Peut-on manger d’un aliment qui est resté ouvert pendant la nuit ?

Chalom Rav,

Peut-on manger d’un aliment qui est resté ouvert pendant la nuit ?
Je sais que pour un liquide, c’est interdit… mais l’est-ce pour une solide ?

Merci

Réponse du Rav Ron Chaya : 

Chalom Chmouël,

Tu fais en fait la confusion, qui est d’ailleurs assez courante, entre deux choses qui d’après le Talmud sont dangereuses pour l’homme.
Ce sont deux choses différentes et il ne faut pas les confondre.

Il y a un premier interdit, qui est celui de laisser en liquide découvert de peur qu’un serpent vienne, en boit et y laisse du venin.

Cet interdit ne concerne que 5 liquides :

• L’eau,
• Le vin,
• Le lait,
• Le miel
• et de l’ail broyé
  (ce dernier n’est pas un liquide mais c’est écrit ainsi).

Ça n’a rien à voir avec la nuit.

Que ce soit le jour où la nuit, du moment qu’il est découvert sans qu’il y ait une garde humaine à côté, c’est-à-dire sans quelqu’un qui a un contact optique avec l’ustensile dans lequel il y a ce liquide, ce dernier était, du temps du Talmud, interdit.

Il y a huit siècles, en France, les Tossafot ont dit que cela n’est plus interdit aujourd’hui, vu qu’il n’y a plus de serpents parmi nous ; néanmoins, il y a des gens qui font quand-même attention à cela.

• On sait très bien que Rav Haïm Kanievsky Chalita, par exemple, fait très attention à cela.
• Le Rav Ovadia Yossef Zatsal a dit qu’à part la raison du sens simple (risque de venin du serpent), il y avait à cet interdit aussi des raisons kabbalistiques.

Au niveau des décisionnaires,

• Etant donné que le Choul’han Aroukh (Yoré Déa, chapitre 116, alinéa 1) l’a autorisé,
  c’est permis.
• Néanmoins, certains décisionnaires l’interdisent (par exemple le Chela HaKadoch, le Gaon de Vilna, le Pit’hé Téchouva, et le Kitsour Choul’han Aroukh).

Certains disent que c’est interdit seulement dans les endroits où il y a des serpents.

• C’est l’avis du Peri ‘Hadach
  (Rabbi Hizkiyahou De Silva, qui était le Grand Rabbin de Jérusalem il y a 300 – 400 ans),
• Le Rav ‘Hida,
• Et encore quelques autres Possekim.

Mais il est vrai qu’aujourd’hui, la plupart des bons juifs mais très minutieux dans la halakha ne font pas attention à cela, se basant sur les paroles du Tossefot, selon lesquelles le Choul’han Aroukh a tranché.
Celui qui veut faire attention à cela, c’est certainement bien en tant que mesure de piété.

Combien de temps les liquides ne doivent-ils pas rester découverts ?

• Le temps qu’il faut pour qu’un serpent sorte d’en dessous l’anse de l’ustensile dans lequel se trouve le liquide découvert, boive et reparte cacher.
• Cela peut être très court ;
  3, 4, 5 secondes maximum

Je répète que cela n’a rien à voir avec la nuit ;
c’est tout à fait indépendant de la nuit ou du jour.

Il y a un deuxième interdit qui, lui, ne concerne que trois types d’aliment (l’ail, l’oignon et les œufs), qu’on a pas le droit de laisser pelés une nuit entière.

Si un ail, un oignon ou un œuf est resté une nuit entièrement épluché, il est interdit à la consommation, car il y a un esprit impur, un esprit de mal, qui se pose dessus.
Cela n’a rien à voir avec les serpents, c’est une histoire d’esprit impur.
C’est pour cela que même s’ils sont enfermés dans une boîte de conserve ou un frigo, cela revient au même : ils restent interdits.

Il y a une chose à faire pour que ce ne soit pas interdit (si on veut éplucher ces aliments et les laisser ainsi toute la nuit) :

• Mettre un tout petit peu de pelure sur un endroit de l’ail, de l’oignon ou de l’œuf ;
• Ou laisser la racine de l’aliment :
  Cela est valable pour l’ail et l’oignon (la racine étant l’endroit où quelques « cheveux » sortent),
  mais pas pour l’œuf (vu que lui n’a pas de racine).

L’aliment sera alors permis.

• D’après le Ben Ich Haï et le Kaf Ha’haïm, si ces aliments sont entièrement pelés mais ont été déjà mélangés dans une salade, il n’y a plus de danger.
• Certains aussi disent que le problème n’existe que lorsqu’on mange cru l’ail ou l’oignon, mais si ensuite on les a cuits ou mis en conserve, l’esprit impur les quitte.
  C’est notamment l’avis du Kaf Ha’haïm.

Là, par contre :

• La majorité des décisionnaires interdisent la consommation de ces aliments
  (qu’il y ait des serpents ou pas, on doit y faire attention, vu qu’il est indépendant des serpents.
  Il ne dépend que de la nuit qui passe (il faut que toute la nuit passe ; si seulement une partie de la nuit est passée, ce n’est pas un problème).
  Si toute la nuit est passée, l’aliment devient interdit à la consommation) ;
• Certains l’autorisent a posteriori ;
• Certains autorisent des oignons pelés en conserve.

Au revoir et bonne journée,
Rav Ron Chaya

Et à voir aussi …

Référence Leava : 79888
Date de création : 2018-01-15 13:56:46