Une femme d’avrekh doit-elle donner 10% de ses revenus pour le maasser avant déduction des frais ?

Bonsoir Rav Chaya,

Je suis femme d’avrekh et j’ai le mérite de pouvoir subvenir aux besoins de nos enfants (et bientôt un autre si D. veut).

Je gagne honorablement ma vie mais je ne vous cache pas que notre situation financière est un combat au jour le jour et je commence un peu à ressentir certaines craintes que je ne partage pas avec mon mari (de peur que cela ne le sorte de son limoud).

Parallèlement, il souhaite que nous réalisions la mitsva de maasser du mieux possible ; je souhaiterais s’il vous plaît savoir aux yeux de notre situation si nous devons retirer du compte 10% de ce qui y rentre Neto ou bien si des dépenses peuvent rentrer dans les frais de maasser…

En vous remerciant pour votre réponse en vous remerciant surtout pour votre grande part au tikoun ha-Olam.

 

Réponse du Rav Ron Chaya : 

Chalom,

Pour répondre à votre question à propos du maasser :

  • étant donné que votre situation financière est difficile, vous n’êtes pas obligé de donner 10% de vos revenus nets liés à vos bénéfices ou à votre salaire mensuel au maasser.
  • Certains possekim comme le Rav Ovadia Yossef Zatsal écrivent que ceux dont la situation financière est difficile peuvent d’abord déduire de leurs revenus nets tous les frais nécessaires pour subvenir aux besoins du foyer (charges, nourriture, habits etc.), et ensuite donner 10% de la somme restante (s’il reste quelque chose) au masser.
  • Néanmoins, je précise que même lorsque cela est difficile, il est bien malgré tout de donner 10% de ses revenus nets puisque cela amène la berakha.
  • Le Choul’han Aroukh écrit qu’on ne peut pas devenir pauvre en donnant la tsédaka, donc ce n’est pas à cause de cela que ça ira moins bien, au contraire.

La Tsédaka est une immense mitsva qui a une grande faculté de protection.
La vie est dure mais Baroukh Hachem, vous êtes en bonne santé, votre mari est dans la Torah, j’imagine que c’est aussi le cas pour vos enfants etc., c’est la berakha.

Nous ne sommes pas venus dans ce monde vivre paisiblement.

Le Rav Steinmann Zatsal disait, en reprenant les paroles du Gaon de Vilna, qu’il est impossible d’accéder au olam haba sans souffrances.
Chacun arrive sur terre avec son lot de souffrances qu’il devra endurer, et si Hachem veut qu’il ait un grand olam haba, il subira davantage de souffrances.

C’est à nous de choisir :

  • Va-t-on souffrir pour les bonnes raisons comme vous
    (ce que vous faites est admirable),
    ce qui est le meilleur moyen de souffrir,
  • ou bien pour des futilités à D.ieu ne plaise ?
    – Pas de Chalom bayit,
    – Des maladies,
    – Les enfants qui abandonnent la Torah, Hachem Ychmor,

les exemples ne manquent pas autour de nous, malheureusement…

Vous vous battez pour la Torah, il n’y a pas mieux. 

Vous me dites que je prends part au tikoun Haolam…
Et bien je peux vous assurer que c’est le cas pour vous-même, et peut-être encore davantage !

  • Une femme d’avrekh qui travaille pour que son mari puisse étudier,
  • qui souffre en silence pour ne pas lui faire de peine,
  • qui met au monde des enfants les uns après et les autres
  • et qui fait tout son possible pour les éduquer au mieux est on ne peut plus concernée par cette déclaration de nos Sages :

« Bizkhout nachim tsadkaniot yatsanou mimitsrayim

Nous sommes sortis d’Égypte grâce au mérite des femmes vertueuses ».

Il se passera la même chose à la fin des temps, et il est clair que vous faites partie de ces femmes vertueuses.
Votre mérite est littéralement énorme.

Comme je l’ai dit, on ne peut pas accéder au olam haba sans souffrances, de même qu’il est impossible d’acquérir la Torah et d’habiter en Israël (c’est votre cas d’après ce que j’ai compris) sans souffrir.
D’ailleurs, la Guémara écrit clairement (traité Berakhot) que les souffrances sont inhérentes à ces trois choses ; cela signifie qu’elles ont une valeur colossale.
Donc cela est tout à fait normal.

Sachez que ce que la récompense que vous recevrez pour cela est énorme.

Comme je l’ai expliqué dernièrement dans un de mes cours :

  • imaginons qu’on propose à quelqu’un de lui mettre une gifle.
    Bien entendu, il refusera,
  • mais si on lui propose 100€ en échange,
    il commencera déjà à réfléchir.
  • Pour 1 000€,
    il acceptera sûrement.
  • Pour 10 000€,
    cela ne fait plus déjà plus aucun doute.
  • Pour 100 000€,
    il acceptera de recevoir 10 gifles,
  • et pour 1 000 000€,
    il suppliera de se laisser gifler toute la journée !

En d’autres termes, on est prêt à souffrir lorsqu’on sait que la récompense qui en découle est un grand cadeau.
Vos souffrances vous permettent d’acquérir un mérite plus que gigantesque, véritablement inimaginable et infini.

Si vous aviez conscience de quoi il s’agit en réalité, même pour un dixième de cela, vous seriez prête à souffrir toute la journée avec joie et vous en redemanderiez.

Cela dit, si vous pensez avoir besoin d’aide, je vous recommande vivement d’appeler ma femme qui pourra vous donner les outils nécessaires afin de vivre plus sereinement toutes ces épreuves.
Ces outils proviennent de notre sainte Torah et sont hélas très peu connus même dans le monde ‘harédi.

Kol touv Séla.

Au revoir,
Rav Ron Chaya

 

Référence Leava : 84828
Date de création : 2018-12-23 17:00:53