Cher Rav Ron Chaya,
Je m’appelle Satchel et j’ai 17 ans.
- Je ne suis pas pratiquant et me pose beaucoup de questions sur l’existence de D.ieu et de Moshe Rabeinou.
- Je voulais savoir si vous aviez lu « la bible dévoilée » de Neil Asher Silberman et Israël Finkelstein ?
Si oui, quelles sont vos pensées là dessus ?
Merci.
Réponse du Rav Ron Chaya :
Chalom,
- A propos de D. et de Moché Rabbénou, regarde les cours :
« La preuve irréfutable »,
« Guermamia »,
les cours sur la loi orale 1 & 2,
et le cours « La preuve ».
(et la nouvelle version de la loi orale :
La Torah Orale (1/2) (2013) : Les rabbins ont-ils inventé ?!
et La Torah Orale (2/2) (2013) : Les rabbins ont-ils inventé ?!). - À propos du livre « La bible dévoilée » de Silberman et Finkelstein, je te cite ici les paroles du site bible et archéologie :
- La chronologie classique propose donc de situer la vie d’Abraham vers 1800 avant notre ère.
Cependant l’existence historique des patriarches est aujourd’hui remise en question par plusieurs archéologues.- Israël Finkelstein et Niels Silbermann, dans leur ouvrage « La Bible dévoilée« , estiment que le récit n’est pas crédible car il contient des anachronismes [5].
D’abord l’utilisation des chameaux, abondamment cités dans l’histoire d’Abraham, n’est pas d’époque ; en effet, leur domestication n’est attestée que beaucoup plus tard, vers l’an 1000 av. J.-C..
- Israël Finkelstein et Niels Silbermann, dans leur ouvrage « La Bible dévoilée« , estiment que le récit n’est pas crédible car il contient des anachronismes [5].
- Deuxième incohérence, le texte parle d’une alliance entre Abraham et le roi des Philistins, Abimelech.
Cette référence aux Philistins n’a pas sa place en des temps aussi anciens, puisque ce peuple est arrivé par la mer seulement autour du XIIème siècle avant notre ère. - Faut-il brûler l’histoire d’Abraham ?
Cet avis est loin de faire l’unanimité chez les orientalistes. […] l’argument sur les chameaux pourrait être tempéré par des indices de la domestication du chameau, qui ont été trouvés dans des sites très anciens. - En 1944, Joseph Free publia un article dans lequel il relevait des indices d’utilisation de chameaux dans des sites égyptiens des toutes premières dynasties : statuettes de chameaux en céramique (env. 3000 av. J.-C.), corde en poil de chameau (vers 2500 av. J.C.), pétroglyphe montrant deux hommes montés sur un chameau (env. 2300 av. J.-C.) [6][7][8].
- Dans la même démarche, en 1966 le professeur anglais Kenneth Kitchen cita des éléments similaires trouvés au Proche-Orient [9] : ossements de cet animal trouvés à Mari en Mésopotamie (au moins 1800 ans av. J-C.), textes sumériens de Nippur parlant de lait de chameau … Ces éléments bien qu’assez disparates, attestent que l’usage domestique de cet animal avait déjà commencé à l’époque supposée d’Abraham.
Je te cite également quelques extraits traduits du livre de K.A Kitchen, « Ancient Orient and Old Testament » :
4 – Quelques problèmes historiques
- Les chameaux à l’époque des patriarches
On affirme souvent que les chameaux et leur usage sont un anachronisme dans la Genèse.
Cette accusation est simplement fausse du fait qu’il y a à la fois des preuves philologiques et archéologiques de la connaissance et de l’utilisation de cet animal au début du second millénaire avant l’ère vulgaire. Alors qu’il existe une polémique sur une possible référence aux chameaux dans la liste d’Alalakh (18ème siècle avant J.C.), les listes lexicales de la grande Mésopotamie, dont l’origine se trouve dans la période de la Babylonie antique, montrent une connaissance et même une domestication des chameaux 2000 ans avant J.C.. De plus, un texte Sumérien de Nippur, de la même période antique, donne des preuves évidentes de la domestication du chameau à cette époque par des allusions au lait du chameau.
Des os de chameau ont été trouvés dans les ruines d’une maison à Mari dans l’âge présargonique entre le 25ème et le 24ème siècle avant J.C. ainsi que dans différents sites de Palestine entre 2000 et 1200 avant J.C.
On trouve dans Byblos une représentation incomplète du chameau datant du 19ème siècle avant J.C.
Toutes ces preuves ainsi qu’une multitude d’autres ne peuvent être ignorées. - Les Philistins et l’époque des Patriarches
La présence des Philistins à Gerar à l’époque des Patriarches est en général rejetée comme un anachronisme du fait qu’ils ne sont mentionnés dans aucun document antérieur à 1190 avant J.C. (texte de Ramsès III en Egypte).
Cela reste malgré tout un argument tiré d’une preuve négative sur lequel on ne peut donc pas se fier avec certitude. Les « Philistins » de le Genèse, Chap. 26 sont relativement pacifiques et pro-sémites.
Ils ont donc un caractère bien différent des guerriers Egéens du 12ème siècle avant J.C..
Il semble même légitime de se demander si le terme « Philistins » de la Genèse n’est pas en fait un terme appliqué à des immigrants égéens du 12ème siècle avant J.C. qui, comme les « Philistins » de la Genèse, descendent de Caphtor (Crête et iles Egée).
Les Caphtorimes du Deutéronome 2 :23 pourraient très bien être les immigrants égéens en question.
Ceci étant admis, le présupposé anachronisme disparaîtrait complètement.Caphtor serait la Kaptara des archives de Mari du 18ème siècle avant JC, soit l’époque des Patriarches.
L’un de ces documents mentionne d’ailleurs le roi de Hazor en Palestine envoyant des cadeaux à Kaptara.
Un trace dans la direction inverse, à la même période, est nettement prouvé par la présence de poteries à l’effigie de Hazor lui-même datant du Moyen Minoen II à Ugarit en Phénicie, ainsi que dans la Haute Égypte.S’il n’existait en effet pas d’équivalent des « Philistins » en Palestine à l’époque des Patriarches, l’évocation de ces faits dans les textes Patriarcaux resteraient une énigme.
Ce genre de preuves utilisé ici a été complètement ignoré par les spécialistes de l’Ancien Testament.
Enfin, si la tentative de déchiffrement du langage Minoen « Ligne A » en tant que Sémite par le professeur C. H. Gordon se trouvait étoffée, elle serait en accord avec le roi « Philistin » de Gerar que l’on trouve dans la Genèse Chap. 26 et qui porte un nom ou titre Sémite (Abimelech).Bien sûr, aucune valeur ne peut être accordée à tout cela tant que la thèse de Gordon ne pourra être confirmée.
(Kitchen K.A. : « Ancient Orient and Old Testament », chapter 4. Inter-Varsity Press, London 1966, p.191)
À propos des philistins, Kitchen donne deux arguments.
- Le premier c’est que l’argument qu’avancent Finkelstein et Silberman selon lequel on n’a pas trouvé de vestiges archéologiques, n’est pas une preuve.
Qu’on n’en ait pas trouvé ne signifie pas qu’il n’y en a pas.
Peut-être qu’il y a beaucoup de vestiges de ce type, mais ils n’ont pas encore été trouvés. - Le deuxième argument qu’avance Kitchen est le suivant :
La Torah a toujours appelé les habitants de la région de Gaza actuelle philistins, bien que les premiers habitants de cette région ne fussent pas ceux que nous appelons aujourd’hui les philistins.- L’argumentation de Finkelstein et Silberman s’appuie sur un axiome non prouvé.
Le mot philistin employé par la Torah désigne les mêmes peuples que ceux désignés par le mot philistin actuel.
Cet axiome n’est basé sur rien. Il se peut tout à fait que la Torah ait appelé philistins toutes les peuplades habitants la région appelée par la Torah Phélachète, peu importe leur origine.
Aujourd’hui ne sont appelés philistins que les peuples d’origine égéenne qui ont occupé cette région dès 12 siècles avant l’ère chrétienne.
Mais personnes ne prouve qu’il n’y avait pas d’autres peuplades dans cette région, que la Torah a appelé aussi philistins au nom de la région Phélachète.
- L’argumentation de Finkelstein et Silberman s’appuie sur un axiome non prouvé.
Je te recommande vivement de regarder ceci et je te conseille aussi de regarder le lien suivant pour plus d’information d’étude comparative entre la Torah et l’archéologie.
Au revoir,
Rav Ron Chaya
Référence Leava : 7291
Date de création : 2009-11-08 15:11:26