Quelle différence y a-t-il entre cette attitude et l’exhortation chrétienne de « tendre l’autre joue » ?

Rav Ron Chaya, bonjour

Il y a une question qui me tracasse depuis longtemps, concernant le pardon pour un préjudice moral – blessure, humiliation ou autre – que l’on aurait subi de la part d’un proche.

Il ressort de tous les cours que j’entends à ce sujet, qu’il faudrait se résigner et tout pardonner instantanément sans rien garder dans son coeur : ne pas lui en vouloir, ne pas considérer qu’il nous doit des excuses, ne pas lui faire la tête, ne pas le remettre énergiquement à sa place.

Bref, recevoir ses insultes avec résignation et humilité et en profiter justement pour briser son orgueil.
Certains vont jusqu’à affirmer qu’il faudrait même remercier celui qui nous aurait blessé et humilié pour nous avoir ainsi donné l’occasion de nous corriger.

Je vois ici plusieurs problèmes qui créent chez moi un certain malaise :

  1. Quelle différence y a-t-il entre cette attitude et l’exhortation chrétienne de « tendre l’autre joue » ?
  2. Jouir spirituellement d’une certaine dénégation de sa personne n’est-ce pas une sorte de masochisme malsaine et autodestructrice ?
  3. S’il s’agit d’un fait exceptionnel causé par des circonstances particulières (fatigue, tension, déprime etc.) on peut être indulgent.
    Mais s’il s’agit d’un trait de caractère permanent, d’une tendance légèrement psychopathique à blesser son prochain et à l’humilier, n’est-il pas plus sain de mettre fin de façon énergique et radicale à cette attitude qui sabote nos forces morales, quitte à se fâcher pendant un certain temps ?
  4. Si c’est si facile pour l’autre de se disculper, et si on n’exige de lui aucun changement radical ni aucun effort pour conserver une relation à laquelle il tient peut-être autant que nous, pourquoi serait-il motivé à changer ?
  5. Comment la Torah peut-elle nous demander de tolérer des actes d’irrespect et de méchanceté alors qu’elle-même ne les tolère pas ?
  6. La juste indignation n’est-elle pas aussi une façon de faire valoir les valeurs de la Thora et la volonté de D. sur Terre ?

Merci de me répondre

 

Réponse du Rav Ron Chaya : 

Chère Sarah,

Tes 6 questions sont basées sur un erreur d’information.

La Torah n’a jamais dit qu’il fallait subir les souffrances que nous font subir les autres et tout excuser.
Au contraire, celui qui nous a fait du mal a l’obligation de venir s’excuser.

Simplement, la loi est la suivante :

  • Si quelqu’un nous a fait du mal,
    nous sommes obligés d’aller lui faire une tokhé’ha, c’est à dire lui demander pourquoi il nous a fait cela.

Le but de la Torah est la paix, et le meilleur moyen d’y arriver est la communication.

Donc on ira voir la personne qui nous a fait du mal, pour le lui faire savoir et lui demander des explications.

De deux choses l’une :

  1. Soit il avait une bonne raison et je reconnais que c’est moi qui avait mal compris, donc il n’y a eu de tort véritable, ou c’est lui qui reconnaît qu’il avait tort et s’excuse,
  2. ou encore il peut reconnaître qu’il avait tort mais ne s’excuse pas.
    Dans ce dernier cas, vu que la personne a reconnu qu’elle a fait du mal mais refuse de s’excuser, on a le droit de la haïr.

Au revoir,
Rav Ron Chaya

 

Référence Leava : 433
Date de création : 2006-06-20 03:06:06