J’aimerais faire part de plusieurs observations au sujet des réponses données sur la période de l’Exode…

 

Cher Rav Chaya,

J’ai lu avec intérêt vos réponses aux questions de Binyamine, de Sam et de Alain.

J’aimerais faire part des observations suivantes :

  1. Selon la Tradition Juive, l’Exode a eu lieu en l’an 2448 Hébraïque (1312 avant notre ère).
    Il y a lieu de savoir de quel Pharaon il s’agit qui régnait à cette époque, durant la période qui précédait et suivait l’Exode.
  2. Vous avez cité le Professeur Emmanuel Velikovsky qui dans son livre Ages in Chaos a établi une nouvelle chronologie des Pharaons d’Egypte et d’après lui il s’agit du Pharaon TOM.
    Or je n’ai trouvé ni dans les encyclopédies ni dans les sites web le nom d’un Pharaon nommé TOM.
    S’il existait effectivement, en quelles années régnait-t-il ?
  3. E. Velilovsky se réfère à la stèle d’El-Arish dans laquelle est écrit que pendant le règne de ce Pharaon il y a eu NEUF jours aux cours desquels il y avait une obscurité totale au point que les uns  » ne pouvaient pas voir la face de leur prochain « .
    La Bible, par contre, précise dans Exode 10 : 22 que les ténèbres duraient TROIS jours pendant les plaies.
    A priori, il ne s’agit pas du même événement, d’autant plus que le Professeur Velikovsky situe l’Exode avec un décalage dans l’époque.
  4. La Bible mentionne que les Israélites ont bâti pour Pharaon les villes-entrepôts de Pitom et de RAMSES.
    RAMSES II était un grand bâtisseur qui régnait longtemps pendant la période qui précédait et qui suivait l’Exode.
  5. La stèle découverte à Thèbes (en Égypte) porte mention des victoires du Pharaon Merenptah (fils et successeur de Ramses II) au cours d’une campagne militaire contre les villes Cananéennes Ascalon, Geser et Jénoam ; et contre les Israélites récemment installés au pays de Canaan postérieurement aux victoires de Josué.
  6. Le point N° 5, dont les événements se situent dans les premières années de l’installation des Israélites au pays de Canaan, vient éclaircir quand se situe l’époque où l’Exode a eu lieu et pendant le règne de quel Pharaon.
  7. Dire que les quatre cinquième du peuple hébreu ne sont pas sortis avec Moshé est non seulement pas crédible ; mais même impossible.
  • Bénei Yisrael sont arrivés en Egypte au nombre de 70 personnes.
  • Leur séjour en Égypte a duré 210 ans et la Bible précise leur nombre lors de l’Exode était de 600.000 hommes, sans compter leur famille.
    Si ce nombre était un cinquième, alors leur nombre global serait de l’ordre de 3.000.000 ; sans compter leur famille.
    Et cela dans l’espace de 210 ans de séjour.Une estimation de la population Égyptienne à l’époque de l’Exode était d’environ 2.800.000 personnes (ou au maximum 3 millions).
    Cette estimation est crédible, sachant que la population Égyptienne selon un recensement en 1966 était de l’ordre de 30 millions ; cela veut dire que la population a été multiplié par 10 dans l’espace de 3 millénaires.

Kol Touv

 

Réponse du Rav Ron Chaya :

Chalom Elie,

  1. Dans le livre Age in chaos, du Pr Emmanuel Velikovski, que j’ai découvert récemment en français (sous le titre « Le désordres des siècles » éditions Le jardin des livres), on lit qu’effectivement, d’après les archéologues traditionalistes, Merenptah est considéré comme le pharaon de l’exode (environ – 1220) et Ramsès , son prédécesseur, comme celui de l’oppression.
    Néanmoins, à la page 29 , il apporte une note (note 22) dont la source est Mercer, Toutankamon et l’égyptologie, p.48 :« Si Israël quitta l’Égypte sous le règne de Merenptah, et s’il lui fallu 40 ans pour atteindre la Palestine, comment Merenptah les a-t-il vaincu en Palestine dans la troisième année de son règne ? »
  2. A la page 63 de l’édition du livre susmentionné, le Pr Velikovski écrit ceci :« D’après l’inscription gravée sur la pierre d’El Arich, le pharaon qui périt dans le tourbillon se nommait Thom ou Thoum.
    C’est intéressant de savoir que Pi Thom signifie « demeure de Thom ».

    Selon Manéthon, on appelle Tutimaeus ou Timaios la pharaon dont le règne sentit passer sur l’Égypte le « souffle de la colère de D. » précédant l’invasion des Hyksos.

  3. Si l’on considère que l’auteur de la stèle d’El Arich a dit la stricte vérité, il y a donc eu 9 jours d’obscurité totale, ce qui ne va pas contre la tradition de ‘Hazal.Comme Rachi* le dit sur place, il n’y a pas eu trois jours mais deux fois trois jours, une obscurité totale puis une obscurité quasiment matérielle.

    Il manque encore trois jours, d’après le texte écrit de la Torah cela ne pose aucun problème, car effectivement contrairement aux autres plaies où nous voyons que Moise intervient auprès de D. pour que la plaie cesse, ce n’est pas le cas pour la plaie de l’obscurité.
    Après les 6 jours d’obscurité, Pharaon appelle Moise et lui dit qu’il accepte de libérer le peuple d’Israël, Moise lui rétorque qu’il faut aussi que Pharaon donne de ses propres troupeaux au peuple d’Israël pour qu’ils en fassent des sacrifices à D.

    Et Pharaon de lui répondre :
    « Jamais ! Disparait de ma vue, car le jour où tu me reverras, tu mourras. »

    À ce moment D. dit à Moise qu’Il va envoyer une plaie supplémentaire sur l’Égypte, celle de la mort des fils ainés.
    Mais nulle part le texte ne mentionne qu’après que Pharaon ait mis Moise à la porte la plaie s’est arrêtée, et la logique nous dit qu’il n’y a aucune raison qu’après un comportement pareil de Pharaon Moise fasse en sorte que cette plaie cesse.
    La logique dicterait plutôt que la plaie a encore duré quelques jours.
    Puis elle a disparu, jusqu’à ce qu’arrive la dixième plaie, celle de la mort les fils ainés.

    Donc la Torah dit que les 2×3 jours sont le laps de temps entre le début de la plaie et le jour où Pharaon a appelé Moise, il n’y est nullement dit combien de temps la plaie a duré en fin de compte.
    Donc, d’après le texte écrit, il n’y a pas de contradiction avec la stèle.

    Toutefois, je me demande simplement si nous devons accorder foi à tous les détails tels qu’ils sont exposé dans cette stèle.
    Il arrive très souvent que les historiens de l’époque exagéraient dans un sens ou un autre.
    Quoi qu’il en soit, même si nous considérons que ce narrateur a dit la stricte vérité, le texte de la Torah n’est en rien contredit.

  4. Toujours dans le livre du Pr Velikovsky, page 29 note 21, les adeptes de la théorie Habiru ne soutiennent pas cet argument :« Plusieurs historiens remarquent que ces deux villes, Ramsès et Pithom, sont antérieures à Ramsès 2 et estiment que ces travaux ont pu être ordonnés par un roi de la 13e dynastie »
    P. Montet, Le drame d’Avaris, Paris, 1941, p.144.
  5. Cf. point n° 1
  6. Cf. point n° 1.
    De plus, tu assures que les événements des victoires égyptiennes en terre d’Israël mentionnés dans la stèle découverte à Thèbes auraient eu lieu juste après l’installation des israélites dans la terre d’Israël.
    Cela m’étonne beaucoup qu’il existe une source archéologique de ce type car si effectivement elle existait ce serait une preuve supplémentaire de la véracité de la Torah, car on aurait effectivement une preuve que les israélites se sont installés un jour en terre d’Israël, ce que réfutent les historiens non croyants (Finkelstein…), donc je demande à voir la réalité de ce texte.
  7. Je ne comprends pas de quoi tu parles.

Prenons l’exemple de la société orthodoxe israélienne.
Le taux de natalité y est de 7.2 enfants par famille, et on peut considérer qu’une femme peut avoir des enfants sur une période de 20 ans.

Ce qui signifie que si une famille fait 7 enfants en vingt ans…

  • Quarante ans après le couple de départ,
    ils auront eu 7×7 enfants, c’est-à-dire 49.
  • Soixante plus tard,
    ils en auront 343.
  • Quatre-vingts ans plus tard,
    cela fera 2401 descendants.
  • Un siècle plus tard,
    ils seront 16807.
  • Cent vingt ans plus tard,
    ils seront 117649.
  • Cent quarante ans plus tard,
    ils seront 823543.
  • Cent soixante ans plus tard,
    ils seront 5764801.
  • Cent quatre-vingts ans plus tard,
    ils seront 40 353607.
  • Et enfin deux siècles après,
    ils seront plus de 280 millions de descendants
    (chiffre approximatif car ma calculatrice n’a plus de place pour ce chiffre et je n’ai pas le temps de le faire à la main).

Donc quand ‘Hazal disent qu’ils étaient 3 millions à la sortie d’Égypte après avoir perdu 4/5, ce chiffre est tout à fait en dessous d’une réalité de courbe démographique normale, ceci dû certainement à une population qui a dû décéder de maladies, d’un taux élevé de mort-nés, ou autre chose de ce type.
En tout cas nous rejoignons tout à fait la normalité.

Comme nous l’avons déjà mentionné au point 2, les références du roi Thom apparaissent dans le livre du professeur Emmanuel Velikovsky, « Le désordre des siècles », éditions Le jardin des livres.

Tu pourras lire les premiers chapitres de ce livre sur le site www.lejardindeslivres.com

Au revoir,
Rav Ron Chaya

*Rachi sur le verset :

Moïse dirigea sa main vers le ciel et d’épaisses ténèbres couvrirent tout le pays d’Égypte, durant trois jours.

Trois jours
Un « trio » de jours, [le mot chelochèth étant au cas construit].
En français médiéval : « terceine ».
De même, toutes les fois que l’on rencontre dans le texte l’expression chiv‘ath yamim, elle signifie en français médiéval : « seiteine ».

Il y eut obscurité de ténèbres… trois jours
« Obscurité de ténèbres » est un cas construit.
Personne n’a pu voir quiconque pendant ces trois jours, auxquels ont succédé trois autres jours de ténèbres redoublées (verset 23) au cours desquels « nul ne se leva de sa place ».
Celui qui était assis au début de cette seconde période a été incapable de se lever, et celui qui était debout a été incapable de s’asseoir.
Et pourquoi Hachem leur a-t-Il infligé la plaie des ténèbres ?
Parce qu’Israël comptait en son sein des impies qui ne voulaient pas sortir [d’Egypte] et qui sont morts pendant les trois jours de ténèbres.
Il ne fallait pas que les Egyptiens puissent assister à leur ruine et dire :
« Eux aussi ont été frappés comme nous ! ».

Autre raison :
Les enfants d’Israël ont pu, pendant ces trois jours, repérer les trésors des Egyptiens.
Lorsque, au moment de sortir du pays, ils les leur ont demandés et que ceux-ci leur répondaient :
« Nous n’en possédons pas ! », ils leur ont rétorqué :
« J’en ai vu, et à tel endroit ! »
(Midrach tan‘houma, Chemoth raba).

 

Référence : 1362
Date question sur Leava : 2007-04-11 13:04:35