Que faire lorsqu’on s’aperçoit une fois dehors qu’on porte un objet dans sa poche pendant Chabbat ?

Bonjour Rav,

Pendant Chabbat, il est interdit de porter, et à ma connaissance, cette interdiction selon la Torah consiste à déplacer quelque chose d’un domaine public à un domaine privé.

Ma question est donc la suivante :
Il m’est malheureusement déjà arrivé pendant Chabbat en sortant de chez moi de me rendre compte une fois sorti que j’avais un mouchoir dans la poche.
Quelle est l’attitude a avoir dans un tel cas ?

  • Jeter immédiatement le mouchoir
    et alors transgresser l’interdiction de déplacer un objet du domaine privé au public ?
  • Ou bien rentrer chez moi pour ramener le mouchoir ?

Merci

 

Réponse du Rav Ron Chaya : 

Chalom Mikaël,

Il existe deux interdictions de la Torah qui se ressemblent :

  • L’interdiction de sortir un objet du domaine public au domaine privé ou vice-versa

    et

  • L’interdiction de déplacer un objet dans le domaine public plus de 4 coudées soit un peu moins de 2 mètres.

Dans ces deux interdits, la mélakha (c’est-à-dire l’interdit de Chabbat) est transgressé de façon totale que si on a fait deux actions :

  1. La « akira », c’est à dire littéralement le déracinement c’est-à-dire le début du déplacement de l’objet, c’est-à-dire son passage entre sa situation d’immobilité et celle de mobilité
  2. La hana’ha, le fait de le poser.

Si on a fait la première opération mais pas la deuxième, on n’a pas transgressé l’interdit grave de Chabbat (on a cependant transgressé un interdit dérabanan).
Dès lors, si quelqu’un est sorti de chez lui et s’est aperçu qu’il avait dans sa poche un mouchoir, il a déjà fait la akira dans le domaine privé et il ne devra surtout pas s’arrêter car s’il s’arrête il fait par là une hana’ha dans le domaine public et l’interdit grave aura été transgressé.
Donc surtout qu’il ne s’arrête pas et qu’il continue à marcher.

Que peut-il faire pour qu’il n’y ait pas de hana’ha ?

Il y a deux solutions (et une autre) :

  1. Soit il pose le mouchoir sur un makom ptor.
    Qu’est-ce qu’un makom ptor ?
    C’est un endroit qui se trouve dans le domaine public mais qui est plus haut de ce dernier d’au moins 29 cm et qui n’est pas plus large que 32 fois 32 cm, par exemple une bouche à eau pour les pompiers ou sur lequel il pourra suspendre son mouchoir sur un pylône.

    Dans tous ces cas, étant donné que le lieu sur lequel on place le mouchoir est conforme aux mesures susmentionnées, il a le statut d’un makom ptor, c’est-à-dire d’un endroit qui n’est pas considéré comme le domaine public mais comme son nom l’indique, « un domaine exempté ».

    Attention :
    Il faudra faire très attention de ne pas s’arrêter face à la bouche à eau ou au pylône et ensuite y poser le mouchoir mais en marchant sans s’arrêter le poser ,car si on s’arrête, on a déjà fait la hana’ha et on aura déjà transgressé l’interdit de Chabbat.

  2. Solution, tout aussi bonne :
    Ne pas s’arrêter et lorsque nous sommes en train de marcher donner le mouchoir à un non-juif qui lui aussi est en train de marcher.

    Si on le donne à un non-juif qui est arrêté, on aura fait une hana’ha ; mais si lui-aussi marche, étant donné que nous deux, lui et moi-même ne sommes pas arrêtés, il n’y a pas de hana’ha.

    Lorsque lui fera la hana’ha cela ne nous concerne plus, c’est lui qui l’a fait et pas moi.
    Dans cette mesure, je n’aurai pas transgressé l’interdit grave de Chabbat.

  3. Solution, moins bonne :
    D’après certains décisionnaires (le Rachba entre autres) si on déplace un objet d’un domaine privé à un domaine privé en passant par le domaine public sans jamais s’arrêter dans le domaine public on n’aura pas transgressé l’interdit grave de Chabbat.

    Donc, si on se rend compte à l’extérieur qu’on a un mouchoir on ne devra surtout pas s’arrêter jusqu’à qu’on arrive à notre destination qui est un domaine privé et là-bas y poser le mouchoir.
    Ou bien on pourra aussi rentrer chez soi et y poser le mouchoir.

    Attention :
    D’après beaucoup de décisionnaires, l’interdit aura été transgressé.
    Donc le mieux sera aussi si possible de trouver un non-juif dans l’endroit de notre destination ou si on revient chez soi et lorsqu’on est en train de marcher et lui-aussi, alors lui remettre le mouchoir.

Au revoir,
Rav Ron Chaya

 

Référence Leava : 24500
Date de création : 2013-06-02 01:06:26