Chalom Rav,
Je ne peux que saluer votre courage devant l’adversité à laquelle vous faites face en vous pliant à résoudre les maux de nos frères et sœurs.
Me tournant pour la première fois vers vous, c’est avec pudeur et respect que j’aimerai vous faire part de mon mal être, si je puis appeler ca ainsi, qui je crois bien se veut plus profond que ce que je ne peux même imaginer.
Il n’est pas un seul jour qui passe sans que l’avenir ne m’effraie.
Je m’explique :
- Je suis actuellement étudiant et connait des jours moins fastes que ceux que j’ai pu connaitre auparavant en terme de parnassa.
- Ayant conscience d’accorder une place plus que nécessaire au matériel dans ma vie, je vis dans la peur constante et refoulée de ne pas réussir ma vie.
- Au fond de moi, je ne sais même pas si réussir ma vie équivaut à gagner plus que correctement ma vie, bien que ce soit la première chose qui me vienne à l’esprit.
- Je ne peux m’empêcher de penser ainsi, me dégoutant pourtant de voir que j’accorde une importance, du moins une pensée constante dans mon esprit, à des choses matérielles plutôt qu’à certaines bien plus primordiales et simples, comme la famille ou la religion.
- Pour autant, je n’arrive pas à trouver la cause de cette crainte qui me hante.
Je me sens proche d’Hachem même si je ne suis pas exempt de tout reproche concernant la pratique des mitsvot ; j’ai déjà du affronter de nombreuses épreuves au cours de ma vie malgré mon jeune âge.
Au cours de ces épreuves, je n’ai cessé de remarquer la grandeur et la justesse de D…, dont j’ai indéniablement senti la présence.
Toutefois, cela m’attriste mais je me laisse aller en ayant souvent l’impression de régresser dans mon judaïsme. Ma foi, ma croyance en Hachem quant à elle ne change pas, ayant pertinemment conscience de sa grandeur.
Pourquoi, malgré ma crainte et ma croyance en D… suis-je tourmenté par la peur de ne pas réussir ma vie ?
Le mal est-il plus profond et caractérise t-il un manque de confiance en moi qui viendrait d’un manque de confiance en Hachem ?
Ce besoin de réussite est je l’avoue prononcé chez moi.
Je ne me vois pas en effet ne pas vivre dans une opulence qui me permettrait d’en faire profiter ma famille ainsi que nos nombreux frères qui souffrent du manque de parnassa.
Je ne pourrai jamais me résoudre à répondre par la négative, ce par défaut d’argent, à mes futurs enfants qui me demanderaient par exemple un jouet …
Évidemment, mon sens du matériel étant poussé je ne me cache pas d’aimer les belles choses et de les désirer. J’ai bien conscience pourtant que l’argent représente souvent le mal et la perfidie, étant un nid à problèmes infinis.
Pourquoi alors mon esprit fait-il preuve d’antagonisme en désirant la réussite matérielle tout en étant conscient que ce n’est pas le plus important dans la vie et que ce genre de pensée n’est aucunement noble ?
Je pense au fond de moi que ce mal être qui comme je le répète trotte dans ma tête chaque jour qui soit à un rapport avec Hachem.
M’excusant pour la longueur de mon récit fastidieux, j’aurai souhaité que vous me donniez votre avis sur ces questions que je me pose, si tant est que vous pouviez m’accorder un peu de votre temps.
Vous remerciant par avance.
Réponse du Rav Ron Chaya :
Chalom,
Ton problème est très simple :
- Tu comprends des choses au niveau rationnel mais tu ne les vis pas et c’est le problème qu’ont à peu près tous les êtres humains par rapport au service d’Hachem.
- En effet, bien que l’on comprenne parfaitement la nécessité de faire certaines choses, transposer ceci au niveau du vécu est « une autre paire de manche » et on n’arrive pas à le faire.
- Puisque tu sens en toi un amour de l’argent très puissant, il faut bien que tu te mettes en tête que l’argent ne fait pas le bonheur et pour ça, il faut impérativement faire du moussar au moins une demi-heure par jour sans manquer un jour.
- Tu verras de cette façon la vraie non-valeur des futilités de ce monde et tu comprendras que l’essentiel se situe au niveau du service divin.
On ne change pas du jour au lendemain mais il est certain qu’après 6 mois de moussar quotidien, on devient une autre personne et on voit la vie différemment.
- Encore une fois, c’est un travail de toute une vie, progressivement, pour opérer un changement chez nous et pour vivre ce que notre raison nous dicte.
- A ce titre, je te recommande beaucoup le livre de moussar « Messilat yécharim » qui est un « must » en la matière.
Au revoir,
Rav Ron Chaya
Référence Leava : 11540
Date de création : 2011-01-02 23:01:10