Aurions-nous pu être prosélytes et avoir réalisé des conversions forcées ?

 

Chalom rav,
tout d’abord merci pour votre réponse qui est arrivée extrêmement vite.
Ma définition du prosélytisme est la deuxième parmi les deux que vous citez, c’est à dire tenter de convaincre un non juif qui n’a jamais eu l’intention de se convertir.
Je suis contre ce prosélytisme, qui ouvre la porte à de nombreuses dérive.
La conversion de non juifs au judaïsme ne me dérange absolument pas, si c’est une conversion sincère et dénuée d’intérêts (comme par exemple un mariage avec un/une juive).
Votre source Tanaïque est un argument pertinent, il rejette déjà l’hypothèse que nous ayons été prosélytes jusqu’au moyen âge, dommage que Sand n’ai jamais pris la peine d’ouvrir une Guemara avant de servir sur un plateau des arguments aux antisionistes.
Cependant votre source trouve une limite dans la mesure où elle ne date « que » de 220 avant l’ère chrétienne.
Qu’en est il des 1500 ans de notre histoire qui ont précédé la mishna et la Guemara?
Aurions nous pu être prosélytes et avoir réalisé des conversions forcées?
Notre religion aurait-elle pu être instrumentalisée à des fins sanglantes pour imposer le judaïsme?
Par ailleurs, Flavius Joseph affirme que les juifs étaient prosélytes au moment de la destruction du second temple, donc nous aurions été prosélyte au premier siècle.
Mon rav m’a dit qu’il est possible que les juifs aient été prosélytes pour inciter les nations à croire en un Dieu unique et mettre les idoles de coté (à noter que l’islam est une progression pour l’humanité en ce sens, car il prône les 7 lois noahides, et rejette l’idolâtrie) mais pas pour embrasser le judaïsme.
Je m’interroge donc sur notre passé jusqu’au début de l’ère chrétienne, certains historiens et archéologues affirment que le judaïsme était à son commencement une secte qui s’est développé en Judée, avant de devenir une religion monothéiste qui a évolué au fil du temps, et qui aurait bel et bien été prosélyte.
Concernant la critique de votre élève sur le livre de Shlomo Sand, je la trouve moyenne elle ne remet pas toutes ses théories en causes.

Je pense que le plus gros discrédit de Sand n’est pas l’archéologie, ou l’histoire, mais tout simplement lui même.
C’est un militant d’extrême gauche, il n’est pas impossible qu’il instrumentalise l’histoire à des fins idéologiques.
Le titre de son bouquin est équivoque: « Comment le peuple juif fut il inventé ».
Il part du postula que nous n’existons pas, puis ramène les preuves au lieu de rassembler les éléments historiques et d’en tirer les conclusions.
En fait il commence par la conclusion, ce qui ne constitue pas un raisonnement scientifique.

Personnellement je n’ai pas les arguments pour contredire un à un les faits qu’il avance, ma culture historique étant limitée, mais je me permet de douter de ses dires, même après une introspection de moi même qui consiste à m’interroger sur mon objectivité.
L’historien Alain Michel avait fait une critique intéressante de ce bouquin disponible en vidéo sur le site Akadem, mais il n’a pas parlé de la notion de prosélytisme qui m’embête un peu.
Merci beaucoup pour votre aide et votre ouverture !

Avner
PS: Il me semble que le talmud et la mishna aient été rédigés respectivement au 2e et au 4e siècle, je m’excuse d’avance si je suis en train de raconter des sottises.

 

Réponse du Rav Ron Chaya : 

Chalom Avner,
Il me semble difficile de dire que les juifs étaient prosélytes avant l’an 220 de l’ère chrétienne.

Effectivement, jusqu’à -386, date de la destruction du premier temple, tous les juifs habitaient Israël et aucun d’entre eux n’habitait à l’étranger, et s’il y en avait quelques-uns, il est clair qu’ils ne pouvaient pas organiser des campagnes de prosélytisme instrumentalisées ; et en Israël, inutile d’en parler vu que tout le monde était juif.

Reste à définir comment était le comportement des juifs entre -386 et 220.

Je pense que là aussi, on peut utiliser le même argumentaire.
Ceux qui étaient en Israël ne pouvaient pas être prosélytes vu que tout le monde était juif.
Le peu de juifs qui habitaient à l’étranger étaient en situation d’exil et ils n’étaient qu’une minorité, donc comment auraient-ils pu instrumentaliser un prosélytisme sanglant ou imposer le judaïsme ?

Ils pouvaient tout au plus le proposer.

De toute façon, l’histoire a démontré que le peuple juif a toujours été du côté des poursuivis et non des poursuiveurs ; cette réalité historique est surprenante, mais elle dévoile parfaitement la véritable essence de ce peuple.
A propos des historiens archéologues qui affirment que le judaïsme était à son commencement une secte, cet argumentaire est ridicule, consulte les deux cours intitulés « La Preuve » et « La véracité de la Torah ».
D’ailleurs, je te recommande aussi de visionner le cours suivant : « LA Preuve IRREFUTABLE ».

Au revoir,
Rav Ron Chaya

Référence Leava : 28690
Date de création : 2014-03-10 16:03:08