La sorcellerie, la magie existent-elles ? Quel est l’intérêt de l’existence de ces forces ?

 

Shalom Rav,

  • Ma question peut paraitre un peu bête mais je voulais savoir quel est le sens de cette phrase que l’on trouve dans la Guémara je crois  » la sorcellerie est plus forte que le collège d’en haut ».
    • Comment est ce possible ?
  • Par ailleurs la sorcellerie la magie etc… existent elles ?
    • Si oui quelles différences y a t’il entres elles ?
    • Est il permis d’en faire usage ?
  • Sinon, une autre question :
    • Quel est l’intérêt de l’existence de ces forces (sorcellerie magie etc..) puisque la prière est tout de même le meilleurs moyen d’obtenir ce que l’objet de la prière.

Merci infiniment Rav de tout le temps que vous consacrez pour nous répondre

Réponse du Rav Ron Chaya : 

Chalom,

  • Le Ram’hal (Rabbi ‘Haïm Moché Luzzato) dans son livre Dérekh Hachem, la voie de D.ieu, chap.3 partie 2, explique longuement les réponses à tes questions.
    Je vais tenter de résumer ses paroles.

    • Étant donné que l’homme est constitué d’un corps et d’une âme et que l’âme est emprisonnée dans les frontières du corps et ne peut s’exprimer que dans les limites inhérentes au corps, Hachem a voulu cependant donné une certaine possibilité à la néchama, à l’âme de pouvoir sortir des limites du corps et ainsi plus se brancher aux règles du spirituel et spécialement à Hachem.
      • C’est pour cela que dans le cadre du don de la Torah, Il a communiqué aussi quelques-uns de Ses noms, comme il est marqué dans Chémot chapitre 3, verset 15 à propos du nom propre de Sa gloire, le nom ineffable :
        • « Cela est Mon nom pour l’éternité… ».
    • Il existe différents noms d’Hachem et chacun d’eux correspond à un certain dévoilement d’Hachem.
      • Hachem a aussi fixé que lorsqu’on rappellerait un de Ses noms (en parole ou en pensée), cela amènerait un flux de lumière et de vie spécial d’Hachem envers celui qui rappellerait ce nom comme il est écrit (Chémot chapitre 20, verset 20) :
        • « A tout endroit où tu rappelleras Mon nom, Je viendrai et Je te bénirai ».
    • Chaque nom correspondant à un certain flux divin, correspondant à l’essence même du nom divin par laquelle il est nommé.
      • Hachem a fixé qu’une personne suffisamment sainte pour réaliser toutes les conditions qu’Hachem a fixé concernant le rappel de Ses saints noms amènerait par cela un flux de lumière et de vie qui dépasse les limites qu’Hachem a fixé à la nature physique.
        • Ainsi l’homme qui aura appelé ce nom pourra se brancher avec des réalités spirituelles qui lui donneront une connaissance et un pouvoir dépassant celui des limites naturelles humaines.
    • En effet, étant donné que toute réalité physique dépend du flux divin, lorsqu’il y aura un renforcement spécial de ce flux divin, il aura un impact dans les mondes physiques eux-mêmes.
      • Hachem a aussi transmis à l’homme dans le cadre de la Torah le moyen d’obliger des anges à faire certaines actions.
        • D’habitude, de par la volonté divine, ces anges ne dépasseront pas les limites de la nature telle que Hachem les a fixées lors de la création.
          • Mais ils le feront de façon ponctuelle lorsqu’Hachem leur ordonnera de faire tel ou tel miracle.
    • Après qu’Hachem ait transmis dans le cadre de la Torah les moyens de conjurer certains anges à faire certaines actions hors des limites des lois physiques, l’ange sera obligé d’agir ainsi.
      • Le but pour lequel Hachem a donné ce pouvoir à l’homme sera toujours de grandir le nom de D.ieu, d’amener plus de sainteté, de lumière et de bien dans le monde.
      • Il va de soi que si Hachem, pour une raison ou une autre, décide d’empêcher l’action provoquée par le rappel des noms saints de D.ieu ou des conjurations d’ange, Il pourra bien sûr l’empêcher.
    • Le Ram’hal explique la différence qu’il y a entre le rappel des noms saints et les conjurations d’anges.
      • Que dans le premier moyen, il faudra que la personne soit extrêmement sainte et proche de D.ieu pour que ce rappel de noms saints aient un effet, alors que dans le cadre des conjurations d’ange, étant donné qu’Hachem a transmis aux sages d’Israël les moyens de faire ces conjurations, elles marcheront de façon automatique bien que la personne qui les fait n’ait pas le degré de sainteté requis.
      • Néanmoins, une chose est claire, dit le Ram’hal, qu’une personne qui n’a pas atteint ce degré et se permet de conjurer des anges fait une chose interdite comme il est écrit dans Pirqué Avot, les Maximes des Pères, chap.1 michna 13 :
        • Celui qui utilise la couronne disparaît !
          • Seules les personnes extrêmement saintes, proches d’Hachem ont le droit de faire ce type de conjurations et seulement dans des cas extrêmement nécessaires.
      • Des personnes qui feront des conjurations de ce type sans respecter ces conditions subiront de gros gros problèmes pour avoir osé utiliser le sceptre du Roi alors que cela leur était interdit.
        • Donc à la différence du rappel de noms saints qui ne marche que si la personne qui l’effectue est très sainte, la conjuration d’anges marche toujours, mais celui qui l’aura faite sans avoir atteint le niveau de sainteté requis subira des conséquences terribles.
  • Il est écrit dans Kohélét chapitre 7, verset 14 :
    • « Cela aussi en correspondance à cela a fait D.ieu »,
      • c’est-à-dire que tout ce qui existe dans l’édifice spirituel partant d’Hachem et amenant un flux de sainteté, de vie et de bien jusque dans les mondes physiques, existe aussi dans le côté négatif.
    • Hachem a voulu que dans ce monde afin de donner à l’homme le libre-arbitre il y ait le vrai comme le faux, le bien comme le mal, et les deux jouissent chacun d’un édifice de flux arrivant de la spiritualité au monde physique.
      • La nuance qu’il y a entre les deux est que dans le bien la source se trouve dans la perfection divine, éternelle, alors que le mal n’est qu’une chose créée qui un jour disparaîtra et qui ne doit exister que tant qu’Hachem veut que l’homme ait à exercer son libre-arbitre dans le monde.
        • Mais le jour venu, Hachem fera disparaitre tout le mal du monde pour ne laisser que Son lien et Sa vérité éternelle.
          • Et vu qu’Hachem a donné, dans le côté de la sainteté, une possibilité aux forces spirituelles d’agir dans le monde physique au-delà de ses limites, de même dans le côté de l’impureté et du mal, Il a aussi permis d’utiliser des noms d’impureté et des forces spirituelles qui auront un pouvoir d’action au-delà des limites des lois naturelles.
    • Ce sont les forces qu’on appelle magie noire ou sorcellerie, forces que la Torah a ordonné aux juifs de ne jamais utiliser et de beaucoup s’en éloigner car elles sont exactement aux antipodes du branchement d’union avec D.ieu, et au contraire elles branchent la personne qui les utilise au mal.
      • Il est écrit dans traité ‘Houlin, page 7b :
        • La sorcellerie est plus puissante que la cour d’en-haut.
      • De quelle cour s’agit-il ?
        • Il ne s’agit certainement pas d’Hachem, car Hachem est Le Maître incontesté de l’univers, et de Lui tout dépend, y compris les forces du mal, sources de la sorcellerie.
          • Il est donc clair que la sorcellerie ne peut jamais aller contre Son désir.
            • Mais néanmoins, entre Hachem et le monde physique il y a des milliers de myriades de mondes spirituels qu’Hachem a établis afin que le monde physique fonctionne ainsi qu’Il l’a désiré.
    • ‘Hazal ont écrit (Midrach Béréchit Rabba, Paracha 10, alinéa 6) :
      • « Tu n’as pas de brin d’herbe en bas qui n’a pas son mazal au-dessus de lui qui lui dit de grandir. »
        • C’est-à-dire que chaque chose physique ne peut avoir son énergie qui le fait vivre que par le flux qu’il reçoit d’Hachem, ce flux est appelé mazal (pour mieux comprendre cette notion, tu peux visionner le cours intitulé « Le mazal »).
    • Lorsque la Guémara dit que la sorcellerie est plus forte que la cour d’en-haut, elle parle de ce mazal, c’est-à-dire de tout l’édifice métaphysique qui gère le monde physique, car effectivement, comme les noms saints, la sorcellerie aussi peut dépasser les limites de la physique, donc agir dans le mazal, mais ‘has véChalom de croire qu’elle peut aller contre la volonté divine.
  • D’ailleurs, juste avant le texte de la Guémara qui dit que la sorcellerie est plus forte que la cour d’en-haut, la Guémara raconte qu’une sorcière essayait par tous les moyens de prendre un peu de terre sous les pieds de Rabbi ‘Hanina, et Rabbi ‘Hanina la voyant s’affairer à cela a dit :
      • « Elle peut faire ce qu’elle veut, elle restera impuissante, ein ‘od milévado, il n’y a aucune puissance hormis Hachem. »
      • La Guémara rétorque comment se fait-il qu’il dise une chose pareille alors que Rabbi Yo’hanan a dit que la sorcellerie est plus forte que la cour d’en-haut ?
      • Répond la Guémara :
        • Rabbi ‘Hanina a beaucoup de mérites.
          • Cela signifie que lorsqu’une personne a beaucoup de mérites, elle se hisse ainsi au-dessus du mazal, au-dessus de l’édifice métaphysique qui gère la nature est se soustrait ainsi à la sorcellerie.
      • Ce sera le cas notamment du peuple d’Israël dans sa collectivité, comme il est écrit « ein mazal lé-Israël » « il n’y a pas de mazal pour le peuple d’Israël ».

Au revoir,
Rav Ron Chaya

 

Référence Leava : 22267
Date de création : 2013-01-20 16:01:36