Si nous descendons de convertis, comment peut on prétendre à un retours sur notre terre Erets Israel ?

 

Shalom Rav,

Merci pour votre site avec des cours tout à fait pertinents, il y a une question qui me tracasse depuis plusieurs mois, et je ne trouve pas de réponse.

L’histoire n’étant pas mon domaine même si je m’y intéresse de temps en temps, mais de nombreuses sources historiques pour le moins sérieuses, attestent d’un prosélytisme juif actif dans l’antiquité qui aurait perduré jusqu’au moyen âge.

Ainsi les khazars seraient à l’origine des ashkénazes, ou du moins d’une bonne partie des juifs d’Europe de l’est.

Il en vas de même pour les juifs d’Afrique du Nord, qui seraient issus de conversions des peuples Berbères.

Les Hasmonéens (Hachmonaïm je suppose) auraient également étés prosélytes.

Il existe une multitude d’exemples (Inutiles de tous les citer) qui prouveraient que les juifs ont été un temps prosélyte.

Je suis personnellement fondamentalement opposé à toute forme de prosélytisme, quand on sait toutes les dérives que cela a pu, et peu toujours entraîner chez nos confrères musulmans et chrétiens (guerres de religions, génocides, massacres, conversions forcées).
Me dire que nous avons pu être prosélyte porte évidement atteinte à ma emouna.

Mais le problème ne s’arrête pas là, cela remet en cause le concept de « galout ».

Si nous descendons de convertis, comment peut on prétendre à un retours sur notre terre Erets Israel, puisque les hébreux ne seraient pas forcément nos ancêtres?

Shlomo Sand (qui est l’historien à qui je n’accorde pas forcément le plus d’importance car j’ai des doutes sur son honnêteté intellectuelle, je le suspecte d’utiliser ses connaissance historiques à des fins politiques plutôt que d’établir une réalité historique) affirme même qu’il y a de grande chances pour que les palestiniens soient en fait les descendants des hébreux qui auraient été majoritairement convertis à l’Islam, l’exil forcé après la destruction du second temple étant constamment hypertrophié.

Si le judaïsme a eu une époque antique prosélyte, c’est le concept même du judaïsme moderne qui s’effondre (religion affiliée à un peuple) et la notion de peuple « élu » qui prend l’eau, sans oublier toutes les conséquences que cela implique sur la légitimité de l’état d’Israël et le sionisme.

Pourtant Ballack n’avait-il pas prédit que le peuple juif ne se mélangerait pas aux nations ?
D.ieu n’a-t-il pas promis à Avraham de faire de LUI un grand peuple ?

Les différentes études génétiques qui ont été pratiquées montrent des résultats contradictoires selon l’expérimentateur sur la notion de peuple juif.

Mes questions ne sont évidement pas des provocations, mais des demandes d’éclaircissement.

Je ne trouve pas de réponses à la hauteur de ces questions, pourtant j’estime que répondre pertinemment avec des preuves à l’appui est de loin la meilleure solution, plutôt que hurler à l’antisémitisme, ou à la non crédibilité des historiens.

Merci beaucoup de m’avoir lui jusqu’au bout !

Réponse du Rav Ron Chaya : 

Chalom Avner,
Si la définition du mot prosélytisme signifie qu’on accepte de recevoir des personnes qui ne sont pas nées d’une mère juive au sein du peuple juif à condition qu’elles accomplissent un processus de conversion sincère et authentique, alors la Torah est prosélyte.
Mais si ce mot signifie aller chercher des non-juifs et tenter de les convaincre de se convertir, alors la Torah n’est pas du tout prosélyte, et tout celui qui affirme le contraire non seulement se trompe mais prouve aussi son ignorance du sujet.
Effectivement, le Talmud, traité Yebamot page 47a (date de rédaction du Talmud : 450 de l’ère chrétienne), cite une source « tanaïque », c’est-à-dire antécédente à l’an 220 de l’ère chrétienne, expliquant la manière de convertir une personne et affirme :
« Si une personne veut se convertir, on lui dit « ne sais-tu pas qu’aujourd’hui les juifs sont dans une situation lamentable, sous pression, rabaissés, secoués, et que des souffrances les touchent ? »
S’il répond :
« je le sais, et c’est à peine si je mérite de faire partie de ce peuple »,
On le reçoit et on lui enseigne les punitions des mitsvot en lui disant :
« sache que jusqu’à aujourd’hui tu pouvais manger des graisses interdites et tu n’étais pas sanctionné par le karèt, tu pouvais transgressé le Chabbat sans être passible de lapidation, mais dès maintenant, si tu manges des graisses interdites tu seras sanctionné par le karèt, et si tu profanes le Chabbat tu seras passible de lapidation… ».»
Nous voyons donc que le judaïsme préconise de dissuader les candidats à la conversion, on ne peut donc pas dire que le judaïsme est prosélyte comme la deuxième définition mentionnée plus haut.
Or, toute personne comprenant un peu comment s’articule le peuple juif peut saisir qu’il n’y a pas de référence plus fiable que le Talmud.
  • A propos des élucubrations de Chlomo Sand, consulte le lien suivant .
    • Ceci dit, comme nous le voyons, le judaïsme tolère tout à fait les conversions authentiques, d’ailleurs il faut savoir que beaucoup de grandes figures du judaïsme sont issues de conversion, et ni plus ni moins que le roi David qui est l’arrière-petit-fils de Ruth la moabite et de laquelle descend le Machia’h.
      • On peut encore citer Rabbi Akiva qui est le fils de Yossef le converti, Hillel qui était lui aussi fils de converti et ses deux Rabbanim Chémaya et Avtalione eux-mêmes des convertis.
        • Le Talmud, traité Guittin page 56a, dit que Néron César s’est converti et que son arrière-petit-fils était rabbi Méir baal Ha-ness.
  • Mais il va de soi que l’immense majorité du peuple juif est descendante d’Avraham, Yits’hak et Yaakov.
Si après cela tu n’es pas satisfait de ma réponse, n’hésite pas à me réécrire.
Au revoir,
Rav Ron Chaya

Référence Leava : 28371
Date de création : 2014-02-17 11:02:14