Pourquoi dit-on la deuxième phrase du chéma à voix basse?

(Re) Shalom Rav Chaya,

Ma question concerne le Chéma Israël que l’on retrouve dans toutes les téfilot de la journée.

  1. Pourquoi le deuxième verset (Barouh’ chem….) se prononce-t-il à voix basse ?
  2. Idem pour le passage dans le verset suivant (Ichamérou …)

    Pourtant, selon leur traduction (« Beni est à jamais le Nom de Son règne glorieux! » et « Prenez garde que votre cœur ne cède à la séduction, que vous ne deveniez infidèles, au point de servir d’autres d.ieux et de leur rendre hommage.
    La colère d’H.achem s’allumerait contre vous ….  » )ces phrases devraient au contraire être prononcées haut et fort, pour que les autres juifs, pour que les autres nations les entendent.

  3. De plus, la traduction « prenez garde (…) de [ne pas] servir d’autres d.ieux et de leur rendre hommage » établit clairement l’existence « d’autres d.ieux ».
    Ce qui est totalement contradictoire avec le 416eme commendemant de la Torah intitulé « Unicité de D. »
    De plus, quelques phrases plutot, dans le Chéma on dit « Hachem est UN! » 
    Comment expliquer ce paradoxe?

Merci pour le temps accordé à nos réponses !

Chalom !

 

Réponse du Rav Ron Chaya :

Chalom Sarah,

  1. La Guémara, traité Pessa’him, page 56a, raconte que Yaacov avinou, sur son lit d’agonie, a réuni ses fils, tel qu’il est écrit dans Berechit 49, 1 :

    « Yaacov appela ses fils et leur dit : Réunissez-vous que je vous dise ce qu’il vous arrivera à la fin des temps », il voulait leur dévoiler quand aurait lieu la guéoula, la venue du Machia’h.

    Pour empêcher cela, la chekhina l’a quitté, par cela le roua’h hakodech l’a quitté et il ne pouvait plus connaître cette date.
    Yaacov a cru que la chekhina l’avait quitté parce que peut-être un des enfants n’était pas méritant, comme c’était le cas pour Avraham duquel est né Ichmael, ou Its’hak duquel est né Essav, ses enfants lui ont répondu « Chéma Israël adonay élohénou adonay é’had » « Ecoute Israël l’Eternel est notre D. l’Eternel est Un ».

    Israël est le deuxième prénom de Yaakov, c’est-à-dire qu’ils lui ont dit « de même que dans ton cœur il n’y a qu’un seul D., de même dans notre cœur il n’y a qu’un seul D. ».
    A ce moment, Yaacov avinou dit « Baroukh chem kévod malkhouto léolam vaed » « Que le nom de la gloire de Son royaume subsiste pour l’éternité ».

    Les Sages d’Israël se sont dit :
    Comment allons-nous faire maintenant kriat chéma ?
    Si nous disons «baroukh chem kévod malkhouto léolam vaed » on va manquer de respect à Moché rabénou, car Moché rabénou, quand il cite le verset de « Chéma Israël… » (Devarim 6, 4) ne prononce pas les mots « baroukh chem kévod malkhouto léolam vaed ».
    D’autre part, si nous faisons comme Moché rabénou, nous manquerons d’honneur à Yaacov avinou qui, lui, a dit cette phrase.

    Que faire ?
    Les Sages ont institué de le dire à voix basse.

    Cela est la raison évoquée par la Guémara qui cite le sens simple.

    Le sens plus profond est le suivant :
    Le verset « Chéma Israël… » clame l’unicité de D. Cette unicité a lieu dans les mondes supérieurs.

    Le verset « Baroukh chem… » parle de l’épanchement de la divinité, c’est-à-dire Sa royauté, qui aboutit jusque sur terre.
    Or vu qu’actuellement la royauté de D. ne se dévoile pas de façon totale sur terre dans la mesure où il y a encore le mal, alors nous ne disons pas cette phrase à haute voix, nous la disons à voix basse, car D. est le roi du monde mais Il est encore caché, quand viendra la guéoula nous dirons « Baroukh chem… » à haute voix, comme à Yom kippour où cette royauté se dévoile dans toute sa splendeur, et où nous disons ce verset a voix haute.

  2. A propos du verset de kriat chéma « Prenez garde que votre cœur ne cède à la séduction… », la coutume est de le dire à voix basse (bien que cela ne soit nulle part mentionné dans la Guemara ou les décisionnaires richonim) tout simplement par respect au public, car dans ce passage on dit des phrases telle que « la colère d’Hachem se lèverait contre vous …. » qui pourrait être compris comme des malédictions envers l’assistance, donc par respect pour le public, on les lit à voix basse.
  3. A propos de la troisième question concernant les autres dieux, Rachi répond à ta question dans son commentaire sur le verset 2, du chap. 20 de Chemot, il explique :

    « D’autres dieux : qui ne sont pas des dieux mais que les autres considèrent comme des dieux » (en hébreu, les mots « élohim a’hérim » peuvent se comprendre « les dieux des autres »).
    Et Rachi poursuit : « on ne peut pas considérer que la Torah veuille exprimer qu’il s’agit d’autres dieux car cela est faux par rapport à D. de les appeler aussi dieux ».

    Autre explication dans le même commentaire de Rachi :
    « Des dieux autres, c’est-à-dire qu’ils sont autres à ceux qui les servent, dans la mesure où ils prient et ils crient vers ces dieux mais jamais ces dieux ne leur répondent » (d’après ce commentaire de Rachi, la traduction en français qui serait la plus adaptée serait « des dieux autres », « autres » dans la mesure où ils ne répondent pas).

Au revoir,
Rav Ron Chaya

 

Référence : 7467
Date question sur Leava : 2009-11-25 22:11:34