On doit se laisser tuer si on nous ordonne de commettre un crime. Mais que fait-on si on nous menace de tous nous tuer ou d’en tuer un seul ?

Chalom alehem rav,

Il y a 3 raisons pour se laisser assassiner

  • gilouy arayot
  • le crime
  • et avoda zara.

Mais par exemple si on est dans le cas où une personne a aligné 10 personnes et dit soit je te tues soit je tues vous 10.
D’un côté si on se laisse tuer on fait vivre les 9 autres et d’un autre coté on se laisse pas tuer parce que ça rentre pas dans les 3 cas.

Todda rabba
Lehitrahot

 

Réponse du Rav Ron Chaya : 

Chalom Jérémie,

La réponse à ta question est formulée clairement dans les écrits de ‘Hazal.

  • La dernière Michna du chapitre 8 de Teroumot écrit que si des non juifs ont dit à un groupe de femmes « donnez-nous l’une d’entre vous afin qu’on la souille, ou sinon on vous souille toutes », que toutes soient souillées et aucune personne d’Israël ne leur soit donnée.
  • Dans le Talmud de Jérusalem, la Guémara qui traite de cette Michna cite une Beraïta disant la même chose à propos d’idolâtres qui ont dit à un groupe d’homme « donnez-nous l’un d’entre vous afin qu’on le tue ou on vous tue tous », que tous soient tués et qu’on ne leur transmette pas une personne d’Israël.

    La beraïta rajoute que néanmoins, si les non-juifs ont désigné qu’ils voulaient précisément une personne et que celle-ci était passible de mort selon la Torah, telle que Chéva Ben Bikhri (dans le livre de Samuel, Chéva Ben Bikhri était un homme passible de mort et il sera donné à ses ennemis pour qu’une ville entière ne subisse pas le siège et la mort), dans ce cas, on pourra leur donner cette personne afin que le reste ne soit pas tué.

  • Le Talmud continue et raconte qu’un homme qui était passible de mort s’était enfuit et s’était caché dans le village de Rech Lakich ; l’armée a entouré le village en menaçant de tuer tout le monde si cette personne ne se rendait pas ; Rech Lakich leur a donné cet homme-là en agissant d’après la loi susmentionnée.

    Néanmoins, dès ce jour, Elihaou Hanavi ne s’est plus dévoilé à Rech Lakich ; Rech Lakich a fait plusieurs jeûnes de suite pour qu’Elihaou Hanavi se dévoile à lui à nouveau, et ce fut le cas.

    Il lui demanda pourquoi il ne venait plus le visiter, Elihaou Hanavi lui à répondu :
    « Est ce que je viens visiter les délateurs ?! ».

    Rech Lakich rétorqua :
    « Mais c’est ainsi que dit la Michna ! ».

    Elihaou Hanavi lui répondit :
    « Oui, mais est-ce une Michna des ‘Hassidim ? »,
    c’est-à-dire qu’a priori, il n’est pas bien d’agir ainsi.

C’est vrai que d’après la loi stricte, cela est permis, mais cela n’est certainement pas approprié aux ‘Hassidim, aux gens pieux.

Maïmonide, dans l’alinéa 5 du chapitre 5 de Yéssodé haTora, a tranché ainsi :

  • Si des non juifs ont dit de leur donner une personne afin qu’ils la tuent, et sinon menace de tuer tout le groupe, que tout le groupe soit tué et que personne ne soit donné à ces non juifs, à moins qu’il n’y ait dans ce groupe une personne désignée par les non-juifs qui soit passible de mort.
    Néanmoins, a priori, on ne permettra pas de faire ainsi (car ce n’est pas une michnat ‘hassidim, une mesure de piété) mais s’ils ont agit ainsi, a postériori, ils n’ont pas agi contre la loi.
  • Rabbi Yossef Caro, dans son commentaire Kessef Michné, explique les paroles de Maïmonide et dit que dans la mesure où on ne peut pas choisir une personne parmi d’autres, car pourquoi choisirait-on X plutôt que Y, alors mieux vaut que tous se fassent tuer.
    En choisissant quelqu’un, on devient un associé actif à l’acte d’assassinat.
    Par contre, en ne faisant rien, on reste passif.

Au revoir,
Rav Ron Chaya

 

Référence Leava : 9101
Date de création : 2010-04-23 07:04:23