Est-ce vrai que même en nous convertissant nous ne serons jamais vu comme de « vrais juifs » ?

 

Réaction à Ma situation peut paraître un peu particulière, mais en tant que non-juive, j’ai besoin de conseils…

Chalom Rav,
Merci de m’avoir répondu, cela m’a été d’une grande aide.

  • En y réfléchissant, il est vrai que je me sentais déjà juive avant que ma mère m’annonce que nous avons des Justes qui ont sauvés des Juifs dans la famille, mais je le vois donc encore plus comme une sorte de « signe ».
  • Ensuite, même si ma mère n’est pas croyante (athée) mais baptisée, quand elle parle de nous elle dit « chrétiens » ou « catholique », ça m’énerve, je ne suis pas baptisée catholique, malgré que j’apprécie cette religion énormément, les choses véhiculés dedans comme par exemple que jesus soit le fils de D.ieu ou qu’il y est une trinité (après ça, ça relève du domaine personnel on ne peux pas croire en tout, mais je respecte ceux qui y croient) ne me correspond pas.
    Je n’y crois pas ; je ne me reconnais pas dedans (et je n’ai pas à me reconnaître dedans car je ne suis même pas baptisé).
  • Après j’ai toujours fêté Noël quand j’étais petite (après, « fêter » est un grand mot j’avais des cadeaux on mangeais bien mais c’était tout (comme beaucoup de français)), c’est plus une fête de famille qu’une fête religieuse pour nous/moi.
    Je respecte toute les religions (et ne suis personne pour juger).
    J’ai aussi du mal par rapport au prosélytisme (qu’on retrouve aussi dans l’islam), ce n’est pas une critique mais un simple constat (après tous les catholiques ne font pas du prosélytisme, du moins j’espère, et respectent que les gens n’ont pas forcément envie d’adhérer, après c’est comme pour tout).
    Surtout que je me sens profondément juive donc, c’est encore plus énervant d’être associer à une autre religion que celle où je me sens (c’est pas pour être méprisante ni rien ou renier « « mes origines catholiques » », mais simplement un ressenti), surtout que mes parents ont fait le choix de ne pas me baptiser pour que j’ai « le choix », donc…

J’ai néanmoins d’autres questions :

  1. Je lisais un « témoignage » d’une fille qui se sentait juive mais ne l’est pas (ce qui est actuellement mon cas..), et j’ai vu sa réponse qui disait en substance qu’un converti « sera toujours considérée comme moins que rien, sans presque aucun ami  car rejeté par les goyim et par les juifs car il n’a pas de « sang » juif.Je dois avouer que ce n’est pas la première fois que je lis ce genre de chose et que je pense que les propos de la personne qui a écrit cette réponse sont totalement à l’encontre du judaïsme..
    Est-ce vrai que même en nous convertissant nous ne serons jamais vu comme de « vrais juifs » ou du moins pas égaux aux « juifs de naissance » ?Je ne suis pas juive mais je me sens profondément juive et parfois je pense à l’identité que je n’ai pas eu à ma naissance…
    Et ça me fait parfois mal ; je ne sais comment l’expliquer.
    Lire ce genre de chose me fait doublement ressentir cette peine et que même si je me converti je ne serai jamais « une vraie juive »…Pourquoi les convertis sont appelés « guèr » et pas « Juifs » comme un Juif de naissance ?
    Cela veut bien dire qu’il y’a une distinction entre juifs de naissance et juifs par choix ?
    Pourtant quand le converti sort du mikve il « renaît » entant que juif ou juive comme s’il lavait toujours été.

    Je sais que personne n’a forcé qui que ce soit à se convertir mais j’ai l’impression qu’il y’a une différence alors qu’il n’y est pas sensé en avoir une.
    Le roi David descend lui même d’une convertie, donc je ne comprend pas bien…
    Est ce que les enfants d’une femme juive (par conversion) sont juifs au même titre que si la mère avait été juive de naissance ?

    J’avais vu vidéo d’un rabbin qui disait que après la conversation le candidat à la conversion devenait juif comme un juif de naissance (ce qui semble tout à fait logique) donc pourquoi faire comme une distinction avec « guèr » ?
    Je me trompe ?
    Pouvez vous m’éclairer ?

    J’ai aussi lu que certains juifs craignaient les relations avec des juifs par conversion.
    Pourquoi ?
    (Je sais que ça regarde chacun pour le coup mais ça ne me semble encore pas logique, vu qu’un juif par choix est juif au même titre qu’un juif de naissance.. après est ce un doute par rapport à la sincérité ?).

    Je sais bien évidemment que le Judaïsme ne prône pas la conversion (comme je l’ai dit au dessus) mais j’ai aussi lu que les plus croyants voyaient d’un mauvais œil la conversion (et les convertis par la même occasion), est ce vrai ?
    Et que les rabbins feraient tout pour décourager les candidats à la conversion, j’imagine que c’est pour tester l’assiduité du candidat, mais pourquoi cela ? et par quel genre de « découragement » cela se traduit-il ?
    Tous ce que j’ai énoncé est il vrai ?
    Pouvez vous m’éclairer là dessus, me donner des conseils… ?

  2. J’ai également des questions concernant l’étude de la Torah :J’ai lu à plusieurs reprises qu’ils étaient interdit d’enseigner la Torah aux non juifs (sauf dans un contexte de conversion).Je me suis renseigné et j’ai lu plusieurs choses :« Contrairement à ce que certains pourraient croire, le Talmud autorise très clairement des non-juifs à lire et étudier la Torah, et à respecter ses commandements.
    Cela se voit dans le traité du Talmud Avoda zara, 3a, tout au début de la page.

Mar, le fils de Rabina, dit :
« Le fait qu’ils soient dispensés de ces mitsvot (ces commandements) veut seulement dire que même s’ils les observaient ils n’en seraient pas récompensés ».
Déjà l’on voit qu’il n’y a pas interdit de lire ni de faire, mais que puisqu’on n’y est pas obligé n’étant pas juif, on n’a pas à être récompensé comme si on le faisait par amour de l’Éternel.

Cependant, immédiatement après dans le texte du Talmud, ce propos est corrigé :
« Mais pourquoi ne le seraient-ils pas [récompensés] ?
N’est-il pas enseigné : « Rabbi Meir disait : « D’où savons-nous que même un idolâtre qui étudie la Torah est égal à un Grand Prêtre ?

A partir du verset suivant : « Tu vas garder mes statuts et mes ordonnances par lesquels, si un homme le fait, il vivra. »
(Lév. 18,5).
Il ne dit pas : « Si un Cohen, un Lévite, ou un Israélite le fait, il vivra par eux, mais « un homme » [האדם] [Cohen, Lévi, Israélite sont les trois catégories de Juifs, l’énumération est donc exhaustive, pour signifier qu’on doit inclure aussi ceux qui ne sont pas juifs, donc la totalité de l’humanité].
Par là, donc, tu peux apprendre que même un non-juif qui étudie la Torah est égal à un Grand Prêtre. »

On voit donc ici très clairement qu’un juif n’a pas à s’indigner qu’un non-juif étudie la Torah et s’attache à en respecter les commandements, et que l’on n’a pas non plus à mettre des obstacles pour empêcher le non-juif d’étudier. »

Voila j’ai donc lu ceci sur internet et je me demandais si c’était vrai (car si j’ai bien compris, ce que j’ai cité n’interdit pas à un non juif d’étudier la Torah, au contraire, disons que je lis tout et son contraire à ce sujet sur internet.. certains disent que c’est permis, d’autres non, d’autres non sauf à quelques exceptions comme la conversion) et qu’est ce que l’on entends par « enseigner » ou « étudier » ?

J’ai aussi vu que certains rabbins parlais d’interdit d’étudier la Torah orale, d’autres parlais de Torah écrite, qu’est ce que cela signifie ? Quelle est la différence entre Torah orale et écrite ?

Si je souhaite lire (simplement lire) la Torah dans un but intellectuel et puis parce que le judaïsme est une religion qui m’intéresse énormément (et de plus en plus d’ailleurs) ai-je le droit ?

J’ai vu une personne qui disais que étudier la Torah si on était pas juif était passible de mort (mort spirituelle j’imagine)… est ce que cela est vrai ?
Ça me parait un peu « fort » ?
Pouvez vous m’éclairer ?

J’ai aussi lu cette réponse par rapport à une questions du même style que moi :
« Selon le Rambam [Lois des Rois chap.9 par.9-10] un non-juif ne doit pas étudier la torah si son intention est de l’utiliser pour sa propre foi (comme l’ont fait par exemple les chrétiens).
De là, il semble que s’il veut seulement étudier par curiosité, il serait permis de lui enseigner »
Qu’est ce que l’on entend par « l’utiliser pour sa propre foi (comme l’ont fait par exemple les chrétiens). » ?
Et qu’est ce que l’on entend par « par curiosité » ?

Merci beaucoup pour votre future réponse (si vous avez des informations en plus par rapport à cela je suis preneuse).
Je m’excuse pour la longueur du message

 

 

Réponse du Rav Ron Chaya : 

Bonjour,

Maïmonide écrit que Dieu a ordonné d’aimer le guèr comme Il ordonne d’être aimé lui-même par le peuple juif, c’est-à-dire :

  • Il est écrit « ’ואהבת את ה »« Véahavta ète Hachem Élohékha » ;
  • Et il est écrit aussi « ואהבת את הגר » »véahavtem ète haguer« .
    • L’ordonnance est écrite avec la même préposition “את” ète 
  • Alors que dans la mitsva d’aimer un autre juif, il est écrit « ואהבת לרעך » »Véahavta lé- réakha » avec la préposition ”ל”.

Donc, d’après la Torah il faut aimer un converti plus qu’un juif.

Il est vrai que certains juifs sont réticents à se marier avec un (ou une) converti(e), pour la bonne raison que les parents ou grands-parents n’étant pas juifs, cela peut alors créer des problèmes familiaux :

  • Comment va-t-on amener les petits enfants chez leurs grands-parents qui mangent du porc ou autre cas similaires ?

Il faut savoir cependant que peu de gens savent qui est converti et qui ne l’est pas.
Par exemple dans ma Yéchiva il y a beaucoup de convertis et la majorité ne savent pas qui l’est et qui ne l’est pas :

  • Ils sont considérés comme des juifs à part entière.

Il faut aussi comprendre que c’est un grand cadeau qu’on fait au converti :
Le peuple juif a souffert pendant 3000 ans ; quelqu’un vient, se converti, et devient juif à part entière sans avoir eu à passer par ces souffrances.
La raison pour laquelle on décourage quelqu’un à devenir juif c’est tout simplement pour vérifier sa sincérité car au moins 80% des convertis ne sont hélas pas honnêtes.

En tout cas il est faux de dire que lorsqu’on se convertit, on n’est pas considéré comme juif à part entière ; bien que certains juifs aient une réticence à se marier avec un converti, beaucoup n’en n’ont pas ; nombreux sont ceux qui se marient avec des convertis et forment des foyers exemplaires.

De toute façon l’important est qu’Hachem aime le converti ; l’essentiel n’étant pas de plaire aux gens, mais à Hachem.

A ce propos, il n’y a pas de différence entre la Torah écrite et la Torah orale.

La Torah écrite comporte les 24 livres du canon biblique :

  • Pentateuque,
  • Prophètes
  • et Hagiographes.

La Torah orale comporte, elle, tout le reste :

Dans votre cas, étant donné qu’il y a une éventualité de conversion, il n’y a pas de problème à ce que vous étudiez la Torah dans sa totalité, mais effectivement, un non juif n’ayant aucun souhait de se convertir, qui étudie la Torah est passible de mort (il s’agit d’une mort spirituelle).
La Torah est la pensée profonde d’Hachem et elle est extrêmement sainte, et quelqu’un n’ayant rien avoir avec le Saint des saints ne peut y entrer à sa guise :
Il s’agit d’un sacrilège !

Le Rambam parle d’un autre interdit prohibant à un non-juif de créer une religion en utilisant la Torah.

Au revoir,
Rav Ron Chaya

Des liens sur le sujet

 

 

Référence Leava : 83326
Date de création : 2018-08-27 00:40:44