J’ai plusieurs questions sur l’opposition des ‘hassidim et des mitnagdim, sur le statut actuel de la terre d’Israël, sur tous ces courants qui s’opposent…

 

Chalom Rav,

Je m’appelle Sara j’ai 18ans et je viens d’écouter votre cours sur le Gaon de Vilna.

  1. Je ne comprends pas bien ce qu’il s’est passé avec le Mitnagdim.
    Y avait-il une vrai dispute entre le Gaon et le Baal Chem Tov ou était-ce seulement entre leurs disciples ?
    Quelle était la nature de leur opposition ?
  2. J’ai entendu qu’au sein d’Israël, il y a toujours deux identités qui s’opposent, Hillel et Shamai, les sepharadim et les ashkenazim qui sont respectivement représentés par Yst’hak face à Yshmael en Orient, et Yaacov face à Essav en Europe.
    Aujourd’hui certains courants religieux rejettent totalement l’idée de l’Etat d’Israel et nous disent d’attendre le Machiah’, puis on tourne la tête et on entend les sionistes religieux qui nous disent de rentrer tout de suite.J’essaye d’en apprendre le plus possible pour savoir répondre à ceux qui me disent que ce n’est pas le moment de rentrer, qu’il faut gentiment attendre Machia’h en houtslaaretz.
    Moi, ma réference c’est Rav Léon Ashkenazi, mais c’est difficile à retranscrire à de jeunes hassid pour qui rabbin philosophe , rime avec hérétique…
  3. Il y a tellement de courants différents, on se demande vraiment ou il faut se placer (d’où la nécessité d’en savoir le plus possible sur tout le monde).
    Moi je pense (je pense rien du tout je suis née hier mais…) qu’ à chaque période de notre histoire il y a un courant qui doit s’imposer.Par exemple il y a quelques siècles, on avait d’un coté les maskilim et les « religieux » .
    Les religieux, ‘hassidim ou autres,qui restaient entre eux, qui se gétoisaient et restaient bien en retrait , représentaient la meilleurs manière d’être juif en exil, puisqu’ils étaient 100 pour 100 juif, et pas judéo-russe, judéo-polonais , etc..
    Ils ont réussi à conserver l’identité hébraïque.
    Mais aujourd’hui, ce n’est plus bon.
    Et s’enfermer en exil , aussi pratiquant dans la Torah qu’il est possible de l’etre , et bien , ça ne va plus.
  4. Mais il y a un autre problème.
    On a des Rav extraordinairement grand en Torah, qui nous disent que l’État d’Israël c’est bidon et qui ne veulent pas en entendre parler.Mais comment c’est possible?
    Est-ce rapprochable à l’erreur des explorateurs ?
    Le Baal Chem Tov a été remis en cause à son époque parce qu’il apportait si on peut dire, la cabbalah au peuple.

    Récemment j’ai appris que le Ramhal (Rabbi Luzzato si je ne me trompe pas) a poursuivi l’étude cabalistique du Ari Zal , mais qu’il a eu des gros problèmes avec les rabbins de son époque parce qu’il touchait à la mystique.
    J’ai beaucoup entendu dire que la plus grande catastrophe qui soit arrivé à Israël ce n’est ni la Shoah ni les pogroms , mais le fait que notre vocation soit devenu une religion.
    Comme si on avait fait de la Torah qui est « le manuel » le « comment », un « pourquoi », comme si les mitvots étaient devenus une fin, le but en fait.

    Je visualise ça de cette façon :
    On a une voiture et le code de la route c’est la Torah, en tant que corpus de Loi.
    Et puis on une course à faire, un boulot, un itinéraire qui prend son commencement dans l’histoire biblique, la vie des patriarches etc….
    L’erreur serait d’oublier que le chemin a un but, et de tourner en rond même en étant conforme au code.

  5. Et Juif ça veut dire quoi ?
    C’est la couverture secrète d’un hébreu en exil ?On dirait qu’on a perdu ou endommagé notre identité hébraïque, mais on ne réapprend pas à être hébreu en exil, ce n’est pas faisable.
    Dur de s’y retrouver…quel enseignement doit -on privilégier ?

    Personnellement je suis fan des comtes ‘hassidiques, un jour je lisais le Golem, d’Elie Wiesel, et c’était très bien raconté, on s’y croyait vraiment à Prague avec le Maharal…et puis à la fin du bouquin il y un petit dicton hassidique, incroyable qui fait prendre conscience de la folie et de la grandeur de ce peuple.
    Moi j’ai explosé de rire en le lisant.
    C’est à peu pres ça…

    « Celui qui croit toutes les histoires que l’on raconte sur le Baal Chem Tov est un imbécile, celui qui n’en croit aucune est un hérétique »

Merci encore pour vos cours qui sont géniaux.
Sara

 

 

Réponse du Rav Ron Chaya : 

Chalom Sara,

Beaucoup de questions dans ton mail, je vais y répondre béezrat Hachem l’une après l’autre.

  1. La nature de l’opposition entre les mitnagdim et les ‘hassidim provient du fait qu’environ un siècle avant l’apparition du ‘hassidisme, il y a eu un faux messie, Chabtaï Tsvi, qui a causé beaucoup de dégâts dans le peuple d’Israël.
    Lorsque le ‘hassidisme est né, les grands rabbins d’Israël (les mitnagdim) ont eu peur qu’il s’agisse d’un nouveau mouvement messianique qui allait encore faire des dégâts.
    Effectivement, le ‘hassidisme propose de la kabbala « diluée », donc accessible au peuple, alors que le monde des mitnagdim (des sfaradim aussi) prônent l’étude de la kabbala, la pure, mais seulement quand on est au niveau.
    Aujourd’hui, tout le monde est d ‘accord que ces deux mouvements sont deux mouvements juifs légitimes.
  2. Effectivement, il y a toujours des identités qui s’opposent dans le judaïsme, et pas seulement deux.
    Cela est une condition sine qua none de l’apparition de la vérité absolue dans le monde.La vérité étant absolue, l’homme subjectif et fini ne peut la saisir dans sa totalité, elle apparaîtra forcément à travers des facettes différentes.

    A ce propos, tu pourras avoir de plus amples informations dans le cours « Des vérités contraires, paroles du D. vivant ».

  3. En tant que juif, et d’après la Torah, nous sommes tenus d’écouter les grands sages d’Israël, nos guides à chaque génération.Ainsi qu’il est marqué (Dévarim 17, 9) :
    « Et tu iras vers les les prêtres et les léviim et le juge (le guide spirituel) qu’il y aura à cette époque-là (c’est-à-dire l’époque présente) ;

    Verset 11 :
    « D’après la Torah qu’ils t’enseigneront et le jugement qu’ils te diront tu feras, tu ne dévieras ni à droite, ni à gauche de la chose qu’ils te diront ».

    Aujourd’hui, la totalité des grands guides spirituels du peuple juif sont d’accord – et ce fut ainsi de tout temps – qu’il y a une grande mitsva de monter en terre d’Israël.
    Simplement, cette montée ne doit pas entraîner une catastrophe spirituelle.
    Hélas, durant le dernier jubilé, beaucoup de juifs qui sont montés en Israël ont quitté la Torah, et sont devenus mé’halelé Chabbat.

    C’est pour cela que les rabbins sont aujourd’hui d’accord pour l’alya, mais à condition que cette montée ne soit pas la source d’une destruction spirituelle mais au contraire d’une montée spirituelle aussi.
    Il faut donc bien voir dans quel quartier on va habiter, quelle éducation on va donner aux enfants, dans quelles écoles ils vont étudier…

    Les chiffres montrent que 80% de ceux qui font leur alya baissent spirituellement.
    Nous sommes donc pour l’alya, mais pas si c’est au prix d’une chute spirituelle.
    Entre être chomer Chabbat en France et être mé’halel Chabbat en Israël, on choisira de rester chomer Chabbat en France, mais bien sûr tout le monde est d’accord que le mieux est d’être chomer Chabbat en Israël.

  4. En ce qui concerne le caractère « bidon » de l’état d’Israël, je te renvoie aux cours vidéo que j’ai faits sur Le Erev rav.
  5. En ce qui concerne le but, c’est effectivement l’union à D., et non les mitsvot.
    Mais cette union ne peut se faire que par le biais de mitsvot et l’étude de Sa Torah.Ce qui m’amène à répondre à ta dernière question :

    Le juif, c’est quoi ?
    Comme je l’ai expliqué dans mes cours, c’est un bidule machin venu d’ailleurs.
    Il n’existe aucune définition rationnelle du juif.

    Ce n’est ni un peuple défini par une terre, ni par une langue commune, ni une religion, ni une race.
    C’est une entité spirituelle, notre néchama (partie divine), mais là on rentre dans l’irrationnel.
    Quand nous renforçons cette identité, nous nous branchons avec la source qui est D, et c’est le but ultime de l’univers.

J’ai été bref, j’espère que je n’ai pas été trop obscur.

Au revoir,
Rav Ron Chaya

 

 

Référence Leava : 810
Date de création : 2006-11-20 10:11:05