Pourquoi la makhloket entre Rachi et Rabbénou Tam sur les téfillins fut si tardive ?

Chalom Rav,

  1. Il y a ma’hloket sur les tefillins entre Rachi et Rabenou Tam, or ce sont deux rabbin du 11ème siècle.
    Pourquoi cette makhloket si tardive ?
    Et pourquoi cette ma’hloket ?

    Les tefillins sont des mitsvot que nous accomplissons presque chaque jour depuis matan Torah, alors comment a-t-on pu se « perdre » ?

  2. Même question pour la fin de la berakha de la Amida la-malchinim vélaminim.

    Le Ben Ich ‘Haï dit qu’il faut finir par zédim et le Rav Ovadia Yossef dit qu’il faut finir par minim.
    Comment expliquer ces avis si tardifs ?
    Et comment faisait-on avant le Ben Ich ‘Haï ?

  3. Dans la Guemara Ketouvot page 9a en bas de la page, on y rapporte l’histoire de David et Batcheva, et la Guemara dit a ce propos hava oness ava :

    La-bas c’est sous la contrainte en parlant de Batcheva.
    La traduction assistée précise que Batcheva n’était pas consentante.
    Comment expliquer ceci ?
    David aurait-il pu avoir une relation avec Batcheva par la contrainte ?

  4. Dans les lois de Chabbat, il est stipulé que l’on a pas le droit de faire chauffer de l’eau qui est en dessous de hayad soledeth bo pour ne pas « cuire ».
    Or on sait pertinemment que l’eau ne cuit pas, si l’on chauffe de l’eau et on la laisse refroidir, elle aura les mêmes propriétés.
    Et quand bien même elle cuirait pourquoi serait-il autorisé au dessus de hayad soledeth bo donc a une température plus élevée et pas en dessous ?

Pardonnez mon manque de clarté.
Merci beaucoup Rav !
Chalom!

 

Réponse du Rav Ron Chaya : 

Chalom Mendel,

Voici les réponses à tes questions :

  1. Le Ben Ich Haï, première année, Parachat Vaéra, alinéa 21, écrit au nom de Rabbénou ha-Ari, au nom de Eliahou Hanavi, qu’il y a deux façons d’ordonner les quatre parchemins dans les tefillins, comme Rachi ou comme Rabbénou Tam.
    Et depuis l’époque de Moché Rabbénou jusqu’à celle des Guéonim, les juifs mettaient deux tefillin sur la tête et deux sur le bras.
    • D’ailleurs, on voit bien dans la Guémara, traité Irouvin p.95b qu’il y a la place sur le bras et sur la tête pour mettre deux paires de tefillins.
    • De même dans le Zohar ha’hadach p.77b, il est écrit que les personnes qui mettent les deux sortes de tefillins parce qu’ils pensent qu’un des deux n’est pas vrai se trompent et ne comprennent pas le secret de la Torah d’après lequel les deux sont nécessaires.
  2. Idem à propos de la berakha laminim vélamalchinim,
    certainement les deux versions sont vraies et les deux ont toujours existé.
  3. Le Rav ‘Hida dans son livre ‘hayim cheal tome 1 chap.85 écrit que David a effectivement violé Batchéva.
    • D’autres commentateurs disent qu’il ne l’a pas violée mais que Batchéva n’avait pas encore 12 ans comme cela est écrit dans Sanhédrin p.69 b.
      • Or d’après la halakha, comme il est écrit dans Yébamot p.61 b, avoir une relation avec une fille de moins de 12 ans, bien qu’elle soit consentante, est considéré comme un viol car elle n’a pas suffisamment de conscience pour s’y opposer.
        • Ainsi l’écrit aussi le Raavad dans ses annotations sur Maïmonide, issouré bia chap.3 alinéa 2 ;
        • voir aussi Maguid Michné ad hoc.
  4. Si je t’ai bien compris, voici la réponse à ta question :
    • Il y a deux définitions de la cuisson de l’eau :
      • Il y a la cuisson complète qui n’est que lorsque l’eau arrive à ébullition
        et tant qu’elle n’est pas arrivée à ce stade on ne la considère pas comme totalement cuite.
        • Une conséquence pratique de cette loi est la suivante :

          Si l’eau n’a pas complètement cuit avant Chabbat bien qu’elle soit à température élevée par exemple au-dessus de 80°C, on ne pourra pas s’en servir, car à chaque fois qu’on s’en servira, étant donné qu’elle est dans le koumkoum qui la chauffe il y aura une quantité d’eau moindre pour la même quantité d’énergie la chauffant donc chaque fois qu’on se servira la température de l’eau augmentera un tout petit peu et par cela il y a du bichoul, de la cuisson, car on ne considère pas que l’eau est arrivée à cuisson complète tant qu’elle n’est pas arrivée à un état d’ébullition.

          • La mesure de yad solédét bo varie entre 40° et 70°C
            • (Rav Moché Feinstein Zatsal),
          • certains disent même jusqu’à 80°c
            • (Rav Ben Tsion Abba Chaoul Zatsal)
            • et elle aura des conséquences pratiques dans d’autres cas.
    • La mesure inférieure de 40°C est celle qui nous indique quand l’eau commence à être en état de cuisson, c’est-à-dire que si on a posé de l’eau froide ou tiède sur une source de chaleur pendant Chabbat, par exemple sur le koumkoum,
      • si elle arrive à 40°C pendant Chabbat on aura transgressé un interdit de cuisson mais tant qu’elle n’aura pas atteint cette température on n’aura pas transgressé cet interdit.
    • La mesure élevée de yad solédèt bo, 70° ou 80°C, concerne bichoul a’har bichoul, une cuisson après cuisson.
      • Si l’eau a bouilli puis s’est refroidi à moins de 80° ou 70°C, on n’aura pas le droit de la remettre sur une source de chaleur car on considère lé’houmra qu’elle n’a pas plus la mesure de yad solédèt bo et dans cette mesure elle est considérée comme froide.
        • Et d’après les avis d’après lesquels nous tranchons la halakha stipulant qu’il y a un interdit de cuisson après cuisson dans les liquides si elle chauffe à nouveau en arrivant à la température de 70° ou de 80°C,
          on aura fait une cuisson.

Au revoir,
Rav Ron Chaya

 

Référence Leava : 24110
Date de création : 2013-05-06 21:05:14