Que pensez-vous de l’Hatikva ? Et autres séries de questions…

Chalom Houvraha,

J’ai une série de questions :

1) Que pensez-vous de l’Hatikva ?
Qu’est-ce que cela représente pour vous ?

2) Pourquoi les 39 melahot de Chabbat sont davka les étapes de la construction du Michkan, et pas autre chose ?

3) Est-il permis pour une femme d’allaiter en public ?
Comment doit-elle faire s’il y a des hommes dans la même pièce ?

4) Dans votre cours sur les Sefarades et Achkenazes, vous expliquez que les premiers sont les descendants des Juifs de Babylone et les seconds des Juifs d’Eretz Israel.
Or la plupart des Juifs originaires de Babylone (Irakiens, Perses, Syriens, Tunisiens, etc) n’ont aucun rapport historique avec l’Espagne.
N’est-ce pas alors un abus de langage de les appeler « Sefarades » ?
Ne vaudrait il pas mieux utiliser un terme plus approprié pour les appeler ?
De même parmi les descendants d’Eretz Israel, il n’y a pas que les Achkenazes mais aussi les Grecs et Italiens qui se retrouvent sans raison engloutis sous l’appellation Achkenaze…

5) Pourquoi beaucoup de femmes religieuses (orthodoxes) portent des boucles d’oreille ?
N’est-ce pas une mutilation ?

6) Que pensez-vous des tests génétiques de type « dor yecharim » ?
Certains disent que c’est une mitsva, d’autres un manque d’emouna…

7) J’ai lu dans Rambam que les tâches ménagères devraient en principe incomber au mari, mais comme celui-ci ne peut les faire car il travaille ou étudie, cela retombe sur la femme.
Si la femme travaille (autant que le mari), cela redevient la responsabilité du mari.
Qu’en est-il dans le monde orthodoxe en Israël où la beaucoup de femmes doivent travailler ?
Je n’ai pas l’impression que ce sont les hommes qui fassent le ménage…

8) Que pensez-vous de l’affaire Rubashkin ?

9)Dans la paracha Lekh Lekha, il est dit qu’Avra(ha)m rencontre Malkitsedek, roi de Shalem (= Jérusalem), et prêtre du « D. suprême » (=Hachem).
Si Malkitsedek priait déjà Hachem avant Avraham Avinou, c’est lui le premier monothéiste et pas Avraham !

10) La Akedat Yitshak a eu lieu au Har Hamoria, c’est à dire en plein milieu de Jérusalem.
A ce moment là, où était passé Malkitsedek et son royaume dont on n’entend plus parler ?

11) Lors du seder, on récite Ha Lakhma Ania……
Comment se fait-il qu’on invite les pauvres à nous rejoindre à ce moment là seulement ?
N’ont il pas le droit de faire le kidouch et karpass ?
Et comment peut-on les inviter a manger du korban pessakh (s’il y en avait), alors que seuls ceux qu’on l’ont acheté on le droit d’en consommer ?

12) Pourquoi à Chabbat doit-on tremper la hala dans le sel et pas saupoudrer ?

13) S’il est interdit de faire de la musique (avec un instrument) à Chabbat, comment faisaient les Leviim au Bet Hamikdach ?
Si cela leur était permis mais pas au peuple, n’y avait il pas un risque de marit ayin ?

14) ‘Hazal nous enseigne qu’il est interdit de rappeler à un converti qu’il l’est.
Pourquoi Onkelos est-il systématiquement appelé « Onkelos Haguer » ?

15) Une femme peut-elle acquitter son mari du kidouch, si celui-ci ne sait ou ne peut le dire ?

16) Qui sont les « minim » et les « malchinim » d’aujourd’hui ?

17) Pourquoi les boites de besamim sont habituellement en forme de tour surmontée d’un drapeau ?

18) A quelle date a été pendu Haman ?

19) Le verset « mi khamokha baelim Hachem » suppose qu’il y a d’autres divinités ?
Inférieures à Hachem certes mais tout de même des « dieux » !
Comment comprendre cela ?

20) Pourquoi les noms de certains prophètes se trouvent-ils parfois avec une terminaison en « ah » et parfois en « ahou » ?
Par exemple Yirmiah/Yirmiahou, Yeshaia/Yeshaiahou, Elyiah/Elyiahou, etc.
J’ai un arrière grand père qui s’appelait Elyiah (zal), je souhaite redonner ce nom à mon fils (beezrat Hachem), est-il préférable de garder Elyiah ou donner Elyiahou, plus courant de nos jours ?

Merci pour vos réponses, kol touv !

 

Réponse du Rav Ron Chaya : 

Chalom Sarchalom,

Voici les réponses à tes questions :

  1. Je trouve que la mélodie de la Tikva est très belle, à mon avis elle a été inspirée de la Moldau de Bedrich Smetana.
  2. Il est écrit que Betsalel, l’architecte du Michkan, le sanctuaire dans le désert, savait associer les lettres avec lesquelles le monde a été créé.
    Donc les 39 mélakhot (travaux) utilisés pour la construction du sanctuaire sont en fait les 39 actions de création qu’a utilisé Hachem pour créer le monde.
    Vu que la cessation de ces actions eut lieu Chabbat, ce sont précisément ces 39 actions qui seront interdites pendant
    Chabbat.
  3. Ce n’est pas génial mais c’est permis.
    Elle mettra une serviette sur son épaule qui cachera son sein et l’enfant.
  4. C’est juste, c’est pour cela que lorsqu’on cite ces communautés, comme le fait par exemple le Rav Ovadia Yossef Chalita, on dit : « sefaradim vé-édot hamizra’h », les espagnols et les communautés orientales.
  5. Il n’y a pas de mutilation à porter des boucles d’oreille, au contraire cela embellit la femme.
  6. Nous conseillons beaucoup de faire les tests de type dor yécharim.
    Je pense que cela fait partie de la hichtadlout minimale.
  7. Cette fois, vous vous trompez.
    Dans le couple où le mari étudie et la femme travaille, le mari prend (normalement) sur lui une très grande part des tâches ménagères.
  8. J’ignore cette affaire.
  9. Le premier monothéiste est Adam Ha-richon, le premier homme.
    Il a transmis l’enseignement monothéiste à ses enfants, qui l’ont transmis de génération en génération jusqu’à Noé, Chem, Ever et Avraham.
    La différence entre Avraham et ses prédécesseurs est qu’Avraham a fait connaître la religion monothéiste au monde entier.
  10. Har ha-Moria n’est pas en plein milieu de la Jérusalem antique, elle en est l’extrême-nord, voire à l’extérieur.
    La Jérusalem antique est ce qu’on appelle aujourd’hui « ‘Ir David » donc au sud du mont du Temple.
  11. a) A l’époque, on faisait un kidouch pour les pauvres à la synagogue.

    b) A propos de Pessa’h, votre question est très bonne, et d’ailleurs rabbénou Yéchaya, un des grands rabbins du Moyen-âge, écrit que dans les versions précises de la hagada, on ne doit pas dire cette phrase.

    Premièrement parce que nous de nos jours, n’avons plus le korban pessa’h, et même si nous l’avions, on n’aurait pas pu inviter les personnes à venir le consommer car il faut qu’ils soient « manouï », c’est-à-dire qu’ils aient réservés leur part dans le korban pessa’h avant qu’on l’ait égorgé
    (Chibolé ha-lékèt, séder pessa’h chapitre 218).

    Nous avons beaucoup d’autres rabbanim, la plupart du Moyen-âge, qui donnent une réponse différente à votre question.

    Le Ma’hzor Vitri, lui aussi un des grands rabbanim du Moyen-âge, hilkhot pessa’h chapitre 95, écrit qu’on cite en fait la phrase qu’on disait à l’époque du temple bien plus tôt l’après-midi lorsqu’on réunissait les personnes qui mangeraient du même korban pess’ah :
    « Kol ditsrikh », tout celui qui est en état de pureté suffisante pour manger du korban pessa’h, qu’il vienne et qu’il s’inscrive avec nous sur ce korban pessa’h.

    Le Séfèr hamanhig, un des grands rabbins du Moyen-âge, hilkhot pessa’h page 486, écrit à peu près la même chose sans rappeler le problème de pureté et d’impureté ; il dit que vu qu’il fallait s’inscrire sur le korban pessa’h avant de l’égorger, on cite l’invitation :
    Tout celui qui a besoin de manger le korban pessa’h, qu’il vienne et qu’il s’inscrive avec nous à son propos.

    Le Colbo, chapitre 51, un autre rabbin du Moyen-âge, écrit qu’on ne parle pas du sacrifice de pessa’h mais qu’on parle du seder :
    Tout celui qui a besoin des aliments nécessaires pour le seder de pessa’h, tels que le karpass, le ‘harossèt, le maror, le vin, les matsot etc., qu’ils viennent les prendre.

    Le Aboudréhem, sur la hagada de pessa’h, explique aussi ainsi.

    Le Maamar ‘Hamètz du Rachbats explique que lorsqu’on dit :
    Que tous ceux qui ont besoin viennent faire pessa’h, on parle de faire la fête de pessa’h et de fêter avec nous cette journée, mais pas du sacrifice de pessa’h.

    Le Chela hakadoch, sur le traité Pessa’him, explique que le pessa’h dont on parle ici est l’afikoman qu’on mange à la place du pessa’h (comme l’explique le Roch, Pessa’him chapitre 10 alinéa 34) à propos duquel il n’y a pas besoin de s’inscrire avant de le cuire au four.

    Le Bné Issakhar, un des grands rabbanim de la ‘hassidout, dans Maamaré ‘Hodèch Nissan, maamar 5, l’histoire de la sortie d’Egypte alinéa 11, écrit à peu près comme le Chela hakadoch.

    Le Mar-é Yé’hezkiel, Moadim, sur la hagada de pessa’h, écrit que le mot « Vayifsa’h » (faire pessa’h) de cette invitation parle de la réception des lumières spirituelles que nous recevons par la sainteté de la fête, et non du sacrifice de pessa’h.

  12. Non seulement à Chabbat, mais chaque fois qu’on fait le motsi on doit tremper le pain dans le sel et non saupoudrer le pain de sel.

    Pourquoi ?
    Comme le cite le Ben Ich ‘Haï, 1ère année parachat Emor alinéa 10, la valeur de « lé’hèm » (pain) et la valeur de « méla’h » (sel) sont égales (78), et 78 est 3 fois la valeur du nom d’Hachem (26).
    Les 3 noms d’Hachem qu’il y a dans le sel sont du côté de la rigueur céleste alors que les 3 noms d’Hachem qu’il y a dans le pain sont du côté de la miséricorde céleste.
    On doit donc tremper le pain dans le sel car par cette action, on adoucit la rigueur céleste contenue dans le sel.

  13. Au Beth hamikdach, n’étaient interdites que les mélakhot de la Torah, et pas celles dérabannan.
    Or, l’interdiction de jouer de la musique est un interdit dérabannan, de peur qu’on en finisse par transgresser un interdit de la Torah c’est-à-dire réparer l’instrument cassé.
  14. Il n’est pas interdit de rappeler a un converti qu’il l’est, il est interdit de dénigrer les goïm en face de convertis jusqu’à 10 générations.
    Il est vrai que pour un converti qui souffre du fait qu’on sache qu’il est converti, il sera interdit de dévoiler cela.
    Il faut dire qu’Onkelos ne souffrait pas de cela.
  15. Il est écrit dans le Choul’han Aroukh, Ora’h ‘Haïm, chapitre 271 alinéa 2, que les femmes peuvent rendre quitte les hommes du kidouch, néanmoins, les décisionnaires ont écrit qu’une femme peut rendre quitte son mari, mais pas un autre homme, car ce n’est pas pudique.
  16. Rachi, dans le traité Roch Hachana page 17A, écrit que les minim sont les élèves de jésus le Nazaréen qui ont changé la Torah ; cela reste actuel.

    Le Rambam, dans hilkhot techouva, chapitre 3 alinéa 7, écrit qu’il y a 5 sortes de minim :

    1) celui qui dit qu’il n’y a pas de divinité et de dirigeant au monde, cela correspondrait aux athées d’aujourd’hui ;

    2) celui qui dit qu’il y a plusieurs dirigeants au monde, cela correspond aux chrétiens actuels qui croient en l’association ;

    3) celui qui dit qu’il y a un seul D. mais qu’Il a un corps et une image ;

    4) celui qui dit qu’il y a un D. mais qu’Il n’est pas le premier ni créateur de tout ;

    5) celui qui sert un intermédiaire entre lui et la divinité.

    Les malchinim sont les délateurs, et ce, jusqu’aujourd’hui.

  17. Aucune raison religieuse à cela, ce n’est qu’une mode.
  18. Haman a été pendu pendant les premiers jours de pessa’h, la 12ème année du règne d’A’hachvéroch soit en l’an 3404 de la création.
  19. Le mot « El » en hébreu signifie une force, comme on le voit dans le verset (Béréchit 31, 29) :

    « yèch léhèl yadi la’assot ‘imakhèm ra’ », j’ai le pouvoir de vous faire du mal.

    Donc chaque fois qu’il y a une force spirituelle ayant un pouvoir, on l’appelle « El ».
    Il ne s’agit pas d’une divinité mais d’une force spirituelle.

  20. Je l’ignore.
    Vous pouvez appeler votre fils Elia comme Elihaou, les 2 sont relativement courants.

Au revoir,
Rav Ron Chaya

 

Référence Leava : 13622
Date de création : 2011-06-22 00:06:03