Quelle est la signification des rituels de la havdala ?

 

Chalom,

Quelle est la signification des berakhot qu’on fait dans Havdala ?

J’ai entendu qu’on approchait les doigts de la lumière pour montrer qu’ils ne sont pas sales et donc souligner qu’on n’a pas travaillé Chabbat ; est-ce fondé ?

Merci

 

Réponse du Rav Ron Chaya : 

Chalom,

Dans la havdala on fait quatre brakhot.

La première est le guéféne sur le vin, car le vin étant une boisson de valeur, on l’associe souvent à une mitsva qu’on fait, tel que le kidouch, une brit mila, un mariage, etc.
Ce sera le cas aussi pour la havdala.

Ensuite on fait la berakha sur une bonne odeur car motsé Chabbat, le supplément de nefech-roua’h-néchama (différentes âmes que nous recevons en supplément Chabbat) nous quitte, cela provoque une certaine tristesse au niveau de l’âme, or aucune chose matérielle ne peut réjouir l’âme, par contre l’odeur étant une chose très fine au niveau de sa matière, elle est donc plutôt spirituelle et a ainsi une capacité de consolation de l’âme.

Ensuite on fait la berakha « boré méoré ha-ech » « qui crée les lumières du feu ».
Au niveau du sens simple, motsé chabbat de la création, l’homme a créé le feu, à son instar nous faisons la berakha chaque motsé Chabbat sur une flamme.
Il y a des raisons plus profondes pour cette berakha telles qu’elles sont exposées dans le Zohar, Béréchit, tome 1, page 20b et Vayakhél, tome 2, page 208b.

Ensuite on fait la havdala à proprement dite, c’est-à-dire la différenciation entre Chabbat et les jours profanes.

D’après certains décisionnaires il s’agit d’une mitsva de la Torah, comme le kidouch qui, à l’entrée du Chabbat, est dit pour faire la différenciation entre les jours profanes et l’entrée du Chabbat, ainsi on aura la même mitsva de le faire.
D’autres décisionnaires considèrent que cette mitsva est dérabanane.

Je pense que la raison que tu as entendue comme quoi on approchait les doigts de la lumière pour montrer qu’ils ne sont pas sales et donc souligner qu’on n’a pas travaillé Chabbat est fausse.
D’abord parce qu’on peut faire beaucoup de travaux interdits Chabbat sans se salir les doigts, de même on peut faire des travaux permis Chabbat qui salissent beaucoup les doigts.

Les raisons ramenées dans les décisionnaires pour lesquelles on approche les doigts de la lumière sont les suivantes (il faut préciser que ce ne sont pas les doigts qu’on approche de la lumière, mais bien les ongles, on doit rabattre les ongles à l’intérieur de la paume, sur le pouce, et ainsi regarder le reflet de la lumière dans les ongles, j’en profite aussi pour informer ce que peu de gens savent, qu’il est préférable de d’abord voir la lumière dans les ongles et ensuite seulement faire la berakha, et non le contraire, néanmoins a posteriori le contraire est valable aussi) :

  • Le Rav Haye Gaon (10ème siècle de l’ère vulgaire) dit au nom des Sages qu’il y a un signe dans la paume de la main par lequel on est béni, à ce titre on regarde la paume de la main motsé chabbat durant la havdala (comme j’expliquais, une fois qu’on a rabattu les doigts vers l’intérieur de la paume, quand on regarde les ongles on verra en même temps la paume de la main).
  • De même, Rabénou Yona (13ème siècle) dit qu’on regarde les ongles car il y a en eux un signe de bénédiction par le fait qu’ils grandissent toujours, et dans cette mesure aussi nos biens et nos enfants grandiront toujours.
  • Le Mordekhi (13ème siècle) et le Tikouné Zohar écrivent qu’en regardant les ongles on se souvient des ongles du premier homme qui étaient lumineux (effectivement, il est écrit que le talon du premier homme était tellement lumineux que le soleil semblait sombre par rapport à lui, à plus forte raison le corps du premier homme était lumineux).
    En fait, le premier homme était entièrement recouvert d’ongle (le mot tsiporène, ongle en hébreu, est une contraction de deux mots, « tsipouy », revêtement, et « or », lumière).
  • Dans le Zohar aux pages susmentionnées, sont évoquées les raisons profondes pour lesquelles on regarde précisément les ongles, et surtout pas l’intérieur des doigts :
    Durant la semaine, il existe deux sortes de lumières spirituelles qui s’épanchent dans les mondes spirituels, une très haute appelée méoré or (lumières de lumière), et une plus basse qui s’appelle méoré ech (lumières de feu).
    Durant le Chabbat, ces lumières disparaissent et se « rechargent », et lorsque le Chabbat sort elles réapparaissent à nouveau.
    L’être humain étant créé à l’image de D., chaque partie de notre corps correspond à des parties de ces mondes divins, or nos doigts correspondent à ces lumières, l’intérieur de nos doigts correspond aux lumières élevées (méoré or) et nos ongles, c’est-à-dire la partie arrière de nos doigts, correspond aux lumières de feu.
    Les lumières de lumière étant extrêmement hautes, on n’a pas le droit de les voir, comme il est écrit dans le verset (Chemot, chap. 33, verset 23) :« Et tu Me verras par derrière, mais Ma face ne peut être vue ».

    Lorsque nous allumons le feu de la havdala, ce feu correspond à ces deux lumières spirituelles, mais vu que nous n’avons pas le droit de regarder la lumière haute car elle est beaucoup trop haute et intérieure, et nous ne pouvons qu’observer la lumière plus basse (méoré ha-ech), à ce titre nous ne devrons regarder que l’extérieur de nos doigts et non l’intérieur, l’extérieur de nos doigts étant la partie où il y a les ongles.

Au revoir,
Rav Ron Chaya

Référence Leava : 7282
Date de création : 2009-11-07 17:11:15