Chalom Rav.
Je rebondis sur les problèmes liés à la consommation de la figue.
Si :
- Les insectes sont à prohiber
- La figue est un aliment tellement invérifiable qu’on est quasiment sur, même en faisant attention, qu’on mange des insectes quand on mange une figue (ou en tout cas une grande proportion de juifs non initiés).
Alors la conclusion s’impose d’elle même :
Il ne faut pas en manger !
C’est tout à fait le principe des Pirké Avot de « faire une haie autour de la Torah ».
Par exemple :
- On ne mange pas la partie basse des bêtes cachères.
Non pas parce qu’elle est interdite mais parce qu’on n’a pas le droit de consommer le nerf sciatique et que c’est tellement compliqué de le retirer qu’on a interdiction de manger un gigot par exemple. - Ou encore, on ne joue pas de piano Chabbat.
Non pas parce que c’est interdit mais de peur que l’instrument tombe en panne et qu’on en vienne à le réparer.
Donc on a interdiction de jouer d’un instrument de musique.
C’est ça que je ne comprends pas :
A priori, la probabilité de manger un insecte en consommant une figue semble bien plus grande que celle de voir son piano tomber en panne et de ne pas se retenir de le réparer Chabbat, alors pourquoi il n’y a pas une décision Rabbinique ancienne interdisant la consommation de ces fruits tout simplement ?
Réponse du Rav Ron Chaya :
Chalom Avraham,
Comme l’écrit le Ben Ich ‘Haï, les décrets des rabbins ne sont pas uniquement justifiés par les raisons qu’ils évoquent, qui sont souvent superficielles, mais également par des raisons cachées bien plus profondes.
A un point tel que la Guémara Berakhot écrit que celui qui transgresse un interdit dérabannan est passible de mort par le Ciel.
Or, si la raison pour laquelle on ne joue pas du piano pendant Chabbat se limitait seulement au fait d’une crainte qu’il se casse et qu’on en arrive à le réparer, il serait difficile de justifier une sanction aussi sévère pour la transgression de cet interdit.
Il existe donc forcément des raisons beaucoup plus profondes motivant les interdictions dérabannan.
La coutume de ne pas consommer les parties inférieures d’une bête ou les précautions à prendre avant de manger une figue ne sont pas des interdictions dérabannan ; il s’agit simplement de précautions intelligentes que la logique et la raison nous dictent. Pas besoin d’instituer à ce propos un décret dérabannan car il n’existe pas de raison profonde qui sous-tendrait ce décret. D’autant plus qu’il est possible qu’un beau jour, on aura la chance d’obtenir des fruits dépourvus de la moindre bestiole.
Prenons l’exemple de la salade verte.
- Il y a une trentaine d’années en Israël, il était absolument impossible d’en consommer, de par la profusion de bestioles qu’elle contenait, et si on devait en manger pour le maror à Pessa’h, on n’en consommait que le cœur, mais en aucun cas les feuilles.
Jusqu’au jour où un certain système pour cultiver les feuilles a été mis au point à Gouch Katif, permettant ainsi d’obtenir des salades vertes sans aucune bestiole.
Donc ne sachant pas ce que le futur nous réserve, il est logique que les Rabbanim n’interdisent pas une chose potentiellement permise.
Ils peuvent tout au plus agir comme je l’ai fait, c’est-à-dire prévenir les gens que vu qu’il y a actuellement un grand risque d’enfreindre de graves interdits de la Torah, il ne faut pas autoriser la consommation des figues.
Mais cela ne signifie pas pour autant que la figue en elle-même devient interdite, c’est juste une précaution logique.
Au revoir,
Rav Ron Chaya
Référence Leava : 80267
Date de création : 2018-02-04 19:10:39