d’Israël s’asseyaient sur les côtés
- Et tout le peuple entrait, Moché répétait une dernière et quatrième fois le chapitre de Michna, et partait.
- Ensuite Aaron répétait à tous ceux qui restaient ce même chapitre puis partait,
- Ensuite El’azar et Itamar le répétaient puis partaient,
- Et ensuite les Sages d’Israël,
Ainsi chacun l’avait entendu quatre fois.
(la source de ce commentaire de Rachi est la Guémara dans Irouvin, page 54).
De plus, dans le Séfer Devarim, chapitre 4, verset 14, Moché dit qu’Hachem lui a ordonné d’enseigner les lois de la Torah à Israël, et Rachi écrit sur place :
« Torah ché-bé’al pé »
« la loi orale ».
C’est donc bien l’essentiel de l’enseignement de Moché Rabbénou au peuple d’Israël.
- De même dans Vayikra, chapitre 22, verset 31, Hachem ordonne Israël d’observer Ses mitsvot, de les pratiquer.
Rachi explique que le mot mitsvot du verset signifie l’étude de la Michna.
(la source que mentionne Rachi est Torat Cohanim, un Midrach halakha de l’époque des Tanaïm). - Nous voyons encore dans Devarim, chapitre 4, verset 6 « ou-chemartem va-‘assitem » « vous observerez et vous pratiquerez ».
Rachi commente sur le mot « ou-chemartem », c’est la Michna. - Idem dans Vayikra, chapitre 22, verset 31.
Non seulement Moché Rabbénou, mais même Avraham Avinou, lorsqu’Hachem vante ses mérites dans Béréchit, chapitre 26, verset 5, Il dit qu’Avraham qui a observé Ses lois et Ses Torot, au pluriel.
Rachi explique que ce terme est au pluriel pour nous exprimer qu’il s’agit aussi de la loi orale. - Maïmonide dans les lois relatives à l’étude de la Torah, chapitre 1, alinéa 11, écrit :
« Une personne doit diviser son temps d’étude en trois, un tiers destiné à l’étude de la Torah écrite, un tiers à la loi orale, et un tiers à sortir la halakha de la loi orale, c’est-à-dire la Guémara. »Dans l’alinéa 12, il explique :
« On agira ainsi qu’au début de sa vie, quand on commence à étudier, mais lorsqu’on grandira en sagesse, il n’y aura plus besoin d’étudier la Torah écrite, ni de revoir sans cesse la loi orale, on ne reverra ces choses que de temps en temps pour ne pas l’oublier, mais tout son temps sera destiné à l’étude de la Guémara. » - De plus, regarde tous les sages d’Israël, et tous les rabbins de tous les temps, ils n’ont enseigné principalement que la loi orale, que ce soit les Tanaïm, Rav Yéhouda Hanassi, les Amoraïm, les Guéonim, les Richonim etc., tous ces dizaines de milliers d’écrits dans leur immense majorité sont des écrits qui concernent la loi orale, la Guémara, et non la Torah écrite.
Bien sûr je ne dis pas qu’il faut délaisser la Torah écrite, comme je te l’ai dit, 15% du temps est tout à fait honorable, mais le reste doit être dans l’étude de la Guémara, cela bien sûr une fois qu’on aura déjà une connaissance générale de la loi écrite.
Sache que, durant l’histoire, tous les mouvements qui ont fait autrement ont quitté le peuple juif, la seule façon d’agir qui a permis au peuple juif de traverser toute l’histoire et de rester un peuple éternel a été l’étude de la loi orale, c’est-à-dire la Michna et la Guémara.
Au revoir,
Rav Ron Chaya
Et sur l’importance de l’étude …
Référence Leava : 21528
Date de création : 2012-12-11 14:12:12