Dans quels cas fait-on la berakha de chéhé’hiyanou ?

 

Chalom Rav,

Je souhaiterais savoir quels sont les cas pour lesquels on devrait faire la brakha de cheeheyanou ?

J’aimerais également savoir si on doit faire cette brakha là si je n’ai pas vu quelqu’un depuis plus de 30 jours mais que je la vois par webcam?

Merci
Pessa’h Cacher vesameah

 

Réponse du Rav Ron Chaya : 

Chalom,

Il existe 4 cas principaux dans lesquels nous disons la berakha chéhé’hiyanou :

  1. Lorsque nous faisons le Kidouch d’une nouvelle fête ou sur une mitsva qui revient d’années en années telle que
    • le chofar,
    • la Méguila,
    • la matsa,
    • le loulav
  2. Lorsque nous voyons une personne que nous n’avons plus vu depuis au moins 30 jours et que sa vue nous procure de la joie.
  3. Sur un nouveau fruit.
  4. Sur un nouvel habit.

Je vais développer ci-dessous les lois concernant les 3 derniers points.

En ce qui concerne le point 2. :

On ne fera cette berakha que sur une personne dont la vue nous procure vraiment beaucoup de joie (si on n’a pas vu une personne de ce type pendant 12 mois, on fera la berakha suivante :

« baroukh ata ado-naï élohénou mélèkh haolam mé’hayé hamétim »

et non la berakha chéhé’hiyanou
car on ne récite pas les 2 berakhot à la fois).

  • Si on était en contact épistolaire ou téléphonique avec cette personne, on pourra néanmoins faire la berakha en la voyant car cette berakha a été instituée sur la joie que nous avons de la voir.
  • Si pendant cette période on a vu cette personne sur la webcam ou en émission directe, il y a un doute si on fait cette berakha ou pas, dans cette mesure on la dira sans chem oumalkhout, c’est-à-dire qu’on dira :

« baroukh chéhé’hiyanou vékiyémanou véhigui’anou lazéman hazé ».

  • Si on n’a pas vu une personne durant 30 jours, et qu’on la voit par la suite sur la webcam ou en émission directe, à plus forte raison si on ne lui a que parlé au téléphone, on ne fera pas cette berakha car on ne peut la faire que si on voit réellement la personne.

A propos de la berakha mé’hayé hamétim :

  • On ne la fera que si n’a eu aucune nouvelle, ni en direct, ni par personne interposée, de cette personne.
  • Aujourd’hui, beaucoup de personnes évitent de faire ces berakhot lorsqu’elles voient une personne qu’elles n’ont plus vue depuis 30 jours ou 12 mois car il y a un doute si elles sont vraiment heureuses de la voir.
  • Néanmoins, s’il est clair que si une personne a beaucoup de joie à ce moment-là, elle fera la berakha en prononçant le nom de D.
  • Idem si la personne qu’on voit était en situation de danger, si lorsqu’elle rentre à la maison on est très heureux de la revoir, on fera la berakha avec le nom de D.

Tout cela ne concerne que la berakha chéhé’hiyanou, mais en ce qui concerne la berakha mé’hayé hamétim, la coutume est de toujours la dire sans prononcer le nom de D.

Si on rencontre une personne avec laquelle on était en contact téléphonique ou épistolaire et qu’on ne la jamais rencontrée réellement, on ne fera aucune berakha en la voyant.

En ce qui concerne le point 3. :

  • La coutume est de faire cette berakha lorsqu’on s’apprête à manger un nouveau fruit, et non lorsqu’on le voit au marché.
  • On ne fera cette berakha que sur un fruit et non sur une nouvelle odeur qui revient d’années en années ou sur une odeur que l’on n’a jamais sentie auparavant.
  • On ne fera cette berakha que si on a une vraie joie de manger ce nouveau fruit, mais si ce n’est pas cas, on ne fera pas la berakha.
  • On fera cette berakha même si on goûte très peu du fruit, inutile de manger une quantité définie.
  • On fera cette berakha sur un nouveau fruit même si on n’a pas fait la berakha sur ce fruit ; par exemple, si on le mange dans le cadre d’un repas de hamotsi ou qu’il est contingent à un autre plat.
  • Si on a oublié de faire la berakha chéhé’hiyanou avant de manger le fruit, tant qu’on n’a pas fini de le manger, on pourra la réciter ; si on n’a fini de le consommer, on ne pourra plus faire la berakha même si on prend un autre fruit de la même sorte.
  • On devra faire 2 berakhot sur le fruit, boré péri haéts ou boré péri haadama et chéhé’hiyanou, la coutume des séfaradim est de faire d’abord la berakha qui concerne le fruit puis la berakha chéhé’hiyanou.
  • Chez les ashkénazim, il existe des coutumes différentes, certains font d’abord chéhé’hiyanou, d’autres font d’abord la berakha propre au fruit.
  • On ne fera la berakha chéhé’hiyanou que sur un fruit qui est entièrement mûr.
  • Si l’habitude est de manger ce fruit cuit, lorsqu’on le mange cuit, on fera la berakha chéhé’hiyanou.

Par contre, si on le mange cru alors que la coutume est de le manger cuit, cela dépend :

  • Si on a une joie de la consommer ainsi, bien que la berakha ne soit pas haéts ou haadama mais chéhakol nihya bidvaro, on fera la berakha chéhé’hiyanou ;
  • Si on n’a pas une vraie joie de le consommer, on ne fera pas chéhé’hiyanou.

Un aveugle qui mange un nouveau fruit fera la berakha chéhé’hiyanou.
Une personne endeuillée pourra faire cette berakha pendant sa période de deuil.

  • La berakha chéhé’hiyanou acquittera plusieurs fruits qui se trouvent devant nous, ou même si on fait cette berakha par exemple lors d’un kidouch d’une fête, si les fruits sont sur la table au moment de la berakha, ils seront acquittés de cette berakha, même si on comptait les consommer plus tard.
  • Par contre, si une personne fait la berakha chéhé’hiyanou sur un fruit qui est devant elle, et qu’elle sait qu’elle a dans la cuisine ou dans le frigidaire un autre fruit qui nécessite aussi cette berakha, elle ne peut pas acquitter ce deuxième fruit tant que ce dernier n’est pas devant elle. Donc si elle a fait la berakha sur le premier fruit et qu’on lui a amené par la suite le deuxième fruit, elle refera la berakha chéhé’hiyanou sur le deuxième fruit.
  • Néanmoins, le mieux sera de penser acquitter uniquement le premier fruit et pas le deuxième afin de ne pas entrer dans un doute si on doit refaire ou pas la berakha sur le deuxième fruit.

Dans tous les cas où on aura deux types de fruits qui ont soit le même nom, bien qu’ils aient un goût différent, soit le même goût, bien qu’ils aient un nom différent, soit le même nom mais qu’ils proviennent d’une espèce différente, par exemple des raisins blancs ou rouges, on ne fera pas la berakha chéhé’hiyanou sur ces deux sortes de fruits, tous ces types de fruits seront acquittés par la première berakha chéhé’hiyanou.

Si par contre ils ont et un goût différent et un nom différent, ou qu’ils poussent durant différentes saisons, on fera chéhé’hiyanou sur chacune des espèces différentes.

  • Si on a fait chéhé’hiyanou sur des nouveaux raisins, on ne pourra pas faire chéhé’hiyanou sur un jus de raisin fait avec des nouveaux raisins.
  • On ne fait jamais chéhé’hiyanou sur un nouveau vin car il n’est jamais clair, en voyant le vin, s’il est nouveau ou pas.
  • Même chose au niveau du jus de raisin, on ne fera la berakha chéhé’hiyanou à son propos que s’il est clair en le voyant qu’il s’agit d’un nouveau raisin, par exemple si on a pressé le raisin chez soi à la maison.
    Mais s’il s’agit d’un jus de raisin que l’on achète dans le commerce, même s’il y a une date stipulant qu’il s’agit de la nouvelle saison du raisin, vu que la chose n’est pas claire en le voyant, on ne fera pas chéhé’hiyanou à son propos.
  • On ne fera pas cette berakha sur un jus de fruit, même s’il s’agit d’un jus de fruit frais.
    On fera en sorte de consommer du fruit avant de consommer le jus de ce fruit, et on fera la berakha chéhé’hiyanou en pensant acquitter les deux.

Si une personne a bu un jus de fruit frais d’un nouveau fruit sans avoir consommé auparavant ce fruit, et qu’après quoi on lui amène ce nouveau fruit, elle ne pourra plus faire chéhé’hiyanou même si elle n’a pas récité cette berakha sur le jus de fruit frais de ce nouveau fruit, sauf si les deux sont devant elle et qu’en faisant la berakha sur le jus de fruit, elle pense acquitter le fruit lui-même.

  • On ne fait cette berakha que sur des fruits saisonniers, c’est-à-dire qu’on ne trouve pas durant toute l’année, mais s’ils ne sont pas saisonniers, ou même s’ils sont saisonniers mais qu’on peut les trouver sans cesse sur le marché, on ne fera pas à son propos la berakha chéhé’hiyanou, même si on ne l’a pas consommé depuis très longtemps.
  • On pourra faire la berakha chéhé’hiyanou deux fois par an à propos d’un fruit saisonnier qui apparaît uniquement deux saisons par an. Mais si un fruit pousse 3 à 4 fois par ans, on ne fera jamais à son propos cette berakha.
  • Si une personne fait la berakha chéhé’hiyanou par exemple sur des nouveaux raisins en Israël, puis qu’elle part 6 mois plus tard au Brésil et qu’à cet endroit c’est la saison du nouveau raisin, elle pourra refaire la berakha chéhé’hiyanou sur les nouveaux raisins du Brésil à condition qu’elle n’ait pas mangé les nouveaux raisins d’Israël depuis 30 jours.
    Idem si elle reste en Israël et qu’on lui amène des nouveaux raisins du Brésil, si à ce moment la saison du raisin en Israël est déjà terminée, elle pourra refaire la berakha sur les nouveaux raisins du Brésil s’il s’est écoulé au moins 30 jours depuis sa dernière consommation de raisins.Mais s’il y a des fruits sur le marché durant toute l’année, bien que dans le pays dans lequel on habite ils ne soient que saisonniers, vu qu’il n’y a pas de différence entre la saison où ces fruits poussent et les saisons où ils ne poussent pas car on en amène sans cesse de l’étranger, on ne fera jamais la berakha chéhé’hiyanou sur ce type de fruits.
  • Si les fruits ont été mis en conserve, en confiture, rôtis au four ou frits à l’huile de façon à ce qu’on ne reconnaisse pas les nouveaux fruits des anciens fruits des années passées, on ne fera pas la berakha chéhé’hiyanou à leur propos.D’après cela, on ne fera pas cette berakha sur les féculents tels que les pois chiches, les lentilles, les petits pois etc., car il est dur de faire la différence entre les nouveaux et les anciens.

    Idem pour la majorité des légumes et pour toutes sortes de fruits secs tels que les pistaches, les amandes, les noix, les cacahuètes etc., qu’ils soient rôtis ou salés.

    Même chose pour les fruits tels que les bananes ou les pommes qu’on peut trouver toute l’année car ils sont gardés sous réfrigération.

On ne fera pas chéhé’hiyanou sur les noix de coco car ils poussent toute l’année.
Idem pour les fruits de caroubiers car bien qu’ils soient saisonniers, ils ne sont pas considérés comme des fruits importants légitimant le fait de faire la berakha chéhé’hiyanou à leur propos.

Par contre, on fera cette berakha sur des figues de barbarie bien qu’il s’agisse d’un arbre sauvage.
On ne fera pas cette berakha sur les autres types d’aliment tels que la viande, la volaille, les poissons etc., même si un long moment s’est écoulé depuis leur dernière consommation.
On ne fera pas cette berakha sur les champignons.

En ce qui concerne le point 4. :

  • On ne fera chéhé’hiyanou sur un nouvel habit que si on est vraiment content de l’avoir acquis ; c’est pour cela que la coutume est de ne pas faire cette berakha sur un maillot de corps, un pantalon classique, des chaussures, des chaussettes etc., même si on parle d’une personne pauvre qui a acquis ce type de vêtement et qui est relativement joyeuse de les posséder.
    On ne fera la berakha que sur des habits qui ont une certaine importance.
  • Une personne riche qui a acheté des habits sans que cela ne lui procure aucune joie particulière, même si ces habits auraient apportés une vraie joie à la plupart des êtres humains, elle ne fera pas la berakha chéhé’hiyanou.
  • Sur un nouveau talith, on dira cette berakha la première fois qu’on le met.On dira d’abord la berakha propre au talith (léhit’atèf bé-tsitsit) puis la berakha chéhé’héyanou ;
    les ashkénazim font l’inverse.
  • Du point de vue de la loi stricte, on aurait du faire chéhé’hiyanou sur des nouveaux ustensiles que l’on achète et qui nous procure une certaine joie ; néanmoins, la coutume est de ne pas faire la berakha à leur propos.Toutefois, le mieux est de les acquitter de la berakha par l’intermédiaire d’un nouveau fruit ou un nouvel habit qui nécessiterait cette berakha.

    On fera cette berakha sur un habit d’occasion si c’est un habit de qualité qui nous procure beaucoup de joie. On fera cette berakha juste avant de porter l’habit, et non au moment de l’acheter.

Si une personne a oublié de dire la berakha avant de le porter, tant qu’elle ne l’a pas enlevé, elle pourra faire la berakha ; mais si elle l’a déjà enlevé, elle ne pourra plus faire la berakha lorsqu’elle mettra l’habit une deuxième fois.

  • Une personne qui a acheté ou construit une nouvelle maison aurait dû normalement faire la berakha chéhé’hiyanou en prononçant le nom de D., néanmoins la coutume est de la faire sans dire le nom de D.Le mieux est d’acquitter la maison en faisant la berakha sur un nouvel habit ou un nouveau fruit qui nécessiterait obligatoirement cette berakha.

    Idem si on a construit une nouvelle synagogue, un des fidèles fera la berakha chéhé’hiyanou sur un nouveau fruit ou un nouvel habit et pensera acquitter ainsi tout le public de la berakha chéhé’hiyanou sur la nouvelle synagogue.

A propos des sujets suivants, il y a un doute si on doit faire la berakha chéhé’hiyanou, et le mieux sera de les acquitter par un nouveau fruit ou un nouvel habit comme susmentionné :

  • Celui qui a acquis un sefer Torah ou des livres saints,
  • Un talmid ‘hakham qui a écrit un nouveau livre,
  • Celui qui se marie
    (ce dernier pensera acquitter la joie de se marier en faisant la berakha chéhé’hiyanou sur un nouveau talith sous la ‘houpa),
  • Celui qui est heureux d’arriver à son jour anniversaire de ses 60 ou 70 ans.

Au revoir,
Rav Ron Chaya

 

Référence Leava : 17471
Date de création : 2012-03-29 08:03:34