Un article sur le net a refroidi mon ardeur quant à la mitsva des kaparot. Qu’en pensez-vous ?

 

Bonjour très cher Rav.
J’ai vu que sur votre site vous faisiez de la « publicité » pour les Kaparot, et j’ai donc inciter des gens de ma communauté à faire ainsi et à vous donner leurs dons pour cette Mitsva.
Cependant, un de mes amis proches de la synagogue m’a montré un article sur le net qui m’a refroidi quant à mon ardeur pour cette Mitsva.
Pouvez-vous me répondre avant Kipour svp, car je ne sais pas vraiment vers quelle position pencher !
Chana Tova!

 

Réponse du Rav Ron Chaya : 

Chalom Julia,

Voici mes réponses aux arguments avancés dans cet article :

1) Les kaparot, une coutume païenne.

Effectivement, de grands décisionnaires pensent qu’il s’agit d’une coutume païenne, mais beaucoup d’autres tout aussi grands pensent le contraire.
Pourquoi l’auteur de cet article ne mentionne-t-il qu’un avis, de façon délibérée, et pas l’autre ?

Il cite le Choul’han Aroukh, le Choul’han Aroukh est pour nous la base de la halakha.
Nous avons deux auteur à la base du Choul’han Aroukh, Rabbi Yossef Caro et Rabbi Moché Isserles.

Effectivement, Rabbi Yossef Caro a écrit qu’il fallait empêcher cette coutume, mais ad hoc, Rabbi Moché Isserles a écrit qu’il y a des Guéonim qui ont déjà mentionné cette coutume, ainsi que beaucoup d’A’haronim (les rabbins qui précédent la génération de Rabbi Moché Isserles) et « ainsi nous avons la coutume d’agir dans tous les pays de la région, et il ne faut pas faire autrement car il s’agit d’une coutume de gens pieux (vatikin) ».

Il y a donc deux avis !

Comment peut-on blâmer ceux qui suivent ce deuxième avis ?

De plus, la raison principale pour laquelle la majorité des juifs pratiquent cette coutume est qu’elle est mentionnée dans les écrits de kabala de Rabbénou Ha’Ari.

Il y a donc un sens profond à cette coutume, il ne s’agit pas comme ils l’écrivent, d’une « étrange coutume du coq égorgé, sans doute par folklore ».

2) Effectivement, le Rav Ovadia Yossef Chalita parle du problème dû au fait il n’y a pas suffisamment de cho’hatim (abatteurs rituels) pour répondre à la demande importante lors des kaparot à la veille de kippour, mais en aucun cas, il dit qu’il est mieux de donner de l’argent que de faire des kaparot, il dit qu’il est mieux de faire les kaparot déjà quelques jours avant Kippour au lieu d’attendre le dernier moment.
Et au contraire, bien qu’il cite quelques Rabbanim qui interdisent cette coutume, il dit qu’en fin de compte cette coutume est tout à fait légitime et cite beaucoup de grands rabbins médiévaux et des Guéonim qui considèrent qu’elle est tout à fait compatible avec la halakha : Rachi, le Raavia, le Or Zaroua, le Mordékhi, le Roch, le Tachbets, le Chibolé Haléket, le Tania (médiéval), le Tour, le Méïri…

Cet argument avancé dans cette partie est donc un mensonge, il suffit d’aller vérifiez dans la responsa du Rav Ovadia Yossef Chalita, Yé’havé daat, Tome 2, chapitre 71.

3) Argument incompréhensible.

L’auteur de cet article écrit « Bien qu’il soit autorisé d’abattre un animal le jour de Yom Tov, il existe une vieille coutume juive qui recommande de ne pas tuer d’animaux le jour de Rosh Hashana ».

Je ne comprends vraiment pas.

Au grand jamais, aucune personne n’a égorgé un poulet en tant que kaparot ni un Yom Tov, ni à Roch Hachana.
Les kaparot se font la veille de Yom Kippour, ou les jours précédents : ce sont des jours de ‘hol.
Donc pourquoi avancer un argument qui n’en est pas un, et qui pourrait convaincre de façon fallacieuse des personnes moins averties des modalités de cette coutume ?

En ce qui concerne l’argument “Pourquoi devrions-nous nous montrer cruels envers les animaux précisément la veille de ce Saint Jour, sans aucune raison et sans pitié, au moment où nous demandons à Dieu de nous prêter vie ?!”

Cet argument est ridicule dans la mesure où il est faux de dire qu’on les tue sans aucune raison et sans pitié :

On les égorge pour les manger !

Tous ces poulets seront mangés, et non seulement cela, mais ils seront donnés à des familles nécessiteuses gratuitement pour qu’elles puissent les manger.

Donc au contraire, il y a une très bonne raison de les égorger la veille de ce saint jour :
Non seulement pour les raisons profondes qu’avance la kabala et également tout simplement par le fait que nous faisons en cela un acte de tsédaka, d’aumône envers des nécessiteux, chose qui peut être une très grande protection le jour de Yom Kippour.

Conclusion :

Cet article s’oppose à la coutume qu’ils qualifient d’« étrange » que pourtant la majorité des juifs pratiquant adoptent, d’égorger des poulets les jours précédents Yom Kippour.

Cet article avance 4 arguments :

  1. Une liste considérable de Richonim se sont opposés à cette coutume.
  2. Le manque d’abatteur rituel est un problème de taille qui à pousser les décisionnaires contemporains à s’élever contre cette coutume.
  3. Il n’est pas recommandé de tuer des animaux le jour de Roch Hachana.
  4. Tuer une bête inutilement est un grave interdit.

Comme prouvé plus haut, les trois derniers arguments sont tout simplement des mensonges, et le 1er ment par omission préméditée de l’un des deux avis.

Je proteste contre la façon de faire de cet article qui utilise fallacieusement des arguments soi-disant toraïques afin de déraciner une coutume pratiquée par la grande majorité des juifs religieux.

Il s’agit d’une tentative de changer la Torah ; ce n’est pas nouveau, cela fait 3000 ans qu’il y a des mouvements dans la peuple juif qui tentent de le faire :
Ils n’y arriveront pas car la Torah est éternelle et tout les mouvements qui ont voulu la changer ont pour finir disparu dans l’oubli.

Guemar ‘Hatima Tova

Au revoir,
Rav Ron Chaya

Référence Leava : 26094
Date de création : 2013-09-13 09:09:11