Quel est le mérite d’Abraham ? Pourquoi la Thora Orale est-elle donc importante pour les Juifs d’aujourd’hui ? Tous sont d’accord pour dire que croire en jc est de l’idolâtrie ?

Bonjour Rav Ron Chaya,

J’ai trois questions à vous poser, si vous voulez bien me répondre, bien sûr.

1) Dans la première question, je m’interrogeais sur le mérite d’Abraham.
En fait, avec un ami (on parlait d’Abraham et du Judaïsme) on se posait la question de savoir pourquoi D.ieu aurait-il conclu une Alliance avec Abraham et non avec quelqu’un d’autre ?
Selon mon ami, Abraham aurait eu le mérite de ne pas croire aux idoles de ses ancêtres et d’être plus juste que ses contemporains.
Mais, d’après ce que je pense, c’est juste une Grâce de D.ieu (un don immérité).
Il devait certainement y avoir à cette époque, dans le monde, des gens plus justes, plus pieux qui ne croyaient pas aux idoles, mais D.ieu a juste jeté son dévolu sur Abraham, sans raison particulière.
Je voulais donc avoir l’avis d’un rabbin sur ce sujet, si possible.

2) Ensuite, c’est à propos des différents courants du Judaïsme à l’époque du Second Temple.
D’après mes recherches, il existait plusieurs courants soient :
les Pharisiens, les Sadducéens, les Esséniens et les Zélotes.
Toutefois, lors de la destruction du Second Temple, seul le Pharisianisme a « survécu » et est à l’origine du judaïsme orthodoxe que l’on connait actuellement.
Or, il faut préciser que les Pharisiens seuls (si je ne m’abuse) croyaient en une Thora Oral, ce qui n’était pas le cas des Sadducéens.
D’ailleurs, les Sadducéens (aristocratie sacerdotale principalement) ne croyaient entre autres ni aux Anges ni à la résurrection des morts.

D’où ma question :
Pourquoi la Thora Orale est-elle donc importante pour les Juifs d’aujourd’hui si les Juifs d’antan n’y croyaient pas tous (cf. Sadducéens et Esséniens) ?
Et surtout, comment se fait-il que des Juifs (servant dans le Temple et connaissant la Torah) ne croyaient ni aux Anges ni à la résurrection des morts ?
Je suis toujours impressionnée par le cas des Sadducéens, y a-t-il des courants comme ceci actuellement dans le Judaïsme ?

3) Enfin, dans une de mes précédentes questions (ça date d’un an), vous m’avez répondu que beaucoup de décisionnaires juifs affirment que c’est un péché d’idolâtrie que de croire en la divinité de Jésus.
Mais que d’autres décisionnaires ne sont pas d’accord avec cela.

Pour dire vrai, je suis intriguée.
Je pensais que cela faisait consensus auprès de tous les grands rabbins, que pour vous, Jésus n’était pas le messie et que croire en sa divinité est un blasphème.
Dans ce cas, comment expliquer le désaccord des autres décisionnaires ?
Que pensent-ils alors de Jésus ?
Et finalement, le Messie, c’est D.ieu ou c’est juste un homme ?

Merci encore pour le temps que vous prendrez pour me répondre.
Bonne journée.

 

Réponse du Rav Ron Chaya : 

Chalom Benny,

Voici les réponses à vos questions :

  1. C’est votre ami qui a raison.
    Il est écrit à plusieurs endroits, dans le Midrach entre autres, qu’Avraham dépassait de loin le reste des justes de sa génération.
    Tout d’abord, il a été prêt à se jeter dans la fournaise plutôt que de renier sa foi en un D.ieu unique.
    Par la suite, il a non seulement cru en ce D.ieu unique, mais il a aussi informé les êtres humains de Son existence en militant à cette fin.
    Dans cette mesure, il était unique dans sa génération, c’est pourquoi D.ieu l’a choisi parmi les autres en concluant une alliance avec lui et sa descendance.
    Pour plus de détails à ce sujet, consultez l’excellent livre du Ram’hal (Rabbi Moché ‘Haïm Luzzato) intitulé « Les voies de D.ieu », dans lequel il explique, entre autres, ce que je viens de vous expliquer d’une manière plus profonde.
    Je vous recommande beaucoup ce livre car il contient les bases du judaïsme en quelques chapitres, et cela est expliqué de façon remarquable et profonde.
  2. L’obligation de croire en la loi orale provient de la Torah écrite elle-même : Dévarim, chapitre 17, versets 8 à 11.
    Pour plus de détails à ce sujet, consultez les cours La Torah Orale (1/2) (2013) : Les rabbins ont-ils inventé ?!et 2/2(et aussi « La loi orale (2005) » 1 et 2). 

    Hélas, de tout temps dans le judaïsme, il y a eu des courants qui ne croyaient pas en la loi orale ; et bien sûr, peu à peu, ils ont disparu. A l’époque, il y avait les Baïtossim et les Tsédokim, puis les Caraïtes, les néologues, les Dardaïm, aujourd’hui ce sont les réformistes, les conservatifs, les massortis etc.

    Tous ces mouvements sont des portes par lesquelles s’engagent tous ceux qui ne pourront pas participer à l’éternité du peuple d’Israël, hélas.

  3. Je pense qu’il y a un malentendu :
    Il est clair qu’un juif n’a absolument pas le droit de croire en la « divinité » de Jésus, et il n’y a pas de divergence d’opinions à ce sujet.
    Le point de divergence chez les décisionnaires juifs est sur cette question :
    Un non-juif transgresse-t-il l’interdit d’idolâtrie en croyant à la « divinité » de Jésus ?

Au revoir,
Rav Ron Chaya

 

Référence Leava : 66749
Date de création : 2015-07-26 06:31:55