Tout est formidable, tout est bien pense et raconte.
Tout se tient et depuis que je suis née j’y crois et plus encore j’en parle, j’étudie, je partage, je convaincs d’autres.
J’ai toujours eu une maison ouverte a tous et tellement d’invites :
- Le Chabbat,
- La semaine,
- La tsedaka,
- Les mitvot…
- Les cours,
- Les séminaires,
- Les visites à l’hôpital des malades,
- Le manger pour les pauvres
- Etc…
J’ai aussi fait plein d’erreurs et je regrette, j’essaie de faire techouva et je le fais sincèrement…
Je suis allée à l’école Yavné quand s’était une des seules écoles juives à Paris (une veritable messirout néfèch pour mes parents à l’époque) dans les années 1966 jusqu’a 1974.
Je suis d’un bon niveau à comprendre pratiquement tout ce que vous expliquez, vous-même, et le Rav Benchetrit :
C’est superbement expliqué, décortiquée, et jusqu’à présent, tout allait plus ou moins bien avec les aléas et challenges de la vie.
Et d’un coup…
La mort arrive et mon fils de 19 ans en 4 jours…
gone…
C’est comme un coup de poing qui assomme, on est dans le plus épais brouillard, on n’a plus de repère, on est complètement abasourdi, étourdi et même on est déconnecté comme si on avait un film qui se jouait devant, se déroule devant soi et qu’on regarde mais on est en dehors.
- Alors on se redit et se répète tout ce qu’on a appris et parle toute sa vie.
- Tout ce que nos sages et rabbanim nous ont prêché et que moi-même j’ai prêché pendant tant d’années !
Avec tant de conviction et de ferveur ! - On redit les mots que nous-même avions employé pour d’autres dans la même situation…
- On se rabâche tous les jours le même leit motive et les mêmes discours ….
- On se dit maintenant ou jamais je peux agir comme j’ai tant parle de la emuna, du gamzu le tova…
Du baruch dayan aemet et on devient comme une mécanique qui récite mais le cœur n’y est pas!
Je ne veux pas être une hypocrite car toute ma vie, je suis une dure comme le fer sur tout ce qui concerne le judaïsme et tout notre peuple.
Je pourrais même faire tout un cours sur la émouna entre la ‘hassidout, La Gaon De Vilna, Le Rav Dessler, Le ‘Hafets ‘Haïm, le Rabbi de Lubavitch, Breslav, les sefardim, Rav Dinovitch, Rebetsen Youngreis, etc…
Je les ai tous lu !…
Je suis en plein Rambam qui est phénoménal et qui m’en met plein la vue et la tête… Génial !
Tous les dvd et cd de Rav Benchetrit, et les vôtres ; c’est plus que fantastique c’est de la pure adrénaline dans les veines tellement je les kiffe !
Mais pourtant avec tout ça, tous les soirs depuis 10 mois je pleure mon fils, le plus jeune de mes enfants et j’arrive pas avec toutes les raisons possibles a me remettre sur les rails et toujours la même question se pose et reviens :
A quoi ça sert tout ça ?
Je suis fatiguée de cette course à la recherche de je ne sais plus quoi et qui…’et je pense a toutes les mamans des soldats israéliens qui sont morts ou a l’armée et je pense aux gens qui sont morts pendant la shoa et les survivants, je pense a la maman d’Ilan Halimi et de Gilad Shalit et tous les gens qui ont eu pire et Job qui a tout perdu lui…
J’ai toutes les réponses mais mon cœur n’a plus de raison et ce que je ressens c’est presque du vide, du néant.
J’ai baroukh Hachem d’autres bons enfants et petits enfants alors je fais avec de mon mieux mais je me dis je suis créé d’une certaine manière alors pourquoi me demande-t-on de vivre et de penser d’une autre manière au-delà de presque l’impossible ?
Je suis faite de matière avec bien sur un sekhel et on me demande de penser et d’agir avec spiritualité pour atteindre des niveaux qui sont accessibles au premier abord seulement a une élite car c’est pas facile de vivre au 20-21eme siècle et être dans les nuages…
Moi je suis une simple femme qui a toujours travailler dure pour subvenir aux besoins de sa famille et on me dit d’agir de parler de penser et de vivre sur un niveau presque irréel qu’il est presque impossible d’atteindre. on parle d’éternité de l’âme et de résurrection des morts, de la venue d’un Machia’h qui va nous délivrer d’un exil qu’on a pratiquement toujours connu.
Même quand Hachem était révélé de façon flagrante aux bnei israel ils ont péché et douté !
Qui je suis moi pour essaye d’être mieux et comment pourrais-je être différente de ceux qui eux ont vécu et ont été témoins.
Je ne doute même pas c’est ça le pire, mais je me demande à quoi ça sert tout ça ?
J’ai envie de dire à Hacham :
« Time out », ça y est, je suis finie, je suis vidée !
J’ai besoin de menou’ha, laisse-moi tranquille avec tout ça et laisse moi vivre ma vie gentillement sans me casser la tête.
J’ai envie d’arriver à la fin du tunnel, moi je peux pas arriver à réparer le monde toute seule.
Je n’était pas là ( ou du moins je me rappelle pas) moi quand ils ont commis la avera du fruit of knowledge.
Je ne voulais pas moi savoir le bien ou le mal…
Maintenant tout le monde a une opinion, une vérité différente, une façon de percevoir personnelle et qui je dois croire ou comprendre…
Ça tourne la tête tout ça ! C’est une course sans fin…
La vie devient de plus en plus complique et difficile.
Avec le temps la peine s’estompera si D. veut mais ça n’empêche pas que j’ai plus envie et j’ai plus de gout…même si tout le monde me dit qu’il faut être positive, qu’il faut en tirer une leçon, qu’il faut faire encore plus de mitsvot.
Je fais…je fais mais all in all, le cœur n’y est plus! alors est ce qu’il n’y a pas de vacances de la tête quand on est juif, est-ce qu’il faut toujours culpabilise si on fait pas et qu’on doit se sentir toujours observe ?
Et dirige ?
- Et est-ce qu’il faut toujours penser ?
- Est-ce qu’il faut toujours être le meilleur et avoir le sentiment d’avoir raison.
- Est-ce qu’il faut toujours être le phare lumineux sur la cote maritime pour diriger le monde sur le droit chemin… ?
Bien sur c’est comme l’assurance vie, c’est mieux d’avoir au cas ou…mais c’est fatiguant tout ça….parce que même si on essaie de tout son cœur et que on essaie d’être entier avec Hachem , il peut toujours arriver quelque chose de terrible et on vous dit, les tests ne sont donnes qu’aux gens qui sont a la hauteur de les surmonter…
Mais moi je n’étais pas à cette hauteur…
Je n’arrive pas à surmonter, je ne veux pas être de ce niveau, je n’ai rien demandé moi, je ne veux pas être spéciale de cette manière, je veux pas être de ces personnes qui sont touchées par le malheur.
En général ça n’arrive qu’aux autres, j’ai toujours eu de la chance, j’ai eu une bonne enfance et toujours été contente et de bonne humeur, j’ai toujours vu les choses du cote positif et paf ça vous vient sur la figure une horreur pareille et tout s’écroule autour de vous et tout bascule…
La vie n’est plus la même, le vide…
La façon de parler, de voir les choses, de manger, de boire, de vivre devient une autre réalité et tout devient différent…
Alors que faire ?
Que devenir?
Je ne veux pas etre malheureuse et surtout pas être un poids pour mes enfants…tout me devient superficiel, non important. c’est pourtant pas la dépression bien que l’on pourrait y croire mais la tristesse m’envahit, la culpabilisation d’avoir peut être être négligente, pas avoir fait plus, pas essayer d’autres choses…pas de passer suffisamment de temps avec mon fils, de n’avoir pas dit ou fait les choses que je voulais faire et remettre a plus tard…se remettre en question après une catastrophe personnelle c’est normale , tous les bouquins de psy vous disent quoi, comment et quand et la torah aussi vous explique quoi comment et quand et où ?
Et pourtant, je ne remets pas en question l’existence d’Hachem…
Je dis simplement ça suffit, je me rends, je joue plus, je suis vidée….
Réponse du Rav Ron Chaya :
Chalom,
Je pense que tu as entièrement raison, excepté un seul point :
De ne pas avoir compris que tu as entièrement raison d’être ainsi.
Qu’est-ce que tu t’imaginais ?
Que grâce à la emouna tu allais prendre les choses sans tristesse ?
Ton fils décède, on fait les sept jours de deuil, et hop, la vie continue ?
On fait les mitsvot avec entrain, joie, le monde reste comme avant ?
C’est certain que ce n’est pas le retson Hachem, la volonté de D.
Je ne rentre pas dans les raisons.
Chacun de nous sait que nous ne connaissons pas la raison du pourquoi et du comment, car elles sont du domaine de D. donc de l’infini.
Et lorsque l’infini intervient dans toute sa rigueur céleste dans le monde fini, la seule chose qu’on peut faire c’est dire qu’on ne comprend pas et rien de plus.
Donc la tristesse, le manque d’entrain, la perception que tout maintenant est différent est la réaction la plus normale qui puisse y avoir.
Au contraire, il serait anormal de ne pas être ainsi.
Donc tu as tout à fait raison dans tous les comportements que tu as, et baroukh Hachem tu as réussi totalement l’épreuve car l’épreuve n’est pas d’être avec joie, l’épreuve c’est accepter la tristesse, comprendre qu’elle vient de D. sans remettre en cause la Justice Divine, et tu l’as fait admirablement.
Comprendre que personne ne t’as demandé d’être heureuse, joyeuse, d’arrêter de pleurer.
Comme tu as dit, le temps fera ce qu’il fera et peu à peu la douleur s’estompera.
Mais en attendant elle est là, et elle doit être là.
Nous ne sommes pas les chefs d’orchestre pour dire à D. quoi faire et quand arrêter la douleur. Ce n’est que D. qui est le chef d’orchestre.
On aimerait bien que la douleur s’arrête, mais elle continue, alors avec toute la emouna que tu as, on dit :
« Ok, on ne comprend pas, on n’en peut plus,
on sait que tout ce que Tu fais doit être pour le bien vu que ça provient de Toi,
mais le cœur n’y est plus ».
Rien de plus normal, comme je te l’ai dit, tu as entièrement raison, il faut seulement que tu comprennes que tu as raison d’être ainsi et que c’est retson Hachem.
L’essentiel, c’est de rester dans la émouna.
Que D. t’aide et aide tous ceux qui vivent les expériences difficiles de la rigueur céleste, amen.
Au revoir,
Rav Ron Chaya
Que grâce à la emouna tu allais prendre les choses sans tristesse ?
Ton fils décède, on fait les sept jours de deuil, et hop, la vie continue ?
On fait les mitsvot avec entrain, joie, le monde reste comme avant ?
Et lorsque l’infini intervient dans toute sa rigueur céleste dans le monde fini, la seule chose qu’on peut faire c’est dire qu’on ne comprend pas et rien de plus.
Donc la tristesse, le manque d’entrain, la perception que tout maintenant est différent est la réaction la plus normale qui puisse y avoir.
Comprendre que personne ne t’as demandé d’être heureuse, joyeuse, d’arrêter de pleurer.
Mais en attendant elle est là, et elle doit être là.
On aimerait bien que la douleur s’arrête, mais elle continue, alors avec toute la emouna que tu as, on dit :
on sait que tout ce que Tu fais doit être pour le bien vu que ça provient de Toi,
mais le cœur n’y est plus ».
L’essentiel, c’est de rester dans la émouna.
Rav Ron Chaya
Référence Leava : 7218
Date de création : 2009-10-29 23:10:04