Chalom Rav,
J’ai trois questions à vous poser, elles concernent les relations entre Yaacov et Essav.
- Yaakov et Essav sont deux jumeaux.
Hors d’habitude, quand on parle de jumeaux, ils s’aiment un peu comme des oiseaux inséparables.
Quand l’un a mal, même s’il est à des milliers de km, l’autre souffre également.
Hors Yaakov et Essav se sont disputés sans cesse, Essav essayant à plusieurs reprises de tuer son frère.
Comment expliquer cette attitude qui diffère de ce que l’on connaît du comportement habituel des jumeaux ? - Elle concerne Rebecca qui a demandé à son fils Jacob de se faire passer pour son frère en le revêtant d’une peau d’animal pour obtenir la bénédiction d’Yts’hak.
Cette attitude me frappe.
En effet, elle oblige Yaakov a faire une grande avéra : tromper et mentir à son père.
Je comprends bien que la bénédiction devait revenir à Yaacov, mais pas au prix d’une intrigue.
Yaacov est en effet le père de la nation Israël, et cette nation est en quelle que sorte bâtie sur une tromperie et un mensonge.Si aujourd’hui un descendant d’Essav venait nous voir en nous faisant remarquer que normalement, c’est son peuple qui aurait du avoir la bénédiction d’Istrak, que pourrions nous lui répondre?
Par ailleurs, on dit que Yts’hak ne voyait pas bien.
On peut comprendre aussi qu’il avait parfois des moments où il n’avait plus toute sa tête.Pourquoi Rivka n’a-t-elle pas alors fait une prière à Hachem pour lui demander de donner de la clairvoyance à Yts’hak.
Ou
Pourquoi a-t-elle préféré intriguer plutôt que de laisser Hachem régler le problème. elle aurait pu aussi carrément demander à Yts’hak de bénir Yaakov et de lui expliquer où se situait la descendance promise à Avraham. - Dans la bénédiction que Yts’hak donne à Yaakov (et donc destinée à Essav), il dit ; « tu domineras tes frères ».
Pourquoi faut-il qu’un frère domine les autres ?
Cette bénédiction n’est-elle pas à l’origine du conflit actuel ?
La véritable bénédiction n’aurait -telle pas été : « tu vivras en paix avec tes frères ».
Merci chaleureusement pour vos réponses à ses questions qui me travaillent.
Respectueusement
Réponse du Rav Ron Chaya :
Chalom Lionel,
Voici les réponses à tes questions :
- A la base, Yaakov et Essav ne se disputaient pas sans cesse.
- Essav étant l’aîné c’est à lui que revenait l’héritage du pacte d’alliance que D. a conclu avec Avraham Avinou :
- Que de la descendance d’Avraham sortirait le peuple d’Israël.
- Ce pacte d’alliance a été transmis à Yts’hak et Yts’hak devait le transmettre à son fils ainé, Essav.
- Yaacov respectait tout cela.
- Ce pacte d’alliance a été transmis à Yts’hak et Yts’hak devait le transmettre à son fils ainé, Essav.
- Que de la descendance d’Avraham sortirait le peuple d’Israël.
- Un beau jour, au début de la Paracha Toldot, comme le relate la Torah, Essav revient des champs, il est fatigué et il demande à Yaacov de manger du plat de lentilles.Yaacov lui propose le plat de lentilles contre le droit d’aînesse.
- Essav lui dit :
- « Ce droit d’aînesse ne sert à rien, les choses saintes ne m’intéresse pas. Je suis intéressé par les profits de ce monde, par la matérialité ! »
- (regarde le cours « Le look » où j’explique les choses de façon beaucoup plus claires et profondes).
- « Ce droit d’aînesse ne sert à rien, les choses saintes ne m’intéresse pas. Je suis intéressé par les profits de ce monde, par la matérialité ! »
- Essav, de façon tout à fait consciente, préméditée et responsable, décide de vendre son droit d’aînesse à Yaakov contre le plat de lentilles.
- Dès lors, ce droit d’aînesse revient à Yaakov et non plus à Essav.
- Essav lui dit :
- Quelques dizaines d’années plus tard, Yts’hak, sentant son heure approcher, veut transmettre le pacte d’alliance à son fils aîné alors qu’il est ignorant de la transaction qui a eu lieu en bonne et due forme entre Essav et Yaacov.
- Si Yaakov avait dit à son père Yts’hak :
- « Sache papa que j’ai acheté contre un plat de lentilles le droit d’aînesse de la part de Essav », Yts’hak n’aurait pas eu le droit de croire sur parole Yaakov, il aurait dû demander Essav, et ce dernier, évidemment, aurait nié.
- Et étant donné qu’à l’origine Essav était détenteur de cet pacte d’alliance, Yts’hak d’après les lois de la Torah aurait dû bénir Essav et non Yaakov, Essav ayant une ‘hazaka (une présomption a priori) d’être l’aîné.
- Donc Yaakov n’avait pas d’autre choix que de lui mentir, ce mensonge est autorisé et c’est même une mitsva.
- Quand quelqu’un vient me voler et me demande où j’ai caché l’argent, j’ai le droit de lui mentir et lui dire que je n’ai pas caché d’argent.
- Essav veut voler le pacte d’alliance qu’il a vendu.
- Yaakov a le droit de mentir pour empêcher Essav de lui voler ce qui lui appartient.
- Chaque esprit sensé peut comprendre cela ; il y a une mitsva de ne pas se faire voler.
- Yaakov a le droit de mentir pour empêcher Essav de lui voler ce qui lui appartient.
- Essav veut voler le pacte d’alliance qu’il a vendu.
- Lorsqu’Essav apprend que Yaakov a reçu les bénédictions (le pacte d’alliance), il commence alors à haïr Yaakov, par jalousie.
- Yaakov n’a jamais haï Essav.
- Si Yaakov avait dit à son père Yts’hak :
- Essav étant l’aîné c’est à lui que revenait l’héritage du pacte d’alliance que D. a conclu avec Avraham Avinou :
- A propos du comportement de Rivka :
- On ne peut pas régler tous les problèmes par la prière.
- Comme dans le cas du voleur qui me demande où j’ai caché l’argent, il ne faut pas que prier, il faut aussi agir et lui mentir.
- Rivka voyait que la prière n’aurait pas pu faire recouvrer la vue à Yts’hak.
- Pourquoi ne lui a-t-elle pas expliqué la vérité ?
- La réponse est la même que pour Yaakov :
- Yts’hak n’aurait pas eu le droit de la croire sans questionner Essav qui, bien sûr, aurait nié.
- La réponse est la même que pour Yaakov :
- Pourquoi ne lui a-t-elle pas expliqué la vérité ?
- On ne peut pas régler tous les problèmes par la prière.
- Après les échecs successifs de l’humanité (péché originel, meurtre de Cain et Abel, avoda zara de la génération de Énoch, déluge, tour de Babel, Sodome et Gomorrhe), l’humanité a continué de déchéances en déchéances.
Le monde était le domaine du mal (jusqu’aujourd’hui d’ailleurs).
Et l’arme préférée du mal est le mensonge.- Il prétend être vérité alors qu’il n’est que mensonge.
- Dans cette configuration, il est impossible que la vérité soit reconnue par tout le monde.
- Elle se faufile, très discrètement, pour finalement triompher.
- Mais elle ne peut être le lot de tout le monde car le monde est dirigé par le mal.
Et jamais le mal n’acceptera d’abdiquer face au bien.
- La bénédiction de Yts’hak concerne la fin des temps, où D. décidera que le temps du mal est terminé et que dorénavant le monde ne sera dirigé que par le bien.
- A ce propos, il est écrit :
- « Tu domineras tes frères », c’est-à-dire que le monde entier reconnaîtra la suprématie spirituelle de la vérité.
- Une vie « en paix » entre le bien et la mal est illusoire, preuve en est les 3200 ans d’antisémitisme.
- « Tu domineras tes frères », c’est-à-dire que le monde entier reconnaîtra la suprématie spirituelle de la vérité.
- Et une reconnaissance immédiate de la suprématie du bien, dans notre configuration actuelle, est tout aussi illusoire.
- A ce propos, il est écrit :
- Il prétend être vérité alors qu’il n’est que mensonge.
En espérant que bientôt le mal disparaîtra pour toujours et que le règne de la vérité, avec à sa tête l’Éternel, resplendira pour toujours. Si après ces réponses tu as encore des questions, quelles qu’elles soient, n’hésite pas à me réécrire.
Au revoir,
Rav Ron Chaya
Référence Leava : 4158
Date de création : 2008-11-05 18:11:08